14.07.2023
14 Juillet 2025:L'Action
Un théâtre musical qui entraine le public dans une belle aventure
La fébrilité, mais aussi l’émotivité étaient dans l’air, le jeudi 10 juillet, au Centre culturel Desjardins (CCD), alors que les interprètes du théâtre musical Lama : D’aventures en aventures s’apprêtaient à monter sur scène pour la première fois.
Avant que le rideau se lève, le directeur général du CCD, Jean-Sébastien Martin, a pris la parole afin de souligner le caractère extraordinaire de cette création québécoise, d’une auteure lanaudoise, à propos de la vie d’un monument de la chanson française.
Le théâtre musical a d’ailleurs été autorisé par Serge Lama, qui a collaboré avec l’équipe à toutes les étapes et qui a établi une relation à distance avec les créateurs et les comédiens. « C’est la première fois qu’il donne l’aval à un spectacle biographique et il a accepté parce que la proposition venait du Québec. C’est ici que sa carrière a décollé en premier! », a laissé savoir le comédien Éric Paulhus en entrevue avec L’Action.
Serge Lama devait faire une dernière tournée, mais il n’a pas pu. C’est ainsi qu’il retrouve aujourd’hui le public québécois à travers les mots de l’autrice Mélissa Cardona et le jeu des interprètes Éric Paulhus, Stéphan Côté, Élisabeth Duperré et Gaële. Sur scène, ces derniers incarnent Serge Lama ainsi que les hommes et les femmes ayant façonné son existence, tels que son grand ami Marcel Gobineau, Liliane Benelli, qui a été sa fiancée, son impresario Simone Marouani ou la femme qui partage aujourd’hui sa vie, Luana Santonino.
(Photo Médialo – Jean Chevrette
Une vie en chansons
En entrevue, Éric Paulhus a confié que ce rôle de Serge Lama est un immense défi qu’il espérait après 25 ans de métier. « C’est un cadeau et aussi un grand défi vocal. J’ai fait des comédies musicales, mais je n’ai jamais chanté autant. »
Le fait d’incarner une légende de la chanson qui est témoin de la création ajoute un certain stress, a raconté M. Paulhus. « Il y avait des moments qui étaient filmés et je savais qu’il allait m’entendre, alors je me demandais ce qu’il allait penser, parce que je joue sa façon de parler, de chanter, de se déplacer… Si un jour il est dans la salle, je ne veux pas le savoir, ce serait vraiment intimidant! », a ajouté le comédien en riant.
Parmi les chansons qu’il a découvertes, Éric Paulhus cite Le dernier baiser. Il aime aussi particulièrement interpréter des pièces qui le touchent, comme Je suis malade ou D’aventures en aventures, ou d’autres plus “uptempo” telles que Le temps de la rengaine, Femme, femme, femme ou Les p’tites femmes de Pigalle. Au total, le théâtre musical permet au public de replonger dans une vingtaine de chansons de celui pour qui « tout est dans les mots ».
Nul besoin de connaître l’œuvre de Serge Lama pour apprécier le théâtre musical. « En fait, je trouve que c’est le spectacle parfait pour découvrir son histoire. On va du début de sa vingtaine jusqu’à ses 75 ans. Les spectateurs qui ne connaissent pas l’œuvre n’ont qu’à se laisser porter par l’histoire. Il y a de la bonne musique, des moments comiques et d’autres touchants », a commenté Éric Paulhus.
Est-ce qu’un jour Lama : D’aventures en aventures pourrait être présenté en Europe? « L’œuvre de Serge Lama est immense en France. Ce serait exceptionnel et incroyable d’amener le spectacle là-bas. Mais pour le moment, on a une belle tournée au Québec qui nous attend. » En effet, après les représentations à Joliette, le théâtre musical prendra la route et sera présenté partout dans la province.
