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11.02.2016

11 Février 2018:Centre France

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11 Février 2018:La montagne

Une petite interview de Serge dans le journal "La montagne" à propos de son passage à l'Olympia.

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Serge Lama, encore et toujours

« L’Olympia…, mon rêve de gosse »

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Il a écrit et chanté quelques-unes des plus belles chansons de ce que l’on évoque comme la variété française. Il est encore aujourd’hui à l’Olympia, salle mythique. Serge Lama.

Dans la foulée de son vingt-quatrième album studio – Où sont passés nos rêves – avec des compositeurs comme Francis Cabrel, Julien Clerc, Pascal Obispo ou Bénabar, Serge Lama est de retour sur scène. En tournée, et actuellement à l'Olympia, le mythique Olympia.

« L'Olympia c'était mon rêve de gosse ; j'ai voulu chanter pour passer à l'Olympia, depuis l'âge de onze ans. Je ne pensais qu'à ça tous les soirs en m'endormant, c'est ainsi que j'ai construit ma volonté, mon ambition. je voulais faire l'Olympia » !

Et lorsque vous avez vu votre nom en lettres rouges sur la façade ?

J'avais vingt-neuf ans. J'étais dans un taxi, j'ai demandé au chauffeur de tourner autour jusqu'à ce que je lui dise d'arrêter. J'étais fasciné.

« Je débute »

C'était hier, et pourtant, comme vous le chantez, "vous débutez", encore ?

Eh oui, je débute…, parce que quoi qu'il en soit, malgré ce que les autres appellent l'expérience je ne me sens pas investi d'un savoir particulier. J'ai une connaissance de la scène, bien sûr, mais je peux vous dire que tous les soirs j'ai peur. Toute la journée, avant d'y aller, je suis extatique. Je ne peux rien faire d'autre qu'attendre le soir.

Vous êtes…. Il y a quelque chose en moi qui m'interdit de m'intéresser à autre chose qu'à ce que je dois faire le soir.

 Une manière de vous concentrer peut-être ? Une manière longue, même si je ne suis pas comme Barbara, je n'arrive pas à huit heures du matin.

Puis une fois que j'y suis, il se passe un truc. Je deviens un autre… Mais bon, c'est pour ça que je dis que je débute dans cette chanson de mon dernier album, même si ce n'est quand même pas tout à fait normal pour un mec de mon âge !

Un mec de votre âge, comme vous le dites, qui a écrit et chanté parmi les plus belles des chansons, qui a plus de 50 ans de carrière, mais qui a toujours du mal à aborder les autres, les Cabrel, Obispo pour leur demander de composer pour lui.

Mais je n'ai de recul sur rien, je ne peux m'admirer moi. Je suis fier de ma carrière, les gens sont tellement gentils avec moi, mais malgré cela je me place toujours, non, pas en-dessous, mais…
En fait, je suis né admirateur, je place tellement haut les gens que j'aime que je me dis qu'ils n'en ont rien affaire de moi. Le déclencheur pour cet album ça a été Julien. je lui ai envoyé un message pour lui demander s'il pouvait faire quelques musiques… À partir de là j'ai eu un peu moins peur…

Justement, cet album tient une place importante dans le "tour de chant actuel".

Je lui donne une place très importante même. Le public attend les classiques, mais cet album est tellement fort qu'il y a sept titres qui font un triomphe en live.

Au-delà de l'exercice même, que représente l'écriture aujourd'hui pour vous ? C'est un acte quotidien déjà. J'écris tous les jours, parfois 3 ou 4 chansons. Vous verriez mes dossiers, c'est… Ma théorie, c'est de ne pas arrêter, si tu arrêtes, le temps que le truc revienne, de manière naturelle, c'est parfois très compliqué. Pour que les muses descendent il faut que la plume soit prête.

La théorie
de l'écriture quotidienne

Julien Dodon

 

09.02.2016

9 Février 2018:France Dimanche

Marie Paule et Serge Lama en concerts à l'Olympia, article dans France Dimanche

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9 Février 2018:Le point

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 Serge Lama : « Je me considère comme un écrivain raté »


ENTRETIEN. Le chanteur va fêter ses 75 ans à l'Olympia. Retour sur plus de 50 années de carrière et sur une œuvre qu'il estime incomprise.


