10.05.2011
10 Mai 2013: Femme Actuelle
Avant l'émission de lundi prochain sur France 3
Mireille Dumas revient sur le destin croisé de Serge Lama et Enrico Macias
Par Charlotte Fouilleron et Isabelle Catélan, le 10 mai 2013
Serge Lama, Enrico Macias, deux monstres sacrés aux destins mêlés : voilà pourquoi le 13 mai, Mireille Dumas présente sur France 3 « Lama et Macias, leur incroyable destin croisé ! ». Un film captivant où les deux panthéons de la musique, qui fêtent leur 50 ans de carrière se livrent comme jamais.
Serge Lama et Enrico Macias : leur destin croisé
Leurs destins s’entrecroisent de façon incroyable : même âge, même longévité, amour similaire des femmes, et un drame qui les a frappés tous les deux. Ces monstres sacrés de la chanson française, qui viennent de fêter leur 50 ans de carrière, se livrent comme jamais devant la caméra de Mireille Dumas. Dans un film ("Lama et Macias, leur incroyable destin croisé", diffusé le lundi 13 mai sur France 3 à 20h45) qui nous fait voyager au rythme de leurs tubes, Serge Lama et Enrico Macias reviennent sur leur parcours, leurs amours et leur lien indestructible forgé dans la douleur. Sans aucun tabou et une bonne dose d’espièglerie. Morceaux choisis commentés par Mireille Dumas.
L’accident
Le 12 août 1965, un accident de la route envoie Serge Lama à l’hôpital dans un état désespéré. Sa fiancée, Liliane, et son régisseur, Jean-Claude Ghrénassia, le jeune frère d’Enrico Macias, sont tués sur le coup. « A chaque fois que je vois Serge, c’est un peu mon petit frère que je vois », confie Enrico Macias. « J’ai été bouleversée de l’entendre évoquer pour la première fois sa culpabilité, raconte Mireille Dumas. Ce jour là, son frère conduisait la voiture et il remercie Serge, encore meurtri dans sa chair, de ne pas lui en vouloir. Cette tragédie aurait pu les séparer, elle les a liés pour toujours ».
Les femmes
Lama et Macias s’épanchent avec une grande franchise sur les femmes et leurs épouses qui, au fil du temps, sont devenues « une soeur, une amie, une mère...très compréhensive ! ». Le premier décrit Michèle comme une « femme de marin » qui a su faire preuve d’une « jalousie maîtrisée » ! Le couple a la particularité de n’avoir jamais vécu ensemble. Macias, lui, parle de Susy, disparue en 2008, comme de sa « conscience ». « Je ne lui ai jamais manqué de respect car je n’ai jamais découché », lâche-t-il, mi-contrit, mi-espiègle. « On se connaît depuis longtemps, explique Mireille Dumas pour éclairer la liberté de ton des deux artistes devant sa caméra. A leur âge, ils peuvent tout dire. Et puis, s’ils confessent leurs infidélités, ils ont pleinement conscience que sans leur femme, ils n’auraient pas fait la même carrière. Elles sont pour beaucoup dans leur réussite ».
Leurs 50 ans de carrière
Des chansons devenues cultes, une vie de concerts et de tournées, des salles combles... « Toujours en marge des modes, résume Mireille Dumas. C’est la clé de leur longévité ». Aujourd’hui encore, les chanteurs ne se lassent ni de la scène ni des applaudissements du public. « C’est paradisiaque », juge avec gourmandise Enrico Macias. « Seule ma condition physique pourra me forcer à arrêter », estime de son côté Serge Lama. Ils ont tous deux fêté récemment leur demi-siècle de carrière à l’Olympia.
........................................................................................................
Interview de Serge Lama
Après l’enregistrement de l’émission, nous avons voulu en savoir un peu plus sur les confidences que Serge Lama a pu livrer à Mireille Dumas et le souvenir gardé de ce tournage.
Quelle impression t’a laissé ton rendez-vous dans l’émission de Mireille Dumas, lui as-tu fait des confidences ? Allons nous découvrir un Lama que nous ne connaissons pas ?
