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25.12.2015

25 Décembre 2017: Le regard libre

Un compte rendu des concerts donnés les 19 et 20 Décembre 2017 à Genève

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Serge Lama et ses souvenirs à Genève

Les lundis de l’actualité – Loris S. Musumeci et Jonas Follonier

Au Théâtre du Léman, les 19 et 20 décembre derniers, passait un débutant. Ou pour le moins un artiste qui prit plaisir à se laisser considérer comme tel par le nom de la tournée : « Je débute ». Le Regard Libre était présent à ce moment haut en poésie. Impressions.

Un corps claudiquant s’avance sur la scène, pas à pas. Et voilà que la lumière se braque sur le visage d’un homme, aux traits vieillis par la nostalgie. Pourtant, malgré des jambes paraissant déjà en souffrance, et les lignes du temps passé dessinées sur le front, le personnage s’annonce puissant. Dès son premier sourire, Serge Lama transmet déjà la vivacité et la tendresse qu’il a acquises au prix de la même nostalgie, et du décès de son épouse survenu une semaine avant la sortie de son dernier album.

Les salutations au public sont chaleureuses, tout en restant dans la sobriété qui a toujours ressemblé au pâle noiraud. Il présente d’emblée ses musiciens pour lesquels il accompagne à chaque nom un petit propos d’éloge. Le chanteur se retrouve avec seulement neuf accompagnants, dont deux choristes. L’ambiance de la scène est alors quasiment familiale. Elle révèle une nécessaire collaboration entre ses membres. Serge Lama fait corps avec ses sept instrumentistes et ses deux choristes.

L’interprète

L’artiste entame les titres d’un répertoire au ton intimiste, qu’est celui de son dernier album : Où sont passés nos rêves. Pour ce faire, il est indispensable d’établir un lien de confiance avec le spectateur. Toute révélation de soi a cependant des limites. Pour ne se livrer que jusqu’aux frontières qu’il a voulues, un masque préserve sa pudeur. Comme une femme voilée, lui, porte les cheveux longs plaqués à l’arrière. Au-dessus du nez, ses yeux crayonnés dessinent le contour de la personnalité. En-dessous, se logent moustache et barbichette, lui donnant un air d’antique poète ou de prophète oriental. Les vêtements complètent le masque facial : noirs, hormis la teinte de rouge vin de l’un des deux vestons du concert.

Dans son costume de messager, Serge Lama chante la vie d’un homme, ses pensées, les mots à attribuer aux sentiments les plus banals du quotidien. La manière de prononcer les paroles n’est pas la même qu’un Aznavour à ses heures les plus lyriques, ou qu’un Johnny plus rockeur. Tout en gardant un style totalement personnel dans la forme vocale qu’il donne aux consonnes, la diction se rapproche en une certaine mesure de celle qu’avait Jacques Brel dans ses chansons les plus révoltées et profondes. Les syllabes exposées aux oreilles de l’auditeur sont parfaitement distinctes, voire découpées, et très dures. Elles ont ainsi la capacité de s’imprimer chez le spectateur qui s’en imprègne.

Un décor qui laisse place à la parole

D’autant plus que l’atmosphère toute entière de la salle met en valeur le texte. Sombre et légère, elle centre l’attention sur les mots, pris un par un, précisément. Ainsi, sous les projecteurs qui illuminent les instrumentistes, Serge Lama chante la Lettre à mon fils : « Cueillons des cerises pour la commune / Et pour les rêves de Jaurès ». La prononciation de « commune » et « Jaurès » est si aigue qu’elle semble aussi faire partie du décor. L’ambiance visuelle se veut plus tragique avec Des éclairs et des revolvers, chanson tirée de son album de 2012, La balade du poète.

A l’arrière, pour éclairer l’obscurité ambiante, des jeux de lumière et des diffusions d’images. C’est le point plutôt moyen du concert dans son pendant quelque peu kitsch, surtout en ce qui concerne les images projetées. Néanmoins, il est des moments où les lumières ont ajouté de la majesté au chansonnier Lama. « L’Algérie / Ecrasée par l’azur / C’était une aventure / Dont je ne voulais pas », et gicle à l’arrière une lumière orange qui ramène dans le désert celui qui pense que, tout de même : « Avec ou sans fusil / Ça reste un beau pays / L’Algérie ». Ou encore pour Les ballons rouges, avec des lueurs d’une teinte écarlate sur tout le fond de la scène.