Propos recueillis par Florent Barraco

 

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Il fut dans les années 1980 « Napoléon », qu'il célébra dans une comédie musicale et dans la chanson « Une île ». En 2018, à la veille de ses 75 ans, c'est plutôt Napoléon III qui nous reçoit. À quelques encablures des Invalides, où le « petit tondu » repose, Serge Lama, moustache et bouc soignés, se prépare à remplir l'Olympia pour cinq dates. Après cinquante ans de carrière, le malentendu Lama persiste. Lui voudrait qu'on l'admire pour son œuvre, ses textes poétiques, son « 15 juillet à 5 heures ». Une partie du public et des critiques ne le voient qu'en chanteur populaire qui vante « Les Petites Femmes de Pigalle » ou « reste seul avec son désespoir » (« Je suis malade »). Une incompréhension qui marque le chanteur, lequel souhaite que soit reconnue l'entièreté de son « œuvre ». Entretien.

Le Point : Vous allez fêter vos 75 ans dimanche à l'Olympia, dans un spectacle qui s'appelle Je débute. Débuter sans cesse, est-cela le secret pour durer ?

Serge Lama : Il faut prendre chaque événement qui se présente comme si c'était une nouvelle aventure. Un peu comme les explorateurs qui partaient sans savoir où ils allaient. Bien sûr, je connais mon public, il est fidèle et vient à mes concerts. Mais je continue d'écrire de nouvelles chansons que j'essaie d'imposer dans mon tour de chant, même si les gens n'aiment pas ça. Les gens n'écoutent plus les nouvelles chansons et n'ont plus l'attention nécessaire. C'est l'époque. Quand j'allais voir Brel, je n'étais qu'une oreille et que des yeux. J'attendais les chansons nouvelles comme le Messie. Je pourrais chanter éternellement « Je suis malade » ou « Les Ballons rouges » sur scène, le public serait heureux. Mais je ne veux pas. À l'Olympia, il y aura cinq chansons de mon nouvel album.

« La littérature est tout pour moi. Elle m'a tout appris : à écrire, à être curieux, à aimer. »

Justement, dans «  Les Muses » , vous écrivez : « Au clair de la lune mon âme à zéro/Plus rien dans la plume, rien dans le stylo/Depuis que les muses soudain se sont tues. » L'inspiration est-elle toujours aussi présente ?

La page blanche est une angoisse inimaginable quand on est auteur, même si on arrive à se renouveler en abordant de nouvelles thématiques. Je suis très à l'écoute de ce que font les jeunes. J'essaie de comprendre et de découvrir. Et j'évite de dire que, de mon temps, c'était mieux. J'écris tous les jours. Finalement, une chanson, c'est deux phrases : « Je n'ai pas eu de ballons rouges/Quand j'étais gosse dans mon quartier. » Ensuite, c'est parti. Je suis un peu comme le commissaire Maigret qui fait une enquête. Pourquoi je n'ai pas eu de ballons rouges ? Car « Dans ces provinces où rien ne bouge/Tous mes ballons étaient crevés ». Le premier couplet est terminé. Il faut laisser reposer. Puis on y revient, on entre dans le dur et on se bat mot par mot.

Quelle place la littérature occupe-t-elle chez vous ?

C'est tout pour moi. Elle m'a tout appris : à écrire, à être curieux, à aimer. Quand j'étais petit, je lisais énormément. Mes parents devenaient fous, car je ne travaillais pas beaucoup à l'école – sauf en français –, mais je lisais beaucoup de livres. Des livres qui me dépassaient. Quand vous lisez à 12 ans Les Cahiers de Malte Laurids Brigge, de Rainer Maria Rilke, vous ne comprenez pas, mais ça vous pénètre comme l'eau s'infiltre partout.

Yann Moix écrivait dans nos colonnes en 2015 à votre propos : « Je le crois chanteur, évidemment, mais poète d'abord : une manière de monstre, un écrivain qui se risque à chanter. » Est-ce une bonne définition ?