Mission accomplie
Le comédien Éric Paulhus a dévoilé que l’important, pour Serge Lama, était que le public ressorte du spectacle heureux. Si on se fie aux témoignages des spectateurs au sortir de la salle après la première, son vœu a été exaucé. Danielle Robert, qui était venue de Montréal, était sur un nuage quand L’Action s’est entretenu avec elle. « J’ai flotté toute la soirée. J’ai rajeuni de 30 ans. J’ai déjà vu Serge Lama au Gesù et si je fermais les yeux, je m’y revoyais. Les comédiens sont extraordinaires, c’était sublime », a confié la spectatrice âgée de 81 ans.
À ses côtés, sa nièce Karine Valentino, résidente de L’Assomption, avait encore les yeux humides. « On a le mascara qui coule! Je ne connaissais pas toutes les chansons de Serge Lama, mais je me suis tout simplement laissé porter par l’histoire. Il a eu une vie remplie d’aventures. »
Au lendemain de la première, le directeur général Jean-Sébastien Martin était enchanté de la réaction du public. « Ce qu’on veut, c’est justement permettre aux gens de vivre ce type de moments. »
Lorsque le diffuseur a fait le choix, il y a cinq ans, de présenter du théâtre musical de création l’été, l’équipe était au fait qu’amener les gens dans la salle allait être un défi, étant donné l’absence de référent contrairement à une adaptation d’un spectacle connu. « On est vraiment fiers et contents. C’était une niche qu’on avait envie d’occuper. On voulait trouver notre propre identité. C’était aussi cohérent avec le passé de la salle et le fait que juste à côté, à l’Académie Antoine-Manseau, on a une centaine de jeunes par année qui font de la comédie musicale. »
Le directeur général a souligné que la notoriété du Centre culturel Desjardins est bien établie dans le milieu artistique. La preuve, la productrice du spectacle a contacté le diffuseur il y a un an et demi puisque c’est à Joliette qu’elle voulait que ce théâtre musical voie le jour.
« Avec ces projets, ici, au Centre culturel, nous avons vraiment la chance de travailler à la naissance de quelque chose. »
Le théâtre musical Lama : D’aventures en aventures sera présenté au Centre culturel Desjardins pour 11 représentations jusqu’au 9 août. Informations : www.spectaclesjoliette.com.
21:37 Publié dans 2025, Spectacle sur Serge Lama | Lien permanent | Commentaires (0)
10.07.2023
10 Juillet 2025:Première du spectacle sur Serge Lama
Beau succès pour la première du spectacle sur Serge lama
21:35 Publié dans 2025, Spectacle sur Serge Lama | Lien permanent | Commentaires (0)
08.07.2023
8 Juillet 2025: Diane
21:15 Publié dans 2025, SMS- Mots de Serge, Spectacle sur Serge Lama | Lien permanent | Commentaires (0)
03.07.2023
3 juillet: 7 jours
Interview de Serge Lama
Serge Lama: Comment un tragique accident de voiture a fait de lui un grand chanteur
Le spectacle musical biographique Serge Lama: D’aventures en aventures, en hommage au célèbre chanteur, prendra vie cet été au Centre culturel Desjardins de Joliette. Une occasion en or de plonger dans l’univers d’un véritable monument de la chanson française, dont le parcours fascinant ne peut que captiver. Survivant de la Seconde Guerre mondiale et d’un terrible accident de voiture, Serge Lama a croqué la vie à pleines dents, porté par la musique et une résilience hors du commun. Retiré de la scène depuis février, il s’est confié à nous avec beaucoup de générosité.
Bonjour, Serge Lama, comment allez-vous?
Très bien, merci. Et je suis ravi de parler à quelqu’un du Québec, un pays que je connais bien et que j’aime beaucoup. J’ai souvent chanté au Québec depuis mes débuts. J’y ai même été connu, voire devenu une star, avant de l’être en France!