Quant aux images, elles touchent réellement le spectateur lorsqu’elles concernent directement l’interprète. En ouverture, voir les débuts de Serge Lama sous les notes de Je débute, donnant son nom à la tournée, exprime le trac demeurant après plus de cinquante ans de carrière. « Malgré mon statut de héros / Si demain on dit dans les journaux / Que c’était le combat de trop / Je dirai / Je débute ». Sans oublier également le portrait de son ami, de son maître, pour la fameuse chanson qui dégage toujours la même ardeur.

Des souvenirs

Dans Le souvenir, dont la sublime musique a été composée par Calogero, les photographies du petit Serge arpentent le temps de son enfance. On le voit avec sa famille, qui n’a pas toujours su l’aimer. « On avance l’âme à l’envers / En quête de nos cœurs d’hier / Où sont-ils dans notre passé / Les cailloux du Petit Poucet / Il y a cette étoile dans la nuit / Qui nous laisse seul mais qui luit / C’est du chagrin sans avenir / C’est sans le sou / Le souvenir / Le souvenir »

Dans Bordeaux, il est encore question de l’enfance. Douce malgré tout : « Papa m’emmenait à bicyclette / A l’école du cours Saint-Louis / Le bruit des roues me faisait fête / Quand je me serrais contre lui / J’aimais ce papa d’opérette / Ce papa musique et velours / Ma mère était toujours inquiète / Etait-ce d’angoisse ou d’amour ? »

Et les propres souvenirs du public sont également à l’honneur dans l’interprétation qui a fait sourire tout le monde : Les petites femmes de Pigalle avec ses « Et j’suis content, j’suis content, j’suis content, j’suis content / J’suis cocu, mais content ». Ou celle qui sonné la forte émotion pour chacun, Je suis malade, juste après que l’artiste se fut excusé auprès des spectateurs d’avoir plusieurs côtes cassées, ce qui lui a valu quelques larmes au moment de sortir de scène. Lama a tout donné ; Genève s’en souviendra.

18.12.2015

18 Décembre 2017:Fémina

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Serge Lama, la voix de la nostalgie

Monument de la chanson française, l’artiste se sent toujours «débutant». Rencontre avec un mélancolique magnifique, qui chante au Théâtre du Léman, à Genève, les 19 et 20 décembre 2017.

 

 
 

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Serge Lama, c'est une voix à vous coller les frissons, un regard profond et doux et des textes d'une poésie exceptionnelle. photo: Bruno Charoy

 

Une voix qui vous file des frissons, un regard intense à vriller l’âme, des textes superbes et tellement incarnés que vous les croiriez écrits pour vous… Comme le prouve son album, «Où sont passés nos rêves», Serge Lama n’a rien perdu de sa flamme ni de son aura. Malgré ses 74 ans. Malgré les accidents et les blessures. Malgré le décès de sa femme, Michèle, il y a un an.

Du coup, quand il chante «Je débute et j’ai peur du KO, serait-ce le combat de trop?» on a du mal à le croire. Un peu de cabotinage, peut-être? Même pas. Car comme tous les grands, il parle vrai. Alors oui, quitte à surprendre, il a encore le trac, se sent débutant: «Je n’ai évidemment pas les mêmes trouilles que celles que j’avais à 20 ou à 50 ans. Mais aujourd’hui, avec les possibles fragilités de l’âge, je redoute les embûches liées à un tour de chant… Et puis, j’ai depuis toujours une angoisse viscérale de ne pas faire bien, comme un gosse à l’école!»

Un gros malentendu

Pourtant… plus de 50 ans de succès, des salles systématiquement combles et des milliers de fans fidèles devraient le rassurer, non? Il se tait un instant. Reprend, le ton grave: «Au fond, tout cela est un mystère… si les gens continuent à venir m’écouter, depuis tout ce temps, c’est peut-être parce que mes chansons parlent à des émotions auxquelles s’adressent rarement d’autres artistes. Ils doivent avoir envie de recevoir ce courant-là…» Un courant essentiellement teinté de tristesse et de nostalgie, d’ailleurs. «C’est vrai, j’ai un fond mélancolique qui vient de loin. De plus loin que la vie… en fait, je suis né avec ce sentiment!»

