12.10.2009
12 Octobre 2000:La dernière heure
Pour Serge Lama, tout est la faute à LouisXV!
Il présente son instrument de travail: la langue française
PARIS A 14 heures, Serge Lama achevait son... petit-déjeuner: `Je ne me couche jamais avant 3 heures du matin. Ce sont des habitudes qui me sont venues à cause de mes années de cabaret et des nombreuses tournées que j'ai faites par la suite. C'est devenu mon rythme normal.´
A propos de tournées, on a l'impression que vous ne faites plus que cela
"C'est un peu vrai. Depuis que je suis revenu à la chanson, en 1995, j'ai donné beaucoup de galas. En 1998, lorsque nous avons tourné avec l'orchestre symphonique, on a fait plus de cent dates, ce qui était énorme compte tenu de ce qu'on déplaçait un truc très gros. Maintenant, je tourne avec une formule plus intimiste, plus minimaliste. Ce qui nous permet d'aller dans des villes où je n'avais plus chanté depuis longtemps. Dès lors, il y a beaucoup plus de galas à mon agenda."
Avez-vous le sentiment que la langue française s'éteint?
"Elle se rétrécit. Je pense que la langue française a gardé ses racines, mais elle est relativement malade. C'est la faute à LouisXV qui a eu la mauvaise idée de ne pas gagner les bonnes batailles pour l'Amérique. Et puis à Napoléon qui a revendu la Louisiane pour deux francs et six sous. C'est là que s'est joué l'avenir de la langue française. Evidemment, on ne pouvait pas savoir que l'Amérique allait devenir ce qu'elle est. Si un tiers des Américains avait parlé le français, les choses seraient différentes..."
Ça vous laisse nostalgique?
"Je fais partie de ceux qui écrivent vraiment. La langue française, en quelque sorte, est mon instrument de travail. En cette époque d'Internet, je constate que cette langue est réduite au strict minimum. De grands romans, comme ceux de Simenon, ont été écrits avec seulement 300 mots. Mais beaucoup de jeunes ne les ont même plus, ces 300 mots. Prenez mon cas. Il n'y a pas si longtemps, j'étais considéré comme un chanteur populaire. Aujourd'hui, on m'a monté d'un cran: je suis devenu presque un intellectuel. La seule chose qui est vraie, c'est que, quelles que soient les couleurs de mes chansons, même pour celles qui sont rigolotes, j'ai toujours essayé d'écrire bien. Aujourd'hui, j'entends beaucoup de chansons qui ont énormément de succès, avec de belles musiques, une idée pas mal au milieu, mais rien de consistant autour. J'avoue que cela m'agace un peu. Car je pense que la même chanson, écrite correctement, proprement, aurait eu le même succès. Et ce n'est pas une question de style. Cabrel, qui écrit sur des musiques country, comme il les aime, a le grand mérite d'écrire des textes dans un français formidable."
Un fils de 19 ans
Votre fils fait partie de cette génération Internet...
"Oui, il a 19 ans! Lui, il m'a vu travailler. Le vendredi soir, lorsqu'il rentrait de pension, il avait droit à Pivot. Il n'empêche qu'il n'a pas la culture que j'avais à son âge. J'étais un très mauvais élève, mais premier en français. Et je lisais énormément. J'ai tout essayé pour attirer mon fils à la lecture. Sa mère aussi. Mais face à un cheval rétif, il n'y a rien à faire Par contre, lui, il n'est pas trop mauvais en math. Et sur le plan musical, il écoute un peu de tout: techno, rap et même Johnny Hallyday. J'ai été très surpris quand il m'a demandé de lui acheter son dernier album. Il m'a aussi obligé à entendre de la techno. Mon oreille n'est pas trop habituée. Mais je crois qu'un certain équilibre est occupé à s'installer, chez Madonna, par exemple, entre l'apport des techniques modernes et les musiques acoustiques. C'est intéressant."
Vous-même, vous pratiquez Internet?
