Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13.06.2009

13 Juin 2010 : France Soir

Suite à sa participation au Festival Radio Classique le 12 juin, le quotidien France Soir publiait cette interview

France Soir - 2010.JPG

 

 

France Soir - 2010b.JPG

 

Serge Lama : “J’ai voulu venger mon père”

 

 Pour sa deuxième édition, le festival Radio Classique, qui se tiendra à L’Olympia les 12 et 13 juin, a invité le chanteur Serge Lama à présenter l’un de ses trois concerts.

Fidèle à lui-même, Serge Lama ne dissimule rien. Ni ses blessures d’enfance, ni son dégoût face à une société que ce grand lucide dénonce sans retenue.

France-Soir Le grand public ignorait que vous étiez amateur de musique classique.

Serge Lama Amateur, oui ; spécialiste, certainement pas. Ma culture est celle de la musique populaire. Celle de Luis Mariano notamment, dont j’écoutais les disques avec mon père, chanteur d’opérette et premier prix de conservatoire de Bordeaux. Ce qui ne m’empêchait pas d’apprécier et Verdi et Puccini.

F.-S. Pourtant, vous n’avez pas mis vos pas dans ceux de votre père…

S. L. Vous savez comment sont les jeunes, toute époque confondue : par principe, ils se refusent souvent à emprunter les mêmes chemins que leurs parents. Et puis, dans les années 1950 et 1960, l’opérette n’était plus à la mode, elle n’offrait plus aucune perspective, alors que la variété française, elle, connaissait un nouvel essor, avec Bécaud, Brel et Brassens. J’y ai aussitôt vu une opportunité de faire quelque chose de ma vie. Sans singer mon père. En traçant ma propre route d’interprète. Et d’auteur.

F.-S. Vous avez aussi signé les textes d’une comédie musicale sur Napoléon dans les années 1980 et écrit un recueil de textes érotiques, Sentiments, sexe, solitude. L’écriture n’est-elle pas, au fond, votre véritable vocation ?

S. L. Sans aucun doute. Mais l’échec professionnel de mon père, obligé de vendre des bières pour survivre, m’a profondément bouleversé. J’ai voulu le venger, en devenant à mon tour chanteur, même si j’ai évolué dans un univers aux antipodes du sien.

F.-S. Rétrospectivement, quel est votre regard sur plus de quarante ans de carrière ?

S. L. Celui d’un artiste comblé. Si, à mes débuts, on m’avait promis le parcours que j’ai eu, j’aurais signé des deux mains. A 67 ans, je continue de faire salle pleine. Que puis-je demander de plus ?

“Moi, chanteur populaire, je suis souvent vu par les jeunes comme un chanteur intellectuel. Un comble !”

F.-S. Etes-vous toujours un être désabusé qui pense que « tout fout le camp » ?

S. L. Encore plus hier qu’aujourd’hui. Notre société n’évolue pas, elle régresse.

F.-S. Vous êtes d’un pessimisme noir…

S. L. Je suis surtout réaliste. Le passionné d’histoire que je suis voit se reproduire des phénomènes qui ont déjà été dénoncés par nos aînés. Regardez la crise financière. Comme en 1929, on a encouragé les gens à spéculer sans garde-fous, au risque de mettre l’économie mondiale à terre. Je ne suis pas contre le capitalisme, je suis contre le capitalisme sans foi ni loi.

F.-S. Et, en termes culturels, selon vous, sommes-nous sur la même pente ?

S. L. L’inculture est partout. Et l’école enseigne surtout l’ignorance. Les gens n’ont plus aucune base. A tel point que, moi, chanteur populaire, je suis souvent vu par les jeunes comme un chanteur intellectuel. Un comble !

F.-S. Vous qui avez été le représentant français au Concours de l’Eurovision en 1971, quel jugement portez-vous sur des émissions telles que la Nouvelle Star ?

S. L. Les télé-crochets existent depuis près d’un demi-siècle. Elles peuvent avoir encore de nos jours toute leur place. Pour autant, ce à quoi on assiste dans les émissions actuelles, c’est à une mise en valeur des membres du jury. Pas à celle des candidats.

F.-S. En filigrane, ce que vous dénoncez, ce sont les programmes télévisés, tels qu’ils sont conçus…

S. L. Je ne m’en cache pas. Et quand il s’agit de chansons françaises, je rue dans les brancards ! La plupart des dirigeants de chaînes, tous ces diplômés des grandes écoles, ne savent rien des goûts des gens. Ils sont convaincus que le public est en attente de voix murmurées, de filets de voix. Je ne le crois pas ! Quoi qu’il en soit, avec mon puissant organe, si j’avais débuté dans les années 2000, mes chances auraient été plus que limitées.

 
Par Propos recueillis par Stéphane Haïk

Commentaires

Grand MERCI Anne pour tous ces articles.

Écrit par : Jacqueline | 26.08.2010

Les commentaires sont fermés.