C’est une interview qui aurait pu être l’objet d’un spécial portrait Lama, en effet, j’ai parlé pendant plus de 4 heures à Mireille et c’est quand même très rare que cela m’arrive. Là, Je crois qu’il s’est passé quelque chose qui m’a un peu dépassé d’une certaine façon. J’avais l’impression d’être ailleurs, comme envouté. J’ai été pris comme sur scène. Oui, c’est ça. Sur scène, je sors de moi-même, je suis comme dans une autre dimension et j’ai atteint un peu cette dimension avec cette interview . Je me suis confié comme jamais. J’ai parlé de choses très personnelles. je me suis abandonné comme je ne l’avais fait auparavant. J’ai parlé de ma femme Michèle où je reconnais tout le mal que j’ai pu lui faire et dont j’étais parfaitement conscient. J’ai évoqué mes parents et surtout mes rapports difficiles avec ma mère. C’est une interview qui va me suivre jusqu’au jour où je ne serai plus là pour en faire.
Est-ce qu’il y a quelque chose que tu regrettes quand même de lui avoir livré ?
Il y a plutôt des choses que je regrette de ne pas lui avoir livrées, comme des mots que je n’ai pas pu lui dire. Je sentais bien qu’elle aurait voulu que je prononce le mot « pardon » à ma mère. Je lui en veux tellement d’avoir toujours mis mon père en retrait, de ne pas l’avoir laissé faire ce qu’il voulait le plus : chanter. Je n’ai pas réussi à formuler face à Mireille ce fameux mot « pardon ». Cela ne sortait pas, mais pas du tout, et la caméra tournait, c’était pathétique…. A mon avis, ce silence là vaut plus que des mots. Il veut tout dire.
Qu’est-ce que tu lui as dit d’autres que tu n’avais jamais dit, mis à part à ta femme ?
Je suis incapable de me souvenir de tout ce que lui ai dit, tellement j’étais dans un état second. je sais juste que les téléspectateurs vont découvrir beaucoup de choses incroyables sur moi. Je ne peux pas me livrer davantage que je me suis livré ce jour-là dans cette interview. N’importe qui m’interviewerait, il ne m’arracherait pas davantage de choses. Elle tient dans ses archives presque une biographie télévisée. C’est un grand moment de télé. D’une certaine manière, je me suis jetée dans la vérité.
Dans l’émission, il y a également Enrico Macias. Vous êtes malheureusement liés par le tragique accident dans lequel Enrico a perdu son frère et toi la femme que tu aimais…
Enrico est toujours en culpabilisation vis à vis moi. Cette catastrophe a eu lieu au début de ma carrière et il continue aujourd’hui encore à se sentir un peu responsable. Ce qui est idiot parce qu’après ça, il m’a fait faire deux tournées qui m’ont permis de me remettre sur pied. Pendant ces tournées, là, je me suis reconstitué. C’est grâce à Enrico si j’ai fait cette carrière.
Quelle est ta chanson préférée d’Enrico ?« J ’ai quitté mon pays » et bien entendu « les gens du nord » tout le monde aime cette chanson.
Tu as fêté tes 50 ans de carrière en février, tu as fait un triomphe à l’Olympia. Tout Paris est venu t’acclamer dont Alain Delon. aujourd’hui, cette angoisse qui te tenait a-t-elle disparu ?
Je crois que l’angoisse ne me quittera plus jamais parce qu’elle peut se reproduire du jour au lendemain. Et la prise de conscience que j’ai eue, quand j’ai eu mon accident à 22 ans, que je n’étais pas invincible, que j’étais un être humain et qu’il pouvait se passer des choses qui pourraient m’empêcher de faire ma carrière. La scène est ma bouffée d’oxygène et en même temps elle m’épuise et me brûle à petit feu. Je me brûle littéralement sur scène maintenant.
Malgré tout ce parcours, tu ne parviens pas à ôter cette angoisse, même pas 30 secondes ?
Je crois que je ne suis pas fait pour être heureux totalement. Je pense et je crains que cette angoisse ne me quitte plus. Il y a quelque chose en moi qui écrit cette âme grise. Elle n’est pas noire. Elle est grise et rouge. Elle est de couleur excessive, et tout en moi est excessif. C’est dur à vivre. De plus, avec l’âge je me renferme. Je parle de moins en moins. C’est de plus en plus terrible pour moi. D’une certaine manière, je me libère sur scène. Je libère ce trop plein. Heureusement que j’ai des livres qui me prennent bien la tête et que j’aime bien lire. Généralement quand je lis, je me mets à écrire ça me fait du bien.