Ce lien avec le Québec est encore bien vivant puisque, cet été, on célèbre votre vie avec un spectacle biographique avec les interprètes Stephan Côté, Éric Paulhus, Elizabeth Duperré et Gaële. Un spectacle que vous avez autorisé. Avez-vous accepté sans hésiter?
J’ai accepté rapidement lorsque j’ai su que l’auteure était Mélissa Cardona, qui avait écrit Amsterdam: Jacques Brel remonte sur scène. Et comme je connais bien France Brel, sa fille, je savais qu’elle n’aurait jamais laissé passer un projet mal ficelé sur son père. J’étais donc en pleine confiance.
On imagine un spectacle à votre image...
Voilà, c’est un spectacle biographique joyeux. C’est l’image que j’ai envie de laisser au Québec, avec cette force de vie qui m’a toujours animé et qui m’a poussé à écrire des chansons. J’ai eu une vie très remplie. J’ai énormément tourné. Une année, j’ai donné 307 concerts. Pendant une quinzaine d’années, je n’ai pas arrêté. J’étais épuisé. J’ai donc pris du recul, fait du théâtre. Les metteurs en scène m’ont appris la rigueur, et ça a transformé ma façon d’interpréter mes chansons par la suite.
Il paraît que votre service militaire en Algérie a été une période très inspirante pour vous. Vous y avez beaucoup écrit?
Oui, c’est vrai, j’ai beaucoup écrit pendant mon service. Mais en réalité, j’ai commencé très jeune. À 11 ans déjà, j’écrivais énormément. J’ai vite eu une bonne plume. Ma chanson À 15 ans, mon tout premier petit succès, je l’ai composée vers 18 ans. C’était mon cheval de bataille, je la chantais au Cabaret de l’Écluse, là où tout a commencé pour moi.
Ce cabaret a joué un rôle déterminant dans votre parcours.
Absolument. C’est là que j’ai rencontré la chanteuse Barbara. Grâce à elle, j’ai chanté en première partie de Georges Brassens au théâtre Bobino en 1964. Brassens, je l’admirais profondément. Pour moi, c’était un rêve. Et plus tard, quand je suis devenu star à mon tour, j’ai croisé tous les grands. J’ai chanté avec Bécaud. Un jour, j’ai croisé Jacques Brel et il m’a dit: «J’aime beaucoup ce que vous faites.» J’étais bouleversé. Brel, c’était une montagne de talent. Je suis reparti tout tremblant et complètement retourné.
Votre père était chanteur d’opérette. La musique a donc bercé toute votre enfance. Vous êtes né à Bordeaux, mais, l’année de vos sept ans, la famille a déménagé à Paris pour la carrière de votre père.
Oui, j’adorais mon père. C’était une étoile pour moi. Il chantait merveilleusement bien. J’allais dans les théâtres où il se produisait, je ressentais la magie du lieu, l’odeur du maquillage des femmes, l’effervescence des coulisses... C’était fascinant. Mais, une fois à Paris, il a arrêté sa carrière. Et ça, je l’ai très mal vécu. C’est comme si j’avais moi-même abandonné un rêve.
Avez-vous l’impression d’avoir voulu accomplir ce qu’il n’a pas pu terminer?
Oui, je crois bien. J’ai voulu réussir à sa place. Cette part de mon histoire est évoquée dans le spectacle biographique. Les gens vont découvrir mes débuts, mes blessures, mais aussi ma résilience.
En 1965, vous avez eu un grave accident de voiture qui a brisé votre corps. Vous avez affirmé que, lorsque vous montiez sur scène, les douleurs disparaissaient. Est-ce pour ça que vous faisiez autant de concerts?
Oui, c’était comme si quelqu’un d’autre chantait à ma place. J’étais à la fois marionnettiste et marionnette. C’est difficile à expliquer à quelqu’un qui ne vit pas ça, mais oui, sur scène, la douleur s’effaçait.
