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15.02.2009

15 Fevrier 2009: Nord Eclair

Interview de Serge lama avant le concert du 21 mars au colisée de Roubaix

 

Serge Lama fait le bilan

 

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Peut-on dire que « L'âge d'horizons » est l'album de l'apaisement ?
>> C'est l'album d'un homme qui fait son métier avec passion et plaisir et qui ne cherche pas à prouver quelque chose. Ce qui n'empêche que j'en ai encore sous la pédale. J'ai écrit énormément et j'ai choisi des chansons originales par rapport à ce que j'ai déjà dans mon tour de chant.

Qu'entendez-vous par l'âge d'horizons ?
>> C'est l'âge où on regarde les choses et la vie d'une manière plus tranquille. La mauvaise ambition et le mauvais orgueil disparaissent. Quand on a 25-30 ans, la moindre chose est catastrophique.

L'envie est-elle toujours intacte ?
>> Complètement. Depuis le début, je suis vraiment impliqué dans mon métier.
J'ai toujours dit que mon métier représentait 150 %. Aujourd'hui, ce n'est plus que 75 % mais si on compte bien, ça fait beaucoup.

On sait que vous avez gardé des séquelles d'un terrible accident de voiture. Est-ce difficile la scène sur un plan physique ?
>> D'année en année, mon physique me fait un peu plus souffrir. À partir du moment où on reprend la route, avec les contraintes et les pressions que ça comporte, mon corps en prend un coup. C'est lui qui va me dicter mon avenir. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle je fais d'abord une tournée d'un mois, pour voir où j'en suis.

Dans la chanson d'ouverture « D'où qu'on parte », vous écrivez : « C'est pas nous qui tenons les cartes »...
>> J'ai toujours eu un sens aigu de la fatalité. Je pense qu'il y a des carrefours dans la vie qu'on ne peut pas éviter. Je ne suis même pas sûr qu'on ait notre libre arbitre. Inévitablement, les deltas, qu'ils soient dans une vie modeste ou sous les hautes sphères, aboutissent toujours à la même chose : on arrive et on repart tout seul.

« Ma vie s'éloigne à vue de deuils, j'ai vu clouer tant de cercueils » dites-vous dans « J'arrive à l'heure ». C'est assez sombre, voire désespéré ?
>> Il y a aussi un plaisir d'écriture. J'écris beaucoup pour des mots. Je suis souvent pris dans une sorte de tourbillon. En même temps, J'arrive à l'heure est une chanson biographique pour ma génération. Pour beaucoup de gens, il y a un âge où vivre est fatigant. J'ai connu aussi des grands jouisseurs qui ont perdu leur libido et ils ne s'en remettent pas.

Aucun remords, aucun regret sur votre parcours ?
>> J'ai vécu ma vie comme chantait Aznavour. Je referais certainement la même chose si je devais recommencer parce que c'est dans mon caractère. Et puis, j'ai 65 ans donc je suis plus près du bout que du début.

Comment vous êtes-vous arrangé avec le bonheur ?
>> Je n'ai jamais eu le temps d'être heureux. J'étais trop occupé par ma carrière, j'étais dans ce qu'on appelle la fuite en avant. On n'a pas le temps de se demander qui on est, on ne sait même plus si on existe. Pendant trente ans de ma vie, j'étais la chose que je faisais. Maintenant, je suis plus conscient, je vis davantage pour moi.

Estimez-vous avoir musclé votre écriture au fil des années ?
>> C'est ce que pas mal de gens me disent. Je pense qu'il y a eu un après Napoléon. En 1994, l'auteur était différent de celui qui écrivait dix ans plus tôt. La différence s'est faite là. Et pour le chanteur, c'était la même chose.

Il vous colle à la peau ce Napoléon ?
>> C'est ce qu'on me demande le plus. Napoléon a été, quoiqu'on en dise, la première comédie musicale qui a eu du succès. Au départ, Starmania avait fait un mois en 1979 au Palais des Congrès avant d'être arrêtée.

Pourriez-vous rejouer un jour cette comédie musicale ?
>> Je ne sais pas. En tout cas, pas sous la forme dans laquelle elle était. Les gens retrouveraient leurs souvenirs, mais en moins bien.

« Lampe à pétrole » est dédiée à Brassens et à votre grand-mère. Que représentait cette dernière pour vous ?
>> C'était une femme que j'ai beaucoup aimée et réciproquement. Elle était analphabète et bergère. Elle a rencontré un notable avec lequel elle a vécu maritalement. Il y avait une grosse différence d'âge entre eux et quand il est mort, elle s'est retrouvée à la rue. Elle a été chassée par sa belle-famille et elle a eu une vie assez épouvantable.

Même chose pour la chanson « Accident d'amour » dédiée à un Bordelais. Celui-ci ne serait-il pas Bertrand Cantat ?
>> Vous avez vu juste. Celui qui le voit, tant mieux. Les choses sont jugées. Il a payé quand même de manière lourde un crime passionnel. Il a été beaucoup attaqué à l'époque. J'avais envie de lui faire un petit signe en retour.

Êtes-vous du côté de ceux qui prônent son retour artistique ?
>> Il ne va pas s'arrêter de vivre. Ou alors on n'a qu'à lui donner la peine de mort. À partir du moment où il est libéré, il a quand même le droit de chanter puisque c'est son métier.

Est-il vrai qu'initialement les maisons de disques avaient refusé de sortir « Je suis malade » ?
>> Absolument. Je pense qu'aujourd'hui ce serait pareil. On me dirait : « Ne penses-tu pas que ça va plomber les gens ? ». À l'époque, cela a été une bataille terrible. J'ai failli donner ma démission. Daniel Guichard m'a dit avec beaucoup d'honnêteté que Je suis malade allait être un bide royal. Mon père pareil. Ils ramenaient ça à des choses physiques qui les gênaient.

On vous a souvent catalogué comme le chanteur de « Femme, femme, femme » ou « Les petites femmes de Pigalle ». N'y a-t-il pas eu erreur sur la personne ?
>> Il y a eu une focalisation sur un tiers de ma personnalité. Les deux autres tiers ont été complètement occultés. Cela était une chose difficile pour moi. Je suis quelqu'un de gris, de nostalgique et, sans prétention, de profond. Je pense que la partie la plus importante de l'iceberg a été immergée. Ce sont aussi des titres qui arrangeaient les radios.

 

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