Songeur, il regarde les miroirsde son passé, remonte le temps. Se souvient de l’enfance morose, pleine d’ennui. Sans ballons rouges mais «cloué» dans une famille à laquelle il voulait échapper. Puis repense à «sa vocation», son besoin d’écrire et d’être sur scène «pour ce partage, cet échange si beau, si violent avec les gens» qui le tient aujourd’hui encore. Se remémore ses débuts, ses premières chansons, dont «Et puis on s’aperçoit», la plus noire, la plus désespérée, sans doute: «Je l’ai écrite à 20 ans mais elle est la synthèse de ce que j’ai fait par la suite et aborde tous les sujets dont j’ai parlé plus tard: l’amour, l’amitié, le désir de partir et de voyager, d’être aventurier. Et, pour finir, le constat amer qu’on fait en se regardant dans une glace en fin de parcours. Elle est d’une précision et d’une lucidité… c’était une forme de voyance sur ma propre carrière!» Peut-être. Il n’empêche que dans l’esprit du grand public, Serge Lama reste l’homme des «Petites femmes de Pigalle», de «Femme Femme Femme» ou de «C’est toujours comme ça la première fois». Un grand malentendu, donc. Qui s’explique tout simplement, sourit l’artiste aux allures de mousquetaire: sur l’entier de son répertoire, qui compte plus de 100 titres, il n’a que «10 ou 12 chansons gaies». Or, insiste-t-il, ce sont essentiellement celles-ci qui ont été diffusées pendant des années à la radio. «C’était logique, notez: on n’allait pas proposer des thèmes cafardeux à 7 h du matin!»

Tout en douceur, Serge Lama ajoute: «Bon, franchement, cette image de joyeux luron qui m’a collé à la peau n’était pas tout à fait incohérente. Il faut quand même avouer que dans les années 1970-80, j’étais un sacré paillard! Je riais tout le temps, j’étais dans l’excès et j’avais vraiment l’air d’être une espèce de Pantagruel!» Le débit s’accélère: «Je pense qu’à la suite de mon accident de voiture, survenu en 1965, j’avais échafaudé une sorte de plan de survie, de rebond… de surbond, même. Du fait que j’avais frôlé la mort, je voulais montrer quatre fois plus que je vivais et j’en faisais trop. J’étais dépassé par quelque chose qui me submergeait et qui m’obligeait à être comme ça, survolté et depardiesque…» C’est cette posture-là que les médias et le public qui ne le suivaient pas par disque ou en concert ont retenue. «Mais ce n’était pas moi! Je crois que je suis enfin ce que je suis vraiment depuis toujours.»

Une vie presque «monacale»

La voix de velours, il explique que feuille à feuille, doucement, ces derniers 25 ans, il s’est calmé, recentré, et mène désormais une vie simple. «Presque monacale», rigole-t-il. «Je suis prisonnier de mes jambes. Mon accident m’a laissé des séquelles à cause desquelles je ne peux plus rester debout longtemps, si bien que les jours où je ne suis pas sur scène, il faut que je me tienne tranquille… mais ça me convient très bien!» A l’entendre, on le croit. Ce d’autant qu’il s’enthousiasme, maintenant, en évoquant ses amis, avec qui il «discute et échange». Ou les cinéastes qui le font vibrer – de Marcel Carné à Xavier Dolan, en passant par David Fincher, dont il est très client: «Il est sombre et pas joyeux et c’est pour ça que je l’aime!» Et surtout, surtout… ses chers «classiques» de la littérature ou de la poésie dans lesquels il se plonge et replonge avec délices.

Vous avez dit nostalgie ? Evidemment. Mais l’écriture, la lecture ou le cinéma ne l’empêchent pas de se tenir au courant de la marche du monde. De s’en inquiéter. Et, malgré tout, de croire quand même «un peu» au futur et au bonheur – comme «un mélancolique espère d’une façon mélancolique.» Parce qu’au fond, conclut-il, «je reste en quête d’un paradis perdu à regagner…»

Saskia Galitch

 

Son actualité Il est en concert les 19 et 20 décembre au Théâtre du Léman, à Genève, et réédite l’album «Où sont nos rêves» avec 5 titres supplémentaires.

Ce qui le ressource «La lecture. Et notamment les grands classiques, comme Les mémoires d’outre-tombe, de Chateaubriand.»

Son don inattendu «La cuisine. Comme je suis en tournée, je dois faire un peu attention… alors ce n’est pas le moment. Mais autrement, j’aime vraiment ça!»