Cet accident a marqué un tournant majeur dans votre vie. Il a modifié votre trajectoire. Ressentez-vous de la colère, ou avez-vous réussi à en faire une force?
Je suis résilient, c’est certain. Et paradoxalement, je crois que si je n’avais pas eu cet accident, je n’aurais peut-être pas réussi ma carrière. Il a décuplé ma volonté de tout donner, d’être plus grand que moi-même. Ce drame m’a poussé à aller plus haut.
Dans cet accident, vous avez aussi perdu votre premier grand amour – votre fiancée, la pianiste Liliane Benelli – et des amis .
Oui... C’est impossible à décrire. J’étais si jeune! Perdre la femme qu’on aime à 22 ans, c’est une douleur indicible. C’est après mon transfert à Paris qu’on m’a appris sa mort. J’ai hurlé toute la nuit, comme un loup. À l’hôpital, ils ne savaient pas quoi faire de moi. C’était une douleur physique, mais surtout une douleur d’âme immense. Beaucoup de mes chansons parlent de perte, de quelque chose de brisé... comme un paradis perdu. Je ne le réalisais pas toujours en écrivant. Il y a en moi une blessure profonde.
Les médecins vous ont dit que vous ne pourriez plus chanter, ni même marcher. Et pourtant, vous êtes remonté sur scène...
J’ai dit au médecin: «Non seulement je remarcherai, mais je chanterai à l’Olympia!» Je n’avais pas de plan B. J’avais juste un plan A.
Vous êtes né pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1943. Une telle guerre marque un pays et ses habitants, même bébés.
Oui, toute mon enfance, on parlait de la guerre. Mon père avait fui le service de travail obligatoire avant l’arrivée des Allemands. Tous ses compagnons d’armes ont été tués. Il aurait péri lui aussi s’il y était resté. Imaginez donc les conversations autour de la table... Ces récits ont nourri mon imaginaire d’enfant. À Bordeaux, où je suis né, il y avait des alertes aux bombardements, et les gens descendaient dans les abris. Un jour, mon père m’y a descendu juste avant qu’un obus traverse mon berceau. Le destin, vous voyez... Les bombes tombaient autour de moi, et pourtant, j’ai survécu miraculeusement.
Et vous êtes toujours là, vivant, avec votre rire bien à vous...
Mon rire si particulier vient peut-être de là. La douleur engendre le rire.
Vous avez aussi un fils, Frédéric. Il a été magicien, puis animateur, et aujourd’hui il travaille en production audiovisuelle.
Ah, mon fils, c’est un garçon très secret. Si je lui écris un mot de 15 lignes, il me répond en deux lignes. Mais quand il vient à la maison, là, il parle beaucoup. Nous sommes très différents.
Le 14 février, trois jours après avoir soufflé vos 82 bougies, vous avez fait vos adieux au public lors des Victoires de la musique. Vous avez choisi de vous retirer, car vous refusiez de finir votre carrière à chanter assis sur scène.
Oui, c’était le bon moment pour dire au revoir. J’aurais dû faire une tournée quelques années plus tôt, mais le covid a tout stoppé. Trois ans après, je n’étais plus le même. Je ne me voyais pas chanter assis dans un fauteuil. Alors j’ai pris la décision de quitter la scène.
Et maintenant que vous ne montez plus sur scène, vous avez envie de passer plus de temps avec votre femme, Luana Santonino.
Luana et moi, on partage tout. On vit ensemble, on est heureux. C’est un bonheur simple mais précieux. La vie m’a gâté, surtout en amour. J’ai eu des compagnes formidables. J’écoute des disques, je regarde de vieux films. Le soir, avec Luana, on écoute des classiques français en livre audio. Et j’habite cette ville fabuleuse qu’est Paris. Nous préparons également un album avec toutes les chansons que j’ai écrites pour Nana Mouskouri qui sortira bientôt. Je suis un homme heureux!
