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01.06.2009

Juin 1989: Pêcheur d'étoiles

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En 1989, l'impresario de Serge lama publiait ce livre  voici quelques extraits concernant Serge .

Un jour , en 1964,l'envie me vient d'aller voir Brassens répéter à Bobino (...)

Petit, cet immense garçon à l'épi rebelle, qui justement répète à cet instant, Voix grave, puissante, des textes alliant pathétique et gouaille, un vrai fils de Piaf et Chevalier, que l'on va certainement comparer à Jacques Brel (...)

S'il est peu connu du métier, il a déja chanté, tête au plafond, au cabaret l'Ecluse sur les quais , aux cotés d'une autre apprentie vedette, Barbara. Il a même été lauréat des Relais de la chanson de l'Humanité. Ses textes doux amers me frappent d'emblée.(....)

Après son accident, à l'hôpital d'Aix , une infirmière dépasse largement ses horaires pour le soigner. A l'hôpital Saint Antoine, Daisy Brun, attachée de presse de la maison Philips, le fait tout de suite entourer par une dizaine de gens importants du métier, ses futurs supporters. Il la voit de suite en robe blanche à ses côtés.....

Marcel, régisseur du théatre des Capucines et romancier, l'héberge, le soigne, le nourrit. Il pilera des coquilles d'oeuf dans son potage préparé avec affection, pour consolider ses os. (...)

Avec Daisy et son équipe, Marcel Amont, Enrico Macias nous le soutenons en une extraordinaire conspiration amicale. Le métier le reprend . Un compositeur Yves Gilbert est là tous les jours. Ils écrivent des dizaines de chansons. (..)

Debout il est directement engagé à l'Olympia, quatre chansons dans le programme de Nana Mouskouri, Freiné si longtemps, il ne les chante pas, il les crie. Sa maison de disque ne suivant pas je récupère son contrat contre une caisse de champagne!! (...)

Bobino avec Georges Chelon en vedette. Sept chansons que Serge accepte enfin...de chanter. Sept succès!. Je lui avais demandé d'utiliser sa voix, depuis son enfance, il entendait reprocher à son père Georges Chauvier, jeune premier d'opérette de trop "chanter", d'être trop classique. Il la découvre enfin, sa voix toute neuve. Il va s'envoler. Il gagne. (...)

Serge se produit au Don Camillo, il partage son cachet avec Yves Gilbert, son pianiste, ouvre une table au restaurant La Terrasse et y invite tous les gens important de la profession. Tous ses gains sont ainsi réinvestis; il aborde son métier comme peu de personnes le font.

Nous réattaquons bobino en vedette! La salle réalisera la plus petite recette jamais enregistrée (...)

J'organise, chez moi, le 11 Février 1971, une fête d'anniversaire, champagne et caviar pour Serge et maxime le Forestier (ils sont nés à la même date). le sapin de Nôel n'est pas encore déplumé , deux rouleaux enrubannés s'y accrochent! Les garçons intrigués ouvrent , déplient lisent et c'est la farandole: un contrat en vedette, pour chacun d'eux, la saison suivante à l'Olympia. Ils s'en retournent ivres de joie. Tremblement de terre en Septembre: conférence de presse à l'Olympia au cours de laquelle les vedettes de la saison sont annoncées: pas de  Maxime, pas de Serge! A l'Olympia, je m'inquiète, je me révolte. C'est le mur! "Ce théatre est difficile à gérer, c'est chaque fois une bataille navale. Je n'y peux rien , je regrette"

Je pars les larmes aux yeux , et je bouscule dans l'escalier, l'ami, l'ange gardien, le porte- bonheur, Jean Michel Boris avec qui je conclus le fameux Musicorama du 11 Février 1972.

Je dois maintenant informer Serge, lui expliquer la lutte constante de notre métier contre une adversité fantôme, les obstacles qui nous retardent mais que nous franchirons. Il faut tenir, je le console....mais c'est lui qui, de son sourire me console. Il sait la revanche et la victoire proches, les chansons de son prochain album sont encourageantes : Les glycines, l'enfant d'un autre,la chanteuse à vingt ans....(...)

Musicorama, Ambiance surchauffée et pépins en chaine; pépins merveilleux mais pépins quand même. Le public, enthousiaste , refuse de laisser partir ses vedettes. Green et Lejeune dépassent de dix minutes le temps qui leur est imparti. Maxime , qui prévoit six chansons doit en aligner quinze, tour de chant de star. Les Calchakis entrent en scène à 23 heures, et triomphent encore à 23h45.

Serge va t'il commencer après minuit? Les spectateurs resteront ils après le dernier métro?

Un clin d'oeil de réconfort dans ma direction et Serge plonge dans l'arc de lumière. Il nous coupe le souffle. A 1 h du matin, l'enthousiasme du public l'oblige à recommencer l'intégralité de son tour de chant. Rares moments! (...)

Le lendemain la vedette engagée pour quatre semaines refuse les prolongations malgré son succès. Les élections législatives sont proches, elle craint une diminution de l'affluence.(...)

Serge nous demande de foncer, je dois à nouveau monter une première partie. (...)

Tristement grises sont les affiches de la campagne électorale. alors en plein Paris éclate l'affiche sanglante de Serge. On ne voit plus qu'elle (...)

Le succès appelera le succès. Roland Hubert, le principal producteur des tournées de province, se précipite vers nous. Il associera une grande partie de sa vie à la notre, inaugure le premier spectacle de variété du Palais des congrès, immense vaisseau qui terrifie les grandes vedettes. Serge affronte la difficulté et ce sera aussi le premier grand spectacle parisien de Roland Hubert. (...)

L'intendance, les rendez vous, tous les détails petits et grands qui entourent la vie d'une vedette sont assurés par Simone, une Marouani, qui se trouve être ma soeur. Elle est l'oreille de Serge, l'amie, la confidente. La troupe entière l'accepte comme un chef.

L'accident de 1965, s'il a meurtri son corps, a fortifié la passion dévorante de Serge pour son métier. La scène explose sous ses pas. L'argent n'est pas sa préoccupation. Il a fait sienne notre devise: "Ne cours pas après le fric, il saura te rattraper !"(...)

C'est bien "sabre au clair" que nous étions allés au Châtelet, nous avions la certitude que le 'Don Juan' projeté par Serge serait accepté d'emblée.

La direction fait la fine bouche. C'est un refus déguisé...Même après ses succès du palais des congrès, Serge rêvait de chanter au Châtelet, d'offrir cette revanche à son père."ils ne veulent pas de mon don Juan, alors j'écrirai un Napoléon.

Les chansons sont écrites en deux mois, musiques d'Yves Gilbert. Le double album est une grande réussite. (...) Un jour Thierry le Luron conseille à Serge le théâtre Marigny où il vient de passer deux saisons. Mille places, c'est peu. Thierry insiste. Ce sera Marigny. L'épopée... (..)


 

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Bobino:octobre 1964

photo: (Ph Lipnitzki- viollet)





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