Je me considère plutôt comme un écrivain raté. J'ai loupé ma vocation à cause de mon père. Il n'a pas réussi à devenir chanteur. Je me suis donc senti investi d'une mission de réussir à sa place. Sinon, je serais devenu écrivain. Il y a quelque chose en moi qui n'est pas satisfait : j'aurais aimé écrire un beau livre. Je pense en avoir les armes. J'ai écrit à partir de 11 ans et demi : des poèmes, des drames, des tragédies et des chansons. La chanson est la forme extrême de la nouvelle. J'ai sorti un recueil de mes chansons (Un homme de paroles. L'intégrale de mes chansons, Nldr), qui a d'ailleurs plutôt bien fonctionné à mon grand étonnement. J'ai été obligé de lire mon « œuvre » et j'ai été surpris de la solidité du package. Mes chansons sont très littéraires. Il y a des effractions comme « Femmes, femmes, femmes » ou « Les Petites Femmes de Pigalle » mais elles sont tout de même très écrites. Dans ce métier, on pense qu'une chanson gaie est facile à faire. Elles ont seulement l'air faciles. J'ai 15 titres qui ont créé un personnage et marqué ma carrière. « Superman », « C'est toujours comme ça la première fois », « Femmes femmes femmes » ont finalement masqué mon œuvre qui est composée de chansons tristes, mélancoliques ou qui parlent de sujets surprenants.

Dans « Star », vous chantez : « Entre le noble et le vulgaire/Tu devras choisir ta frontière. » Avez-vous mal placé le curseur, ce qui expliquerait l'incompréhension ?


Quand j'ai débuté, mes premières chansons étaient « D'aventures en aventures » et « À 15 ans ». Les gens disaient : « Il a du talent, mais c'est un chanteur triste. » Du coup, comme il y a une obligation dans ce métier, celle de réussir, je me suis mis à écrire des chansons gaies, comme « C'est toujours comme ça, la première fois ». Il s'agissait de chansons à boire comme celles qu'écrivait Brassens. Et, dans les chansons joyeuses et fétardes, il faut une once de vulgarité. Dès que je faisais le moindre écart, on me tapait dessus. J'ai eu les féministes sur le dos à cause de ces vers : « Elle avait, oh, un tout petit cerveau /Quand le ciel était clair, j'y voyais des bateaux /Mais une fille, hé, quand on l'a dans la peau /On ne se soucie pas trop du cerveau (Le Lit d'Isabelle, NDLR). » À Brassens, on ne lui disait rien. J'ai une quarantaine de chansons qui ont été des succès, mais le temps trie les chansons et on garde plutôt celles qui sont gaies et joyeuses. Il y a un malentendu. Je suis malheureux qu'on ne me juge que sur ces titres.

« Déjà dans les années 1970, il y avait la pression des féministes. »
Des titres comme « Le gibier manque et les femmes sont rares », « Les Petites Femmes de Pigalle » ou « French Nana » pourraient-ils exister aujourd'hui en pleine époque #BalanceTonPorc ?

« French Nana », je reconnais que c'est une très mauvaise chanson. J'ai dépassé les limites. « Le gibier manque » est un titre drôle, mais c'est un malentendu. Quand j'étais petit, je m'étais rendu à une partie de chasse. Les chasseurs revenaient avec leur gibier et il y avait une ambiance étrange. Pour moi, c'est une critique sociale quand je dis « il chante pour faire gai ». Ils ne sont pas heureux, mais ils font semblant. De toute façon, mes chansons ont été mal comprises. Quant à la pression des féministes, c'était déjà le cas à l'époque. J'avais même écrit, en 1977, « Messieurs, je hisse le drapeau de la libération de l'homme ». Cela devenait n'importe quoi : on nous reprochait d'être des hommes.

La chanson française est-elle trop sérieuse aujourd'hui ?

Sans doute, mais c'est l'époque. On attend toujours des chansons de Ray Ventura (« Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ») ou de Charles Trenet. Mais l'époque est plus triste. La chanson est un miroir de l'époque. Aujoud'hui, il y a quelque chose de gris qui n'incite pas à faire des chansons très gaies. Cependant, j'envisage, si Dieu me prête vie, d'en faire dans un prochain album. J'ai envie de revenir à la tradition de la chanson de revue (« Femmes femmes femmes »), que j'ai tant aimée. Tout le monde prend un ton sérieux et bien pensant, car on ne peut plus rien dire. On se censure. Il y a une paranoïa générale.

« Je pense que Napoléon ressurgira. J'en suis très fier. »

Souhaitez-vous que la jeune génération de chanteurs reprenne vos chansons comme elle a pu le faire pour Johnny, Renaud ou Jean-Jacques Goldman ?