Sur sa shamelist «J’ai un peu honte de certaines choses que j’ai pu faire ou dire pendant des soirées de picole, dans les années 1970-1980.»

15.12.2015

15 décembre 2017 : L’histoire du jour - France bleu azur

Un hommage est rendu par Michel Cardoze sur France Bleu à Monsieur Georges Chauvier (père de Serge Lama) décédé le 14 décembre 1984 des suites d'un accident de la route.

 

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PODCAST

 

Un au revoir ce n'est pas un adieu, enregistrement de 1951 (musique de Jack Ledru, paroles de René Rouzaud) chanté par Georges Chauvier.

 

 

 

 

15 Décembre 2017:Europe 1

Retrouvez Serge Lama dans l'émission d'Europe 1 Melting pop, émission sur l'actualité culturelle.

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EXTRAIT AUDIO

 

14.12.2015

14 Décembre 2017:La tribune de Genève

Serge Lama sera en concert au Théatre Léman de Genève les 19 et 20 Décembre

 

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LIRE

 

 

13.12.2015

13 et 14 Décembre 2017: Concerts à Lyon bourse du travail

Serge Lama était en concerts les 13 et 14 Décembre 2017 à la bourse du travail de Lyon.

 

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13 Décembre 2017: Le progrès

Serge Lama en concert les 13 et 14 Décembre 2017 à Lyon

 

09.12.2015

9 Décembre 2017: La provence .com

Au Dôme de Marseille le 8 Décembre 2017

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Marseille : Serge Lama, comme un parfum de nostalgie

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Ils sont de la même génération, ont partagé le même métier et se sont croisés à maintes reprises sur la route des tournées. Hier, au Dôme, Serge Lama avait la gorge nouée quand il a évoqué la mémoire de Johnny Hallyday, à qui un hommage national est rendu aujourd'hui. "Ce soir, ma corporation est en deuil, lâchait le chanteur dès l'entame de son concert. Je pense que Johnny Hallyday n'aurait pas voulu une minute de silence. Alors, je vous demande une minute de bravos." Inutile de préciser que le public lui a obéi chaudement, sans se faire prier. Tout de noir vêtu, un bouc façonné à la manière d'un mousquetaire, l'artiste a déroulé le fil de sa vie et de ses chansons pendant plus de deux heures, faisant flotter un parfum d'émotion et de noirceur dans la salle. Sur scène, ce sont neuf musiciens et choristes qui l'accompagnent, avec un quatuor à cordes exclusivement féminin.

Juste après avoir chanté son émouvant Je débute, tiré de son dernier album (Où sont passés nos rêves) évoquant son trac de débutant en tant qu'artiste, Serge Lama a donc remonté le fil de ses années passées, renouant avec ses anciens succès couchés sur de nouvelles orchestrations. Plus lyriques, plus lisses. Aux arrangements plus léchés. Ses fans ont eu droit à quelques grands classiques comme La chanteuse a 20 ans, Les ballons rouges, Mon ami mon maître, plus quelques nouveautés signées Pascal Obispo, Christophe Maé, Calogero, Julien Clerc ou Maxime Le Forestier.

Même si sa voix est moins puissante et aérienne dans les aigus, l'émotion est toujours intacte dans son interprétation, avec cette façon personnelle et très théâtrale de faire vivre ses sentiments. Il fallait avoir le coeur bien accroché, hier, pour ne pas sombrer dans une franche déprime. Mais comme dirait le poète, les chants désespérés restent quand même les plus beaux.

Philippe Faner

08.12.2015

8 Décembre 2017:Le Dauphiné

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8 Décembre 2017: La provence.com

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Plus de cinquante ans de carrière et toujours un trac de débutant comme il le confie dans sa chanson Je débute, aux paroles bouleversantes de sincérité

Après avoir sorti un album Où sont passés nos rêves dans un style sobre et émouvant qu'il affectionne, Serge Lama est reparti pour une nouvelle tournée. Accompagné de ses musiciens l'artiste interprète ses standards en y ajoutant quelques nouvelles chansons qui devraient, selon lui, "s'inscrire dans la durée". Plus de cinquante ans de carrière et toujours un trac de débutant comme il le confie dans sa chanson Je débute, aux paroles bouleversantes de sincérité.

