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30.03.2012

30 Mars 2014: Le républicain Lorrain

Publié dans le supplément télé du républicain Lorrain après l'émission du 22 Mars 2014

 

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Quand les chanteurs avaient de la voix


Samedi dernier, j’ai hésité à appuyer sur la touche numéro deux de la zappette : chez Drucker, Serge Lama fêtait le cinquantième anniversaire de sa carrière. Céder à la tentation, c’était nostalgie garantie et larmes à fleur des yeux. Lama, chantant « le temps béni de la rengaine, le temps où les chanteurs avaient de la voix », c’est toute une partie de ma jeunesse. Il a presque le même âge que moi, et quand il passait à la radio ou que l’on posait l’un de ses vinyles sur l’électrophone, nous étions deux à l’écouter… Mon tempérament m’a toujours incitée à regarder devant, mais quand il m’arrive de revenir en arrière, ce qui m’est le plus douloureux, ce sont les chansons que nous avons aimées ensemble.
Tant pis, j’ai plongé et je l’ai retrouvé tel qu’en lui-même, avec son rire d’ogre, son bel appétit de vivre, ses fêlures et sa patte folle, séquelle d’un horrible accident qui lui a dévasté le cœur et a bien failli le détruire tout entier. Il avait invité les copains et les copines de toujours (Bruel, Maurane, Marie-Paule Belle…) pour interpréter les merveilleuses chansons que nous avions tant de plaisir à fredonner : Une île , D’aventure en aventure , Je suis malade , Chez moi , Les ballons rouges , Les glycines et tant d’autres. De grands moments de beauté propices à l’évocation d’une enfance triste, sans billes ni ballons, de la petite cousine de 7 ans dont il était amoureux et dont on le sépara, des débuts aussi, auprès de la grande Barbara, et puis des coups durs et des grandes joies. Une vie, en somme.
Sur le plateau se sont aussi succédé des jeunes chanteurs et chanteuses comme il les aime, dotés de belles et fortes voix. Jolie surprise pour moi, qui ne regarde plus guère les variétés. J’ai ainsi découvert Tal, Emmanuel Moire, Sofia Essaïdi et quelques autres, qui ont su m’émouvoir et me charmer. Dommage que beaucoup d’entre eux, dès lors qu’ils retrouvent leur répertoire personnel, laissent la musique et la mise en scène écraser des paroles qui sont sans doute très belles, mais qui deviennent inaudibles.
Après nous avoir fait écouter son père, qui aurait pu faire une formidable carrière, après avoir chanté lui-même quelques-uns de ses meilleurs titres, Serge Lama a conclu sur une observation pleine de bon sens mais bien trop oubliée : « Les chansons qui durent, ce sont celles que l’on peut chanter juste avec un piano ou une guitare ». Des chansons, ajouterais-je, qui racontent la vie et dont on peut comprendre les paroles sans tendre l’oreille, parce qu’elles ne sont pas polluées par un déluge musical et le piétinement de danseurs compulsifs. Des chansons où mots et mélodie se conjuguent en parfaite harmonie. Des chansons, comme disait Charles Trenet, qui « courent encore dans les rues longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu ».
Monique HECKER

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