C'est en projet. J'y pense sérieusement. J'ai des copains, dont Patrick Fiori, qui frappent à la porte et qui me disent : « Des jeunes aiment tes chansons. » Il paraît que Soprano ou les BB Brunes veulent reprendre mes titres. À mon âge je vais peut-être me laisser faire, car cela peut permettre de faire découvrir mes chansons à un nouveau public.

Que voulez-vous que l'on retienne de votre œuvre ? 

Je n'ai aucun pouvoir là-dessus. La postérité décidera ce qu'elle pourra... Je pense que « Napoléon » ressurgira. J'en suis très fier. C'est tout de même une œuvre sous-estimée aujourd'hui, mais qui peut-être revalorisée par un événement. Il y a quelques mois, un jeune a fait un spectacle à Orange en reprenant mes chansons (Napoléon symphonique) et ça a été un succès phénoménal. Mon fils ne jure que par « Napoléon ». Même si cela m'a marqué politiquement. On a considéré que j'étais un chanteur de droite alors que je ne le suis pas.

De quelles chansons êtes vous le plus fier ?

« Je suis malade », « Les Glycines », « L'Enfant d'un autre », « Mon ami mon maître », « La Fiancée ». J'aimerais bien faire un tour de chant avec sept tubes, qui seraient comme des repères, encadrant beaucoup de chansons anciennes peu connues.

22.01.2016

22 Janvier 2018: DH.be

Serge Lama était en concert le 20 Janvier à Louvain la neuve

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Serge Lama: les femmes, femmes, femmes sont toujours là

C'était le temps bénit de la rengaine. C'était le temps où les chanteurs avaient de la voix. A 74 ans, Serge Lama n'a perdu ni le sens de l'un ni la qualité de l'autre.

Samedi soir, dans une salle Aula Magna de Louvain-la-Neuve sol out, il a distillé un de ces concerts où vous vous laissez bercer. Où l'artiste parvient à créer une atmosphère, un univers. Intelligemment entouré d'un quatuor violon/violoncelle (quatre musiciennes plutôt mignonnes ce qui ne gâche rien...), de son accordéoniste et guitariste traditionnels mais aussi d'un percussionniste tout en délicatesse, Serge Lama a distillé sa poésie, mais aussi ses prises de position comme sa chanson sur les dictateurs ainsi qu'un hommage à Léonard Cohen « le plus grand poète américain ».

Même s'il ne vend plus des centaines de milliers de disques, Serge Lama reste un amoureux de la scène. Il s'y sent bien et converse régulièrement avec son public. Ce public fidèle qui le suite depuis les années 60. Ce public qui fredonne ses tubes même s'il doit attendre les rappels pour l'incontournable « Je suis malade » (« la seule chanson pour laquelle vous êtes venus », ironise-t-il). Ce public qui frissonne devant la qualité de ses textes. Certains méritent une citation quasi littéraire par la qualité de cette écriture qui, malheureusement, a tendance à s'effriter de nos jours. Il reste un pilier et ce n'est pas un hasard si, sur son dernier album, des gens comme Julien Clerc, Calogero, Maxime Leforestier ou Pascal Obispo lui ont concocté des musiques.

Serge Lama est en concert du 9 au 14 février à l'Olympia (Paris)

J.-M.Gh.
DH.be

12.01.2016

12 janvier 2018 : La voix du Nord

Serge Lama était en concert les 21 et 22 Février à Saint amand Les eaux

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25.12.2015

25 Décembre 2017: Le regard libre

Un compte rendu des concerts donnés les 19 et 20 Décembre 2017 à Genève

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Serge Lama et ses souvenirs à Genève

Les lundis de l’actualité – Loris S. Musumeci et Jonas Follonier

Au Théâtre du Léman, les 19 et 20 décembre derniers, passait un débutant. Ou pour le moins un artiste qui prit plaisir à se laisser considérer comme tel par le nom de la tournée : « Je débute ». Le Regard Libre était présent à ce moment haut en poésie. Impressions.