Ce spectacle que vous présentez est-il différent de celui qui consacrait vos 50 ans de scène ?
Serge Lama : Il est très différent. Il y a les anciennes chansons qui sont incontournables et les nouvelles qui marchent très fort. C'est un spectacle total avec à la fois du grand spectacle et des moments intimistes. On est nombreux sur scène avec neuf musiciens. Ce qui est important, c'est d'arriver à trouver un équilibre. Entre le pas trop et le pas assez. On a chanté à Toulouse récemment, c'était formidable.

L'album qui donne son nom à la tournée contient une chanson qui s'intitule "Je débute". Est-ce vraiment l'impression que vous ressentez aujourd'hui ?
Tout à fait. Vous savez, je n'ai pas l'habitude de tricher. Le fond de ma chanson La chanteuse a 20 ans contient la stricte vérité. On s'aperçoit que ça n'a pas changé. C'est une solitude, une angoisse extrêmement forte, même si elle est différente de celle de mes débuts. C'est un trac plus profond, le trac de celui qui est aujourd'hui conscient de ce qu'il fait. Quand on a 30 ans, on s'en rend moins compte.

C'est un trac plus existentiel, qui vous touche en profondeur...
Oui, là, on ne se sent pas du tout embarqué par la gloire et le succès. Il faut tout réprouver, tout recommencer à zéro tous les soirs. Je vous assure que chaque ville est un combat pour moi. Cela demande beaucoup de concentration.

Pourquoi ne vous contentez-vous pas de faire des disques si la scène vous fait tellement souffrir ?
Faire des disques sans faire de scène, cela n'a aucun sens pour moi. C'est sur scène que les chansons prennent vie. Je pense par exemple à ma chanson Je suis malade.

Y a-t-il des chansons anciennes que vous abordez de manière différente sur le plan vocal ou instrumental ?
C'est certain qu'on chante de manière différente avec le temps. On a beaucoup plus de maturité avec l'âge. Quand j'avais 25-30 ans, j'étais beaucoup plus exubérant. On essaie après, d'en sortir la substantifique moelle, d'en extraire le coeur.

On a l'impression que vous avez toujours la même voix en vous écoutant. Avez-vous une recette particulière pour la conserver intacte ?
Je ne fais rien de particulier. C'est un don qui me vient de ma famille. Mon père chantait. J'ai eu une voix un peu dans le même registre. J'étais baryton Martin, je suis devenu baryton. Je pense que je lui ai piqué des trucs sans même m'en rendre compte.

Pourriez-vous écrire aujourd'hui "Les p'tites femmes de Pigalle" sans vous attirer les foudres de mouvements féministes ?
Il y a beaucoup de chansons que je ne pourrai plus écrire aujourd'hui. Comme Ferré, Brassens ou Brel, s'ils étaient vivants.

Est-ce une situation qui vous inquiète ?
On a l'impression qu'il y a deux files aujourd'hui, avec les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. C'est assez grave, en fait, ce qui se passe.

Regrettez-vous l'époque de vos débuts ?
C'était une époque de liberté totale. On est peut-être allé trop loin dans un sens. Mais il faut dire qu'à l'époque, on était très conservateurs. On est sans doute passé d'un excès à l'autre.

Vous avez fait appel à la fine fleur de la chanson pour ce dernier disque avec Francis Cabrel, Calogero, Julien Clerc... Était-ce un rêve que vous aviez en tête depuis longtemps ?
Oui et j'aurai dû le faire depuis longtemps. Et bizarrement je suis assez timide pour faire ce type de démarche.

Faut-il voir derrière votre titre "Où sont passés nos rêves" un constat d'amertume ?
C'est un constat sur l'échec du XXe siècle avec l'effondrement de toutes les idéologies. Il doit y avoir beaucoup de coeurs désespérés un peu partout.

Le chanteur que vous êtes est-il là pour redonner de l'espoir ?
Un peu d'espoir mais aussi pour mettre le doigt là où ça fait mal. C'est curieux mais quand on dit parfois certaines vérités aux gens, ça leur fait du bien.

Avez-vous la nostalgie d'une certaine époque ?
La nostalgie ne sert à rien. Il faut continuer d'avancer. L'auteur que je suis a réussi à prendre sa place depuis une vingtaine d'années. Il y a aussi, je pense, une adéquation entre l'auteur et son interprète. À l'époque, les gens ne savaient même pas que j'écrivais. Contentons-nous de vivre normalement, sans trop regarder le passé.

Pratique : ce vendredi au Dôme (4e) à 20h30. Tarif : 53/60€.

Propos recueillis par Philippe Faner