14:56 Publié dans 2025, La presse des années 2020, Spectacle sur Serge Lama | Lien permanent | Commentaires (0)
02.07.2023
2 juillet 2025: Le Devoir
Article paru au Quebec avant la première le 10 juillet d'un spectacle sur Serge Lama
Le parcours du battant Serge Lama présenté sur scène
Sept ans après son spectacle à succès Amsterdam, Mélissa Cardona consacre une nouvelle pièce musicale au répertoire d’un chanteur renommé. Et pour l’autrice, il était naturel de faire succéder Serge Lama à Jacques Brel, une autre découverte de son adolescence. « Il m’a accompagnée pendant tellement de ruptures amoureuses avec Je suis malade. »
Le grand auteur-compositeur-interprète belge a servi de modèle à Lama, explique la créatrice de Lili St-Cyr. Théâtre musical. « Il a toujours voulu, comme Brel, faire de la chanson à textes. Mais Serge Lama était beaucoup plus du côté populaire. Et on le lui a reproché un peu, alors que lui sentait pourtant qu’il était un auteur aussi, que ses mots étaient puissants. Ça a pris des années avant qu’il ne soit reconnu pour ça. » Et l’auteur des Ballons rouges raconte lui aussi des histoires. « Comme chez Brel, il y a une charge dramatique dans chacune des chansons : on commence quelque part, on finit ailleurs. Et c’est ça, pour moi, qui m’évoque le théâtre musical, où la musique fait avancer l’action. »
La Québécoise signe donc un spectacle musical biographique « autorisé » par le chanteur et parolier français lui-même. Une approbation qu’elle envisageait pourtant difficile à obtenir. Cardona crédite un peu Brel pour sa « bonne étoile ». « Serge Lama a fait sa petite enquête pour savoir qui j’étais. Et il a parlé à France Brel, la fille de Jacques, qui avait approuvé Amsterdam, qui a dit du bien de moi et de la production. Alors j’ai eu un “oui” de Lama avant d’écrire le texte. On a travaillé en collaboration. »
Au départ, Mélissa Cardona pensait procéder comme pour le spectacle précédent et « tresser une histoire semi-fictive » à partir des chansons. Mais avant sa première rencontre virtuelle avec l’artiste de 82 ans, elle a tout lu sur sa biographie et réalisé qu’avec Lama, elle ne pouvait pas faire ça : la réalité était « trop forte » et dépassait la fiction. Le chanteur, auquel elle avait soumis deux synopsis potentiels, une trame biographique et l’autre inventée, a heureusement d’emblée choisi la première. « Et là j’ai compris que c’était un homme qui avait envie de raconter ce récit, et qui était conscient de la force de cette histoire. »
D’accident en accident
Un parcours qui aura été éprouvé par les accidents. Et pour créer Serge Lama. D’aventures en aventures, Mélissa Cardona s’appuie sur ces trois moments marquants. En 1965, alors que Lama vient de décrocher son premier contrat, sa carrière est retardée par un terrible accident d’automobile qui coûte la vie à sa fiancée, la pianiste Liliane Benelli, et laisse le jeune chanteur un an à l’hôpital. « On lui a caché pendant longtemps qu’elle était décédée, pour lui permettre de se réhabiliter. Il a failli ne plus marcher, ne plus chanter. Il a toujours gardé une raideur dans sa jambe gauche. »
Le scénario se répète tragiquement en 1984 : en plein milieu d’une représentation de la comédie musicale qu’il a écrite, Napoléon, Lama apprend que ses parents ont été victimes d’un accident de la route. Il revit un peu le traumatisme de son propre accident, à travers celui qui a tué son père sur le coup et sa mère plus tard.
Enfin, en 2021, la pandémie force Serge Lama à annuler sa tournée d’adieu. « Donc sa première tournée, il ne l’a jamais faite et sa dernière non plus », résume Cardona qui, « en toute humilité », désire remplacer en quelque sorte cette ultime rencontre ratée du chanteur avec son public, en lui offrant Serge Lama. D’aventures en aventures.