Un corps claudiquant s’avance sur la scène, pas à pas. Et voilà que la lumière se braque sur le visage d’un homme, aux traits vieillis par la nostalgie. Pourtant, malgré des jambes paraissant déjà en souffrance, et les lignes du temps passé dessinées sur le front, le personnage s’annonce puissant. Dès son premier sourire, Serge Lama transmet déjà la vivacité et la tendresse qu’il a acquises au prix de la même nostalgie, et du décès de son épouse survenu une semaine avant la sortie de son dernier album.

Les salutations au public sont chaleureuses, tout en restant dans la sobriété qui a toujours ressemblé au pâle noiraud. Il présente d’emblée ses musiciens pour lesquels il accompagne à chaque nom un petit propos d’éloge. Le chanteur se retrouve avec seulement neuf accompagnants, dont deux choristes. L’ambiance de la scène est alors quasiment familiale. Elle révèle une nécessaire collaboration entre ses membres. Serge Lama fait corps avec ses sept instrumentistes et ses deux choristes.

L’interprète

L’artiste entame les titres d’un répertoire au ton intimiste, qu’est celui de son dernier album : Où sont passés nos rêves. Pour ce faire, il est indispensable d’établir un lien de confiance avec le spectateur. Toute révélation de soi a cependant des limites. Pour ne se livrer que jusqu’aux frontières qu’il a voulues, un masque préserve sa pudeur. Comme une femme voilée, lui, porte les cheveux longs plaqués à l’arrière. Au-dessus du nez, ses yeux crayonnés dessinent le contour de la personnalité. En-dessous, se logent moustache et barbichette, lui donnant un air d’antique poète ou de prophète oriental. Les vêtements complètent le masque facial : noirs, hormis la teinte de rouge vin de l’un des deux vestons du concert.

Dans son costume de messager, Serge Lama chante la vie d’un homme, ses pensées, les mots à attribuer aux sentiments les plus banals du quotidien. La manière de prononcer les paroles n’est pas la même qu’un Aznavour à ses heures les plus lyriques, ou qu’un Johnny plus rockeur. Tout en gardant un style totalement personnel dans la forme vocale qu’il donne aux consonnes, la diction se rapproche en une certaine mesure de celle qu’avait Jacques Brel dans ses chansons les plus révoltées et profondes. Les syllabes exposées aux oreilles de l’auditeur sont parfaitement distinctes, voire découpées, et très dures. Elles ont ainsi la capacité de s’imprimer chez le spectateur qui s’en imprègne.

Un décor qui laisse place à la parole

D’autant plus que l’atmosphère toute entière de la salle met en valeur le texte. Sombre et légère, elle centre l’attention sur les mots, pris un par un, précisément. Ainsi, sous les projecteurs qui illuminent les instrumentistes, Serge Lama chante la Lettre à mon fils : « Cueillons des cerises pour la commune / Et pour les rêves de Jaurès ». La prononciation de « commune » et « Jaurès » est si aigue qu’elle semble aussi faire partie du décor. L’ambiance visuelle se veut plus tragique avec Des éclairs et des revolvers, chanson tirée de son album de 2012, La balade du poète.

A l’arrière, pour éclairer l’obscurité ambiante, des jeux de lumière et des diffusions d’images. C’est le point plutôt moyen du concert dans son pendant quelque peu kitsch, surtout en ce qui concerne les images projetées. Néanmoins, il est des moments où les lumières ont ajouté de la majesté au chansonnier Lama. « L’Algérie / Ecrasée par l’azur / C’était une aventure / Dont je ne voulais pas », et gicle à l’arrière une lumière orange qui ramène dans le désert celui qui pense que, tout de même : « Avec ou sans fusil / Ça reste un beau pays / L’Algérie ». Ou encore pour Les ballons rouges, avec des lueurs d’une teinte écarlate sur tout le fond de la scène.

Quant aux images, elles touchent réellement le spectateur lorsqu’elles concernent directement l’interprète. En ouverture, voir les débuts de Serge Lama sous les notes de Je débute, donnant son nom à la tournée, exprime le trac demeurant après plus de cinquante ans de carrière. « Malgré mon statut de héros / Si demain on dit dans les journaux / Que c’était le combat de trop / Je dirai / Je débute ». Sans oublier également le portrait de son ami, de son maître, pour la fameuse chanson qui dégage toujours la même ardeur.

