14.10.2020
14 Octobre 2022:La Dépèche
Sorti la semaine dernière, « Aimer » est l’album « ultime » de Serge Lama. Le compositeur toulousain Augustin Charnet a participé à cet adieu tendre et chaleureux qui ose le lyrisme et les violons.
Serge Lama reçoit à domicile, dans son appartement du 7e arrondissement de Paris, avec vue imprenable sur le dôme étincelant des Invalides. Le chanteur est assis dans un large fauteuil Charles Eames, dans un salon où les livres occupent une large place. Une pile est à portée de main. Y figure au sommet le classique de Vassili Grossman que Serge Lama possédait depuis longtemps mais qu’il a enfin eu le temps de lire. Il nous montre la difficile prise en main des quelque 1 200 pages et confie, admiratif : « quelle merveille ! »
Les années récentes ont été difficiles pour l’artiste. Sa dernière tournée – son « ultime » tournée – , qui devait passer pour deux soirs au casino Barrière, à Toulouse, a été décalée puis finalement annulée pour cause d’épidémie. C’est un « immense regret » pour lui mais, complète-t-il rapidement : « c’est la vie ».
Heureusement, il reste l’écriture, geste quotidien pour Serge Lama depuis plus de 60 ans. Cela a donné une magnifique chanson, « L’avenir », pour Florent Pagny. Et puis 12 textes que l’auteur de « Je suis malade » et des « Ballons rouges » a gardés pour lui, constituant un album au titre évocateur puisqu’il s’agit d’« Aimer ». Aimer sur tous les tons, et souvent avec des violons, ciselés par le compagnon des grandes années, Jean-Claude Petit. Si Serge Lama a fait appel à des complices de sa génération comme Yves Gilbert, Marie-Paule Belle ou Roger Loubet à la composition, quelques jeunes se sont glissés dans la famille du chanteur, dont un Toulousain, Augustin Charnet, qui a déjà travaillé avec Christophe, Cali et Disiz. « Son père (l’écrivain Yves Charnet, NDLR) est un ami. Il m’avait dit que son fils était musicien. Je lui ai donc envoyé plusieurs textes pour qu’il me propose des compositions. Il m’a écrit des musiques de folie, d’une grande originalité. Ce garçon est une boule de canon ! Il a une personnalité qui ne laisse pas indifférent. »
Camus et Federer
A l’arrivée, Augustin Charnet est crédité sur trois chansons, très différentes. « Camus » est un des grands titres du disque, hommage d’une tendresse admirative à l’immense écrivain. « Le geste de Roger Federer » est aux antipodes, d’une légèreté sautillante qui fait penser à du Souchon. Quant au « Retraité », c’est le tableau hyperréaliste d’une vie banale, celle d’un homme que personne ne voit, qui se termine dans une tristesse infinie. Soit une large palette, autant dans le choix des mots de Serge Lama que dans les mélodies d’Augustin Charnet. Dans un album au lyrisme fou où l’artiste évoque « Les hommes (qu’il) aime » (« qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent/Qui sont tous éclaboussés d’enfance »), sa petite-fille qu’il adore et appelle « Ti Bijou » (« C’est toi cet élan de bonheur/Qui m’a fait éclater le cœur »), et celles à qui les hommes seraient bien inspirés désormais de « faire l’amour comme une femme » (« Comme on déguste un fruit/Comme on s’agenouille/Comme on prie. »).
La femme que Serge Lama aime aujourd’hui – et qu’il a épousée l’an dernier – s’appelle Luana Santonino. Ils partagent un délicat duo signé Inès Dauxerre et Hélène Blazy. Le titre ? « Aime-moi », évidemment.
10:56 Publié dans 2022, La presse des années 2020 | Lien permanent | Commentaires (0)
Écrire un commentaire