Même si son sujet collabore au texte, l’autrice hésite à qualifier le spectacle — que les Montréalais pourront voir à l’Espace St-Denis fin octobre — d’hommage, puisque « dans un hommage, il n’y a pas de regard ou de recul. J’ai toujours peur que les gens pensent qu’ils viennent voir Éric Paulhus et Stéphan Côté imiter Serge Lama. Ce n’est pas ça. On est vraiment dans une histoire, qui est tressée par sa vie, ses conquêtes et ses accidents, jusqu’à aujourd’hui. Je pense que c’est ça la force : monsieur Lama est encore vivant et il accepte ça. Et je voulais être claire avec lui : je ne veux pas aseptiser [le récit], je n’ai pas envie qu’on voie juste les beaux côtés, sinon ça va donner une histoire beige. Il faut que le public s’attache à l’homme. Et un homme, c’est plein de défauts, d’erreurs et de cheminement. »
Serge Lama a rectifié la vérité dans certaines scènes puisées par l’autrice dans des biographies qui, a-t-elle compris alors, n’avaient pas été autorisées. « Mais il y a des choses que j’ai apprises en lui parlant, qui n’étaient écrites nulle part. Et ça, c’est ma fierté. Je n’ai pas eu tant à le convaincre, parce qu’il comprenait. Même que, parfois, son épouse disait : “Tu es sûr ?” et il répondait : “Oui, c’était ça, ma vie.” Il a commis des erreurs et il le sait, il l’assume parce qu’il a cheminé. Et moi, je trouve ça beau. Donnons la parole à cet homme, qui est un aîné, parmi les derniers de sa génération de chanteur à texte qui a connu ce genre-là, et qui est capable d’avoir un regard sur ce qu’il a été avant. Il l’assume tellement qu’il nous l’offre. » La créatrice fait référence ainsi à ses aventures amoureuses.
Et comme l’artiste le dit lui-même : « Ma vie est collée à ma carrière. » « Mais Serge, au départ, n’était pas du tout l’homme à femmes qu’on a connu après, relate Cardona en évoquant les débuts du parolier. Au contraire ! Il était une espèce de Cyrano qui écrivait des vers pour des garçons qui après allaient les donner aux filles. Il était dans l’ombre et se sentait moins que rien. Mais il a [persisté]. » Ce fils d’un chanteur d’opérette, lequel avait renoncé à se produire en tournée à l’exigence de sa femme, lassée de ses infidélités — « Serge en a voulu à sa mère pendant une grande partie de sa vie » —, se sentait investi d’une mission, soit « d’être cette voix, pour que mon père puisse s’accomplir à travers moi ».
La chimie d’un duo
Les deux comédiens qui interprètent Serge Lama soulignent la grande persévérance du personnage, un « battant » qui a persisté en dépit des embûches. Éric Paulhus et Stéphan Côté (qui, outre la version plus âgée du chanteur, incarne d’autres figures, tel le père de Lama) ont été engagés en duo, tellement la connexion était bonne entre eux. « Pour la deuxième audition, on était jumelés et il y a eu une espèce de chimie qui s’est produite instantanément, raconte Côté. Mélissa m’a dit qu’elle n’avait jamais vu une deuxième audition aussi formidable. »
S’ils campent le même homme, les deux acteurs lui apportent leur propre couleur. « On a chacun nos plages de liberté, estime Paulhus. Mais après deux mois de répétitions, je pense qu’on se teinte mutuellement [dans le jeu]. Et on n’est pas dans une imitation. On ne fait pas une copie. »
Aussi joué par Elizabeth Duperré et Gaële, porté par des musiciens sur scène, le spectacle fera entendre une vingtaine d’œuvres de la discographie de Lama. Des chansons intégrées dans la trame narrative et parfois donc interprétées par d’autres personnages. Le récit fait revivre notamment quelques grands noms de la chanson (Dalida, Barbara).