"Ma femme oui. Les gens autour de moi. Mais moi, je ne parviens pas à m'en sortir"
PARIS A 14 heures, Serge Lama achevait son... petit-déjeuner: `Je ne me couche jamais avant 3 heures du matin. Ce sont des habitudes qui me sont venues à cause de mes années de cabaret et des nombreuses tournées que j'ai faites par la suite. C'est devenu mon rythme normal.´
A propos de tournées, on a l'impression que vous ne faites plus que cela
"C'est un peu vrai. Depuis que je suis revenu à la chanson, en 1995, j'ai donné beaucoup de galas. En 1998, lorsque nous avons tourné avec l'orchestre symphonique, on a fait plus de cent dates, ce qui était énorme compte tenu de ce qu'on déplaçait un truc très gros. Maintenant, je tourne avec une formule plus intimiste, plus minimaliste. Ce qui nous permet d'aller dans des villes où je n'avais plus chanté depuis longtemps. Dès lors, il y a beaucoup plus de galas à mon agenda."
Avez-vous le sentiment que la langue française s'éteint?
"Elle se rétrécit. Je pense que la langue française a gardé ses racines, mais elle est relativement malade. C'est la faute à LouisXV qui a eu la mauvaise idée de ne pas gagner les bonnes batailles pour l'Amérique. Et puis à Napoléon qui a revendu la Louisiane pour deux francs et six sous. C'est là que s'est joué l'avenir de la langue française. Evidemment, on ne pouvait pas savoir que l'Amérique allait devenir ce qu'elle est. Si un tiers des Américains avait parlé le français, les choses seraient différentes..."
Ça vous laisse nostalgique?
"Je fais partie de ceux qui écrivent vraiment. La langue française, en quelque sorte, est mon instrument de travail. En cette époque d'Internet, je constate que cette langue est réduite au strict minimum. De grands romans, comme ceux de Simenon, ont été écrits avec seulement 300 mots. Mais beaucoup de jeunes ne les ont même plus, ces 300 mots. Prenez mon cas. Il n'y a pas si longtemps, j'étais considéré comme un chanteur populaire. Aujourd'hui, on m'a monté d'un cran: je suis devenu presque un intellectuel. La seule chose qui est vraie, c'est que, quelles que soient les couleurs de mes chansons, même pour celles qui sont rigolotes, j'ai toujours essayé d'écrire bien. Aujourd'hui, j'entends beaucoup de chansons qui ont énormément de succès, avec de belles musiques, une idée pas mal au milieu, mais rien de consistant autour. J'avoue que cela m'agace un peu. Car je pense que la même chanson, écrite correctement, proprement, aurait eu le même succès. Et ce n'est pas une question de style. Cabrel, qui écrit sur des musiques country, comme il les aime, a le grand mérite d'écrire des textes dans un français formidable."
Un fils de 19 ans
Votre fils fait partie de cette génération Internet...
"Oui, il a 19 ans! Lui, il m'a vu travailler. Le vendredi soir, lorsqu'il rentrait de pension, il avait droit à Pivot. Il n'empêche qu'il n'a pas la culture que j'avais à son âge. J'étais un très mauvais élève, mais premier en français. Et je lisais énormément. J'ai tout essayé pour attirer mon fils à la lecture. Sa mère aussi. Mais face à un cheval rétif, il n'y a rien à faire Par contre, lui, il n'est pas trop mauvais en math. Et sur le plan musical, il écoute un peu de tout: techno, rap et même Johnny Hallyday. J'ai été très surpris quand il m'a demandé de lui acheter son dernier album. Il m'a aussi obligé à entendre de la techno. Mon oreille n'est pas trop habituée. Mais je crois qu'un certain équilibre est occupé à s'installer, chez Madonna, par exemple, entre l'apport des techniques modernes et les musiques acoustiques. C'est intéressant."
Vous-même, vous pratiquez Internet?
"Ma femme oui. Les gens autour de moi. Mais moi, je ne parviens pas à m'en sortir"
Propos recueillis par Eddy Przybylski
15:42 Publié dans 2000, La presse des années 2000 | Lien permanent | Commentaires (0)
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