Des souvenirs

Dans Le souvenir, dont la sublime musique a été composée par Calogero, les photographies du petit Serge arpentent le temps de son enfance. On le voit avec sa famille, qui n’a pas toujours su l’aimer. « On avance l’âme à l’envers / En quête de nos cœurs d’hier / Où sont-ils dans notre passé / Les cailloux du Petit Poucet / Il y a cette étoile dans la nuit / Qui nous laisse seul mais qui luit / C’est du chagrin sans avenir / C’est sans le sou / Le souvenir / Le souvenir »

Dans Bordeaux, il est encore question de l’enfance. Douce malgré tout : « Papa m’emmenait à bicyclette / A l’école du cours Saint-Louis / Le bruit des roues me faisait fête / Quand je me serrais contre lui / J’aimais ce papa d’opérette / Ce papa musique et velours / Ma mère était toujours inquiète / Etait-ce d’angoisse ou d’amour ? »

Et les propres souvenirs du public sont également à l’honneur dans l’interprétation qui a fait sourire tout le monde : Les petites femmes de Pigalle avec ses « Et j’suis content, j’suis content, j’suis content, j’suis content / J’suis cocu, mais content ». Ou celle qui sonné la forte émotion pour chacun, Je suis malade, juste après que l’artiste se fut excusé auprès des spectateurs d’avoir plusieurs côtes cassées, ce qui lui a valu quelques larmes au moment de sortir de scène. Lama a tout donné ; Genève s’en souviendra.

18.12.2015

18 Décembre 2017:Fémina

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Serge Lama, la voix de la nostalgie

Monument de la chanson française, l’artiste se sent toujours «débutant». Rencontre avec un mélancolique magnifique, qui chante au Théâtre du Léman, à Genève, les 19 et 20 décembre 2017.

 

 
 

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Serge Lama, c'est une voix à vous coller les frissons, un regard profond et doux et des textes d'une poésie exceptionnelle. photo: Bruno Charoy

 

Une voix qui vous file des frissons, un regard intense à vriller l’âme, des textes superbes et tellement incarnés que vous les croiriez écrits pour vous… Comme le prouve son album, «Où sont passés nos rêves», Serge Lama n’a rien perdu de sa flamme ni de son aura. Malgré ses 74 ans. Malgré les accidents et les blessures. Malgré le décès de sa femme, Michèle, il y a un an.

Du coup, quand il chante «Je débute et j’ai peur du KO, serait-ce le combat de trop?» on a du mal à le croire. Un peu de cabotinage, peut-être? Même pas. Car comme tous les grands, il parle vrai. Alors oui, quitte à surprendre, il a encore le trac, se sent débutant: «Je n’ai évidemment pas les mêmes trouilles que celles que j’avais à 20 ou à 50 ans. Mais aujourd’hui, avec les possibles fragilités de l’âge, je redoute les embûches liées à un tour de chant… Et puis, j’ai depuis toujours une angoisse viscérale de ne pas faire bien, comme un gosse à l’école!»

Un gros malentendu

Pourtant… plus de 50 ans de succès, des salles systématiquement combles et des milliers de fans fidèles devraient le rassurer, non? Il se tait un instant. Reprend, le ton grave: «Au fond, tout cela est un mystère… si les gens continuent à venir m’écouter, depuis tout ce temps, c’est peut-être parce que mes chansons parlent à des émotions auxquelles s’adressent rarement d’autres artistes. Ils doivent avoir envie de recevoir ce courant-là…» Un courant essentiellement teinté de tristesse et de nostalgie, d’ailleurs. «C’est vrai, j’ai un fond mélancolique qui vient de loin. De plus loin que la vie… en fait, je suis né avec ce sentiment!»

