Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23.07.2023

23 Juillet 2025:Paris Match

Capture.JPGDurant tout l'été la version web de Paris Match analyse 2 chansons mises face à face 

Capture.JPG

LE MATCH DES TUBES (10 / 40) - En 1967, Serge Lama livre une vision pessimiste de son enfance dans « Les Ballons rouges ». Michel Jonasz, lui, raconte avec mélancolie ses « Vacances au bord de la mer ».

On ne guérit jamais de son enfance. De cette période se nourrissent les souvenirs, les rancœurs et les bonheurs. La chanson française aime se souvenir. Surtout quand la jeunesse est difficile. Serge Lama et Michel Jonasz racontent leur enfance solitaire et pauvre. Le premier se lamente de l’absence de « Ballons rouges » ; le second se souvient de ses « Vacances au bord de la mer ». À chaque fois, cela fait mouche.

Notre plus grand poète chanté, Serge Lama, est un mélancolique. Version triste et revancharde. En 1967, il raconte la détresse d’un enfant qui a grandi dans le dénuement, le symbole étant les ballons rouges. « Dans ces provinces où rien ne bouge, tous mes ballons étaient crevés. Je n’ai pas eu de vraies vacances seul, face à face avec la mer. Quand le cœur rythme la cadence, des mouettes qui nagent dans l’air. » S’inspirant de son enfance, totalement solitaire avec une mère toute-puissante et un père empêché, Lama pousse un cri d’adulte voulant extérioriser ses démons. « Les fées n’étaient pas du voyage quand j’étais gosse dans mon quartier […] Je n’ai pas lu dans les étoiles, le carrosse de Cendrillon. La mienne avait une robe sale, mais elle n’avait pas de chaussons. » « J’ai rien demandé, je n’ai rien eu, j’ai rien donné, j’ai rien reçu » est répété comme une fatalité. Mais de ce vide s’est forgé un combattant. « Et je n’ai pas vu dans l’Histoire quelque guerrier ou quelque roi assoiffé de règne ou de gloire qui soit plus orgueilleux que moi », hurle-t-il. La version live de 1974 est puissante de sincérité.

L’argent ne fait pas le bonheur

En 1975, Michel Jonasz, M. Swing, chante les « vacances au bord de la mer », celles d’une famille de classe moyenne. « On allait au bord de la mer avec mon père, ma sœur, ma mère. On regardait les autres gens. Comme ils dépensaient leur argent », commence-t-il alors que les notes de piano se lancent. La voix de Jonasz calme et cotonneuse épouse parfaitement les paroles de Pierre Grosz. L’argent fait partie intégrante de la chanson. « Les palaces, les restaurants, on ne faisait que passer devant. Et on regardait les bateaux. » Puis : « Et quand les vagues étaient tranquilles, on passait la journée aux îles. Sauf quand on pouvait déjà plus. » Les vacances, en famille, se suffisent. Le décor, la mer, la plage n’ont pas besoin d’activité supplémentaire. La mélodie nostalgique fonctionne merveilleusement et la fin de la chanson - piano et cordes - nous plonge immédiatement, sans mélo, dans la réalité de cette fratrie. Bouleversant.

Florent Barraco

Écrire un commentaire