12.10.2009
12 Octobre 2002:Le progrès
Un second article rédigé avant le concert à l’Intégral à Belley le 12 octobre
Serge Lama: "J'écris dans l'intemporel"
A soixante ans bientôt, Serge Lama fait fi du temps qui passe et son retour acoustique couronne une riche carrière dans la chanson « climatique ». Il est ce soir sur la scène de l'Intégral à Belley.
Inébranlable après quarante ans de carrière jalonnée de bonheurs mais aussi de drames, Serge Lama fait au travers de son nouvel album " Feuilles à feuilles " un retour remarquable et remarqué. Textes intimistes sur musiques acoustiques, une facture classique pour un auteur-interprète fidèle à une certaine tradition. Avant son passage bugiste ce soir dans la nouvelle salle de Belley, l'homme impérial de scène se livre à l'aube de ses soixante printemps.
Sexagénaire. " Comme disait Guitry, c'est quelqu'un qui a 50 et 10 ans Certains sont faits pour avoir 20 ans, moi c'est 40. Je les avais déjà jeune adolescent, avec une maturité très affirmée. J'écrivais des textes très adultes, qui ne sont jamais sortis".
Lignée. "J'ai été sous influence des grands, Barbara, Brel, Brassens Je n'étais pas novateur comme l'a été Gainsbourg que j'admirais. A l'époque, j'écoutais beaucoup la radio où tous les genres étaient mélangés. Mais mon père était chanteur de bel canto et je dévorais la poésie, tout et n'importe quoi. J'aime la langue de Voltaire, épicée de quelques mots d'argot. Mon style, c'est plutôt affaire de climat, comme chez Barbara par exemple".
Philosophie. "Mon terrible accident de voiture en 65 m'a délivré de beaucoup de complexes de jeunesse. La mort a touché celle que j'aimais mais ce qui est bénéfique, c'est que mes cicatrices m'ont donné une nouvelle humanité. Je me croyais invulnérable, j'ai relativisé en ne gardant que la volonté de réussir, avec une énergie incroyable. Mais mon esprit est vaincu de bouts de ferraille puisque mes parents sont décédés aussi d'un accident de voiture".
Acoustique. "Tout en écrivant mes textes, j'étais surtout un chanteur à voix puissante. Le fait de faire de la comédie (Napoléon), ça rend modeste car on est au service de plein de choses, d'autres gens. J'ai arrêté de chanter durant huit ans et à mon retour en 95, je ne chantais plus pareil, constatant que le chanteur des années 70 ne respectait pas toujours l'auteur. J'ai demandé aux musiciens de se mettre au diapason. Après l'expérience symphonique, j'ai souhaité revaloriser les chansons incontournables pour le public. Mon nouvel album est aussi le fruit de ce travail".
Inspiration. " J'ai toujours le besoin de prendre le stylo et de noircir des cahiers, sans censure, jusqu'au disque. L'auteur n'a pas beaucoup changé dans les thèmes qui le préoccupent ! Certaines nouvelles chansons pourraient être écrites il y a trente ans. Parfois, j'en sors une pondue il y a vingt ans sans que personne ne le remarque. Le temps n'existe pas chez moi, j'écris dans l'intemporel".
Désirs. "Avec l'âge, on acquiert surtout une totale liberté, permettant de travailler sans calcul ni compromis. Je vais concrétiser un désir le 11 février prochain par une grande fête à Bercy pour mon anniversaire. Sinon, j'aurais plaisir à ce qu’on me donne un beau rôle dans une pièce classique, mais en série limitée, car le théâtre prend trop la vie ! Je pense que c'est une erreur de vouloir remplir le temps de projets, car on risque de se précipiter".
Coups de cœur. " Mes repérages vont vers des chanteurs qui sont dans la tradition mais qui renouvellent le genre. Je pense à des gens comme Miossec, Dominique A, Arthur H. ou Thomas Fersen. Récemment, j'ai découvert une chanteuse qui s'appelle Robert ( !), une copine à Amélie Nothomb qui a une personnalité originale, entre Barbara et Mylène Farmer".
Proposés par MICHEL CLAVEL
18:11 Publié dans 2002, La presse des années 2000 | Lien permanent | Commentaires (0)
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