Songeur, il regarde les miroirsde son passé, remonte le temps. Se souvient de l’enfance morose, pleine d’ennui. Sans ballons rouges mais «cloué» dans une famille à laquelle il voulait échapper. Puis repense à «sa vocation», son besoin d’écrire et d’être sur scène «pour ce partage, cet échange si beau, si violent avec les gens» qui le tient aujourd’hui encore. Se remémore ses débuts, ses premières chansons, dont «Et puis on s’aperçoit», la plus noire, la plus désespérée, sans doute: «Je l’ai écrite à 20 ans mais elle est la synthèse de ce que j’ai fait par la suite et aborde tous les sujets dont j’ai parlé plus tard: l’amour, l’amitié, le désir de partir et de voyager, d’être aventurier. Et, pour finir, le constat amer qu’on fait en se regardant dans une glace en fin de parcours. Elle est d’une précision et d’une lucidité… c’était une forme de voyance sur ma propre carrière!» Peut-être. Il n’empêche que dans l’esprit du grand public, Serge Lama reste l’homme des «Petites femmes de Pigalle», de «Femme Femme Femme» ou de «C’est toujours comme ça la première fois». Un grand malentendu, donc. Qui s’explique tout simplement, sourit l’artiste aux allures de mousquetaire: sur l’entier de son répertoire, qui compte plus de 100 titres, il n’a que «10 ou 12 chansons gaies». Or, insiste-t-il, ce sont essentiellement celles-ci qui ont été diffusées pendant des années à la radio. «C’était logique, notez: on n’allait pas proposer des thèmes cafardeux à 7 h du matin!»

Tout en douceur, Serge Lama ajoute: «Bon, franchement, cette image de joyeux luron qui m’a collé à la peau n’était pas tout à fait incohérente. Il faut quand même avouer que dans les années 1970-80, j’étais un sacré paillard! Je riais tout le temps, j’étais dans l’excès et j’avais vraiment l’air d’être une espèce de Pantagruel!» Le débit s’accélère: «Je pense qu’à la suite de mon accident de voiture, survenu en 1965, j’avais échafaudé une sorte de plan de survie, de rebond… de surbond, même. Du fait que j’avais frôlé la mort, je voulais montrer quatre fois plus que je vivais et j’en faisais trop. J’étais dépassé par quelque chose qui me submergeait et qui m’obligeait à être comme ça, survolté et depardiesque…» C’est cette posture-là que les médias et le public qui ne le suivaient pas par disque ou en concert ont retenue. «Mais ce n’était pas moi! Je crois que je suis enfin ce que je suis vraiment depuis toujours.»

Une vie presque «monacale»

La voix de velours, il explique que feuille à feuille, doucement, ces derniers 25 ans, il s’est calmé, recentré, et mène désormais une vie simple. «Presque monacale», rigole-t-il. «Je suis prisonnier de mes jambes. Mon accident m’a laissé des séquelles à cause desquelles je ne peux plus rester debout longtemps, si bien que les jours où je ne suis pas sur scène, il faut que je me tienne tranquille… mais ça me convient très bien!» A l’entendre, on le croit. Ce d’autant qu’il s’enthousiasme, maintenant, en évoquant ses amis, avec qui il «discute et échange». Ou les cinéastes qui le font vibrer – de Marcel Carné à Xavier Dolan, en passant par David Fincher, dont il est très client: «Il est sombre et pas joyeux et c’est pour ça que je l’aime!» Et surtout, surtout… ses chers «classiques» de la littérature ou de la poésie dans lesquels il se plonge et replonge avec délices.

Vous avez dit nostalgie ? Evidemment. Mais l’écriture, la lecture ou le cinéma ne l’empêchent pas de se tenir au courant de la marche du monde. De s’en inquiéter. Et, malgré tout, de croire quand même «un peu» au futur et au bonheur – comme «un mélancolique espère d’une façon mélancolique.» Parce qu’au fond, conclut-il, «je reste en quête d’un paradis perdu à regagner…»

Saskia Galitch

 

Son actualité Il est en concert les 19 et 20 décembre au Théâtre du Léman, à Genève, et réédite l’album «Où sont nos rêves» avec 5 titres supplémentaires.

Ce qui le ressource «La lecture. Et notamment les grands classiques, comme Les mémoires d’outre-tombe, de Chateaubriand.»

Son don inattendu «La cuisine. Comme je suis en tournée, je dois faire un peu attention… alors ce n’est pas le moment. Mais autrement, j’aime vraiment ça!»

Sur sa shamelist «J’ai un peu honte de certaines choses que j’ai pu faire ou dire pendant des soirées de picole, dans les années 1970-1980.»

14.12.2015

14 Décembre 2017:La tribune de Genève

Serge Lama sera en concert au Théatre Léman de Genève les 19 et 20 Décembre

 

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13.12.2015

13 Décembre 2017: Le progrès

Serge Lama en concert les 13 et 14 Décembre 2017 à Lyon