22.04.2009
22 Avril 2002:Le soir
En concert au Forum de Liège ce samedi 27 avril (04-223.18.18) et au Cirque royal le 28 (02-218.20.15) avant de revenir au palais des Beaux-Arts de Charleroi le 2 octobre
Rencontre : Serge Lama revient sur scène comme sur disque
Lama intimiste
Après de longues années passées davantage sur scène que dans les studios, Serge Lama revient avec un disque et un spectacle intimiste. Un retour en grâce ?...
THIERRY COLJON
Serge Lama a longtemps souffert d'une image réductrice et de plans de carrière pas toujours très pensés. Le grand public qui n'est pas son « fan base » toujours prompt à le suivre dans toutes ses aventures n'a retenu de lui que son côté grande gueule, rire éclatant et mégalomanie entre Napoléon et le symphonique.
Et puis voilà, après sept ans de réflexion, Lama revient avec un album plus calme et poétique, plus mesuré, dépouillé. Et bingo : voilà que tout le monde, à commencer par ceux qui l'ont toujours haï, lui trouve mille qualités :
C'est vrai qu'une certaine presse élitiste me découvre aujourd'hui, comme « Le Monde » ou « Libération » qui m'a toujours craché dessus, nous a nommé un Lama aminci, pour ne pas dire très élégant. Il y a un tel vide aujourd'hui, je pense que certains sont obligés de se retourner vers ce qui compte vraiment. Les maisons de disques ont créé le vide avec leurs compilations, donc elles sont obligées de renouer avec les artistes quinquagénaires.
La sobriété est le maître mot de ce grand retour artistique, public et médiatique. Le piano n'est même plus de la partie, juste des cordes qui, sur scène, se réduiront à trois musiciens :
Grâce à cette formule qui nous a surpris nous-mêmes, les gens ont redécouvert l'auteur, je pense. Jusqu'ici, on ne voit en moi que le chanteur avec sa grosse voix. On m'a même dit récemment : « Ah bon ! Vous écrivez vos textes maintenant ? » Alors que je le fais depuis l'âge de 12 ans. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point le chanteur avait occulté l'auteur. Quand le public vous préfère, il vous définit en même temps, il vous met dans une boîte dont il est très difficile de sortir. Moi, j'ai été partout considéré comme le chanteur sympa, tellement français, qui aime baiser, qui aime les femmes, la vie, qui a une voix forte et un rire d'ogre, pantagruélique... On en oublie que je suis d'abord un homme de mots.
Serge Lama chante, d'ailleurs, sur son nouvel album, qu'ouvre un texte de Verlaine, « Les poètes » ainsi que « Je suis nostalgique ». Ce qui lui ressemble ?
Tous mes disques sont nostalgiques, le contraire est un accident. Mon image de mec exubérant a aussi occulté ça. Alors qu'une chanson comme « Les petites femmes de Pigalle » est dramatique. En fait, c'est parce que j'écris des chansons sur le passé que les gens ne les ont pas oubliées. Pareil pour Aznavour, au contraire de Bécaud par exemple qui chantait la jeunesse et qu'on a oublié. Quand vous chantez le passé, ce n'est pas grave que votre physique vieillisse, c'est plus facile à faire accepter. En fait, tous les chanteurs à regrets ne vieillissent pas...·
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Musique serge lama au forum quand napoléon redevient poète
DIDIER STIERS
Après la sortie de l'album et sa promotion obligée, Serge Lama complète son grand retour par une série de concerts fort séduisants. A moins de n'aimer ni les mots ni la richesse musicale, il est difficile de ne pas lui succomber.
Ce tour de chant est plutôt nouveau, explique-t-il après trois premières chansons, parmi lesquelles un vibrant « Mon ami mon maître ». Evidemment, il y en a des nouvelles. Et de s'excuser, sourire en coin : On va vite vous en mettre deux, comme ça, c'est déjà fait. Suivent alors « Si tu le veux », qu'il précise être aussi libertine que Fragonard, et « Quand est-ce qu'on fait l'amour ». Des extraits de « Feuille à feuille », il y en aura encore d'autres, glissées ici et là entre les incontournables, les tubes et quelques textes des débuts. « Le temps de la rengaine » et « Les jardins ouvriers » se mélangent ainsi intimement, « Voici des fleurs, des fruits » précède « Les Glycines » sur lequel un riff de guitare rageur souligne l'âpreté du propos.
Mais il y a aussi ces minutes d'intimité qui enchantent : les passages a cappella d'« Une île », la complicité avec le seul accordéon sur « Je voudrais tant que tu sois là » ou « Chez moi » L'éclairage à la subtilité travaillée habille l'artiste avec classe, et il n'a pas besoin de le préciser pour s'en rendre compte.
Le rire, celui que les admiratrices des premiers rangs peuvent deviner au fond de ses yeux ou dans quelques rides bien placées, n'est pas absent pour autant. En quelques réflexions, Serge Lama coupe la chique à ceux qui craignaient un spectacle un peu sévère. Le « Gros lot » de « Femme, femme, femme » devient « Le maillon faible ». Un peu plus tôt, il compare le pouvoir qu'il exerce sur ses musiciens à celui qu'aiment les politiques français, actualité oblige Aux groupies, il rappelle avec insistance l'adresse de son hôtel ! Quant à « Superman » et « Les p'tites femmes de Pigalle », ces deux chansons-là bénéficient d'un rapide changement de costume : veste blanche et lunettes de soleil de circonstance.
De ses expériences symphoniques, il ne reste rien. Le groupe qui l'accompagne compte quatre musiciens et une foule d'instruments quasi tous acoustiques. L'accordéon de l'Italien Sergio Tomasi se fait tour à tour violon, piano et orgue. Les percussions de Nicolas Montazaud (Nougaro) donnent une foule de couleurs à la soirée. Place à une indéniable poésie des mots et des images. Lama, s'il se revendique plutôt de Piaf que de Brel, n'en ressuscite pas moins par moments le fantôme du grand Jacques. Sur « D'aventures en aventures », c'est saisissant.
C'était le temps où les chanteurs avaient de la voix... A 59 printemps, Monsieur Serge Chauvier n'a décidément pas que ça ; quelle leçon !·
Serge Lama en concert au Palais des Beaux-Arts de Charleroi le 2 octobre (071/31.12.12).
17:10 Publié dans 2002, La presse des années 2020 | Lien permanent | Commentaires (0)
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