13.11.2009
13 Novembre 1988: France Dimanche
Week end de la Toussaint, week end meurtrier sur les routes. Cette année là France 2 lance une grande campagne de sensibilisation c'est l'opération Drapeau Blanc.
A cette occasion un entretien avec serge Lama est publiée dans France dimanche.
Cette opération des dizaines de vedettes l'ont soutenue publiquement. Serge Lama bien entendu en faisait parti, lui qui a vu à deux reprises sa vie bouleversée par des accidents de la route.
Ce cauchemar, il a accepté de nous en parler longuement, près de Lille où nous l'avons retrouvé durant ce long week end de Toussaint.
"Oui c'est vrai nous a t'il dit déclaré, 23 ans après mon accident il me reste de telles sequelles que je vis dans l'angoisse en me disant qu'un jour je ne pourrai peut être plus marcher. En effet, ma jambe gauche est pratiquement morte et pour la soutenir je devrai porter toute ma vie une bottine renforcée, surmontée d'une tige qui va jusqu'au genou. La médecine a fait de grands progrès mais en neurochirurgie, ils n'ont pas encore réussi à reconstituer un nerf qui est sectionné. Et c'est précisément mon cas...
Le plus grave depuis cet accident c'est que j'ai une jambe nettement plus courte que l'autre. Au début, après ma réeducation, je boitais de façon épouvantable. Peu à peu, j'ai appris à me façonner une démarche mais tout mon corps en souffre: mes hanches, ma colonne vertébrale sont denenues de véritables foyers d'arthrose que l'on ne peut pas soigner.
Moralement , c'est assez dur à supporter. J'aurais adoré comme mes copains jouer au tennis ou au football mais il n'en est bien sure pas question. J'ai des ordres très stricts pour m'économiser le plus possible, faire durer mon corps le plus longtemps possible."
Un calvaire qui remonte au 13 Aout 65 près d'Aix en Provence. Dans une 404 que pilote Jean Claude Macias,le frère d'Enrico Macias, il y a Serge Lama et sa fiancée Liliane Benelli. A cette époque Serge est peu connu et il commence sa carrière en donnant des récitals un peu dans toute la France. Soudain pour une raison inconnue la voiture qui roule à vive allure, en pleine ligne droite va s'encastrer dans un platane. Liliane Benelli la fiancée de Serge est tuée sur le coup. Jean Claude Macias ,lui, meurt, quelques heures plus tard à l'hopital La Timone à Marseille. Quand à Serge il reste coincé à la place du passagé avant de la voiture. Son corps est brisé en de multiples endroits....
"Ce qui m'attendait dit Serge Lama c'était la perspective de passer le reste de mes jours dans un fauteuil d'infirme. Deux mois après l'accident j'ai été transporté de l'hôpital d'Aix à Cochin à Paris. Mais mon état ne s'améliorait pas beaucoup."
Pour soulager ses douleurs, les injections de morphine se succèdent. "J'ai senti le danger et j'ai voulu arrêter immédiatement mais que c'est difficile de résister à la tentation de ne plus souffrir! Une fois alors qu'on venait de me remettre la mâchoire en place, la douleur était tellement intolérable que j'avais l'impression que ma tête allait éclater. Alors en tâtonnant j'ai cherché la sonnette d'urgence mais au dernier moment je me suis ravisé. J'ai résisté de toutes mes forces et je n'ai pas sonné."
Après de long mois d'immobilité il lui reste une autre épreuve douloureuse à surmonter : la réeducation.
"Quand je l'ai commencé, il y avait un an et demi que je n'avais pas mis les pieds par terre. La première fois j'ai réussi à déplacer mes pieds de quelques milimètres seulement. J'étais cramponné à mes béquilles. Je ruisselais de sueur. La douleur de mes jambes irradiait petit à petit dans tout mon corps. Mais j'ai trouvé la force de continuer car je pensais, il faut que tu marches si tu veux reprendre ton metier.
Mon premier exploit a été de faire deux pas,puis trois.....chaque victoire se soldait par des heures de souffrance mais j'endurais le mal sans me plaindre. Un jour j'ai tellement forcé sur mes jambes que je me suis évanoui. Je suis tombé comme une masse sur le sol. Quand je suis revenu à moi je me suis mis à hurler, tant mon corps était douloureux. Les infirmiers avaient apporté un brancard et voulaient me ramener dans ma chambre mais j'ai refusé. J'ai demandé au médecin réeducateur combien de temps la séance devait durer. Il m'a répondu un quart d'heure J'avais donc encore 8 minutes a faire et j'ai repris mes béquilles. Je pleurais en reprenant mon exercice mais pour rien au monde je n'aurais voulu abandonner."
Enfin serge Lama finit par sortir du centre de réeducation. Ce qui ne signifie pas qu'il sort de son calvaire.
"J'étais hanté par l'idée que je continuerais à boiter. Alors je m'imposais de faire chaque jour, le tour de mon quartier appuyé sur deux cannes. Je m'obligeais aussi à sortir. J'allais à pied de la place des invalides jusqu'à l'Olympia sur les boulevards. Plusieurs fois pendant le trajet, j'ai failli tomber en syncope mais je serrais les dents et je poursuivais mon chemin."
Enfin en Septembre 67 , Serge remporte une fantastique victoire, il peut reprendre son metier.
La fatalité va s'acharner une deuxième fois puisque le 14 décembre 1984 se sont ses parents qui sont victime d'un terrible accident. Un chauffard lancé à vive allure au volant d'une lancia s'encastre dans leur voiture. Son père est tué sur le coup. Sa mère est transportée dans un état critique vers un service de réanimation du CHU de Bordeaux. Elle décèdera le 3 Avril 1985 sans jamais avoir repris connaissance. Encore aujourd'hui Serge en parle à peine, toujours bouleversé par son chagrin.
Alors la prochaine fois que vous monterez dans votre voiture, ayez à l'esprit tout ce qu'a enduré Serge Lama et tout ce qu'il supporte encore aujourd'hui. Et faites en sorte que cela n'arrive plus, ni à vous, ni aux autres.
17:02 Publié dans 1988, La presse des années 1980 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
je te suis depuis 50 ans; remplie d'admiration; j'ai eu un accident à 22 ans,coma de nombreuses fractures puis je ne pouvais plus marcher entre autre parce que j'avais un buzz au cervelet j'ai du réapprendre à marcher en me concentrant;cela a duré un an; après cela entre deux bus je me trouvais par terre deux fois. lorsque j'ai passé mon permis, c'est ma voiture que je mettais dans le sens inverse. bonne continuation.
Écrit par : tomi | 11.11.2012
Encore Francine Lafontaine de Québec.
Précisions: 1988 et non 1982 tel qu'inscrit dans mon courriel précédant. Petit déj avec Christine DeLaroche et ses enfants, leur nounou/prof. et Simone. Le spectacle avait été enregistré à la Place des Arts de Montréal. Je suis toujours à la recherche d'une copie de ce spectacle. Merci
Écrit par : Francine Lafontaine | 08.03.2014
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