Le texte de Serge Lama. D’aventures en aventures s’est élaboré en collaboration avec la distribution et le metteur en scène Charles Dauphinais et, en allers et retours avec les commentaires du principal intéressé. « Je n’ai jamais fait une création comme ça, révèle Mélissa Cardona. Je ne pense pas en refaire non plus, parce que c’est vraiment particulier. J’allais chez monsieur Lama en France, il me disait des choses que je ramenais à ma gang. » De son côté, l’équipe de création avait pensé à une idée que l’autrice soumettait en retour à Serge Lama. « Ça roulait sans arrêt ! On ne peut pas faire plus art vivant que cela. »
Une véritable coopération transatlantique qu’Éric Paulhus et Stéphan Côté espèrent pouvoir aller présenter un jour devant le chanteur français. En attendant, le spectacle qui lui est consacré sera en tournée québécoise jusqu’au printemps 2026.
12:18 Publié dans 2025, La presse des années 2020, Spectacle sur Serge Lama | Lien permanent | Commentaires (0)
13.06.2023
13 Juin 2025: Le journal de Montréal
Éric Paulhus et Stéphan Côté uniront leurs forces – et leurs voix – pour donner vie à un des grands monstres sacrés de la chanson française à compter du mois prochain dans le spectacle musical Serge Lama – d’aventures en aventures. À quelques semaines du début des représentations, Le Journal est allé à leur rencontre.
«Une carrière, c’est des amis, des copains, des ruptures, des conquêtes, des pertes, des douleurs... Et ma vie est collée à ma carrière», commente Serge Lama dans une vidéo présentée aux médias plus tôt cette semaine, promettant que les éléments les plus marquants de son existence – autant les bons que les mauvais – seront abordés dans le spectacle.
Car il faut savoir que le chanteur français a non seulement donné son aval au projet, mais il collabore également avec l’équipe de Serge Lama – d’aventures en aventures. C’est ainsi que les différents volets de sa vie seront revisités sur scène, d’abord à Joliette, puis en tournée à travers la province, grâce à la plume de l’auteure Mélissa Cardona.
Une vingtaine de titres
Tout ça, évidemment, s’articulera autour d’une vingtaine de chansons du célèbre chanteur, maintenant âgé de 82 ans.
«À cause de la manière dont le spectacle est construit, il n’est pas nécessaire de connaître toutes les chansons pour l’apprécier. Et même qu’elles s’imbriquent dans l’histoire, dans leur contexte original, alors même ceux qui les ont entendues des dizaines de fois risquent de les redécouvrir différemment», plaide Éric Paulhus.
«Serge Lama est une icône qui fait partie des grands, au même titre que Jacques Brel, Georges Brassens ou encore Barbara. Il y a un devoir de mémoire qui doit être fait jusqu’ici, au Québec», ajoute pour sa part Stéphan Côté.
Le comédien et chanteur rappelle du même souffle que c’est ici, au Québec, que la carrière de Serge Lama a d’abord pris son envol.
«Et il a influencé une génération entière d’artistes d’ici», renchérit Éric Paulhus.
Deux femmes, moult personnages
Aux côtés de Stéphan Côté et d’Éric Paulhus, Gaële incarnera, entre autres, Liliane Bellini, fiancée de Serge Lama ayant perdu la vie dans un accident de la route en 1965, et la compositrice Alice Dona. Quant à elle, Elizabeth Duperré personnifiera les différentes femmes ayant façonné le parcours de l’icône de la musique française, devenant tour à tour Barbara, Dalida ou encore Michèle Potier.
La mise en scène du spectacle est assurée par Charles Dauphinais et appuyée par des chorégraphies signées Alex Francoeur.
21:14 Publié dans 2025, La presse des années 2020, Spectacle sur Serge Lama | Lien permanent | Commentaires (0)