Alors pourquoi tu n’écris pas un livre ?
Je n’ai pas pris l’habitude de me mettre à une table. Quand j’écris des chansons, j’écris n’importe quand, n’importe où. Il n’y a pas d’autres solutions pour un livre, tu es obligé de t’astreindre à une discipline que je n’ai pas le temps de mettre en place actuellement.
Si on t’y obligait , laquelle de tes chansons garderais-tu ?
« Et puis on s’aperçoit ». Pour moi, elle résume toutes les chansons que j’ai écrites. Il y a tous mes textes dans cette chanson, en une seule. Dans une seule chanson, je dis tout ce que je dis dans les autres chansons en le développant.
Serge au cours de cette émission fantastique tu n’as pas réussi à dire ce fameux mot « pardon » à ta mère et si tu te contentais tout simplement de lui dire « merci », car sans cette haine que tu lui portes, aurais-tu écris tous ces textes qui resteront à jamais ? Serais-tu encore là à te consumer sur scène ? Et si tu lui devais tout… Réfléchis-y, par exemple, un « 15 juillet à 5 heures », tu verras, « Et puis on s’aperçoit… »
.................................................................................................
Interview de Mireille Dumas
Alors que Mireille Dumas célèbre les 50 ans de carrière d'Enrico Macias et Serge Lama en leur consacrant un documentaire "Lama et Macias, leur incroyable destin croisé" (diffusé le lundi 13 mai sur France 3 à 20h45) nous avons voulu revenir avec elle sur ce choix de les réunir et sur ses 30 ans de carrière, à elle.
Mireille Dumas, des choix depuis 30 ans
Avant de parler de vos 30 ans de carrière, pouvez-vous nous expliquer pourquoi ce choix de consacrer un documentaire qui réunit Serge Lama et Enrico Macias ?
Mireille Dumas : Il y a deux raisons principales. D'abord, les deux fêtaient cette année leurs 50 ans de carrière. Ensuite, ils ont un destin lié, depuis l'accident qu'a eu Serge Lama, qui a tué le frère d'Enrico Macias (à l'époque le régisseur de Serge Lama), et sa fiancée. Cela a donné lieu à leurs plus belles chansons à tous les deux. Cet événement marquant est le début du documentaire, c'est venu naturellement dans la discussion, mais ce n'est qu'un point de départ, et il n'est pas consacré uniquement à ce drame. Nous refaisons leur parcours, grâce à leur répertoire notamment.
A-t-il fallu les convaincre de se livrer au jeu de la confidence ?
Non, ça n'a pas été compliqué. Je les connais tous les deux depuis longtemps,
Pensiez-vous qu'ils se livreraient autant ?
Sincèrement je savais qu'ils avaient des choses à dire, l'un et l'autre, mais je n'imaginais pas qu'ils parleraient comme cela, à coeur ouvert, de leur carrière, bien sûr, mais aussi de leurs blessures, de leurs regrets. Enrico Macias parle de sa femme, très ouvertement, et Serge Lama de sa mère avec beaucoup d'émotion.
Justement, Serge Lama a dit après cette émission qu'il vous avez là sa biographie complète. Avez-vous ce ressenti ?
C'est vrai qu'il me l'a dit après l'enregistrement. Il y a en tout presque 3 heures d'interview. C'est très long pour un entretien de télé. Bien sûr, il a fallu sélectionner certaines parties. Mais il arrive à un âge, comme Enrico Macias d'ailleurs, où ils sentent qu'ils peuvent parler sans tabous.
Serge Lama pense que vous vouliez l'entendre dire pardon à sa mère. Est-ce que c'est vraiment ce que vous attendiez ?
Non, je lui ai demandé s'il lui avait pardonné ce qu'il lui reproche. Serge, peut-être, aurait aimé pouvoir le faire, donc il imagine que c'est ce que j'attendais de lui. Mais ce n'était pas à moi qu'il avait à le dire.
04:40 Publié dans 2013, La presse des années 2010 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.