22.01.2009
22 janvier 2007 : La dernière heure
Le journal belge LA DERNIERE HEURE consacrait un article sur Serge Lama le 22 janvier 2007.
Les trois S de Serge Lama (22/01/2007) 280 poèmes sur le sentiment, le sexe et la solitude
BRUXELLES Lorsque Serge Lama parle de ce qui est son premier livre, Sentiment Sexe Solitude (aux éditions Anne Carrière), il pourrait remplir en une heure de conversation les 130 pages de textes qu'il a signées. Tant il est passionné et volubile. Dans les faits, il s'agit d'un recueil de 280 poèmes classés dans les trois thèmes : sentiment, sexe et solitude : "Et ces trois parties, explique le chanteur, sont elles-mêmes subdivisées et conçues pour aller de l'un à l'autre. Plus on avance dans la partie Sentiment et plus ça parle déjà de Sexe. Et cette partie Sexe parle des femmes, des nymphomanes, des homosexuelles femmes et des homosexuels hommes avec un côté de plus en plus sombre qui amène à la partie Solitude. J'ai essayé de faire évoluer ces textes de manière précise et rationnelle. Alors, c'est vrai que, dans les interviews, on ne me parle que des textes sur le sexe. Mais sur les 280 poèmes du livre, il n'y en a que 150 qui traitent du sexe et seulement une trentaine qui sont scabreux. Je sais que certaines personnes seront choquées. Mais je suis convaincu aussi que ces personnes-là finiront par me comprendre. J'ai voulu passer par le scabreux parce que je portais ça en moi et ça me culpabilisait. Je l'ai fait et ce fut une bonne thérapie pour mon coeur, pour mon âme et pour mon corps. Bien sûr, on a essayé de m'en empêcher. Mais j'ai connu ça aussi avec mes chansons. Même Je suis malade, ma maison de disques et mon propre père pensaient qu'avec un titre pareil, j'allais faire fuir les gens. On s'est obstiné et ce fut mon plus grand succès." Ces poèmes, vous les avez écrits pour le livre ou ce sont des idées accumulées avec les années, en vu de chansons ? "Depuis des années, j'écris tous les jours. Je suis en permanence à la recherche de rimes. Je ne lis jamais un bouquin sans annoter partout. Et quand je me mets à écrire, c'est la folie, je n'arrête pas. J'ai d'ailleurs l'impression que c'est ma plume qui écrit, que ce n'est pas moi. Cela m'est arrivé d'écrire trois chansons très différentes, l'une à la suite de l'autre. J'ai donc des milliers de chansons qui ne sont pas sorties. Mais j'ai aussi des milliers de textes qui ne sont pas des chansons. Alors, c'est vrai que c'est tout fouillé et tout trié. Mais j'ai aussi tout réécrit, si bien qu'au final, oui, ceci est un travail neuf." Les gens sont prêts, aujourd'hui, à lire un livre de poésies ? "Je ne le sais pas. Ce que je sais, c'est qu'au lieu de me vilipender comme ils l'ont fait, les critiques spécialisés devraient louer au contraire un chanteur populaire qui se met à projeter un art très difficile. Il faut convenir qu'aujourd'hui, les poètes s'achètent entre eux. Peut-être parce qu'ils sont devenus tellement hermétiques qu'on ne les comprend plus. Ils disent que le propos n'est pas de comprendre, qu'il est de ressentir. Mais on comprenait tous les grands auteurs du 19e siècle et ça n'empêchait pas de les ressentir en même temps. C'est parce que la poésie est devenue l'affaire d'initiés, que la chanson l'a remplacée. Or la chanson n'est pas de la poésie car, dans la chanson, on est enfermé par les exigences de la musique. Dans la poésie, je n'avais que la musique que j'ai voulu mettre, moi ! Ce qui donne un grand sentiment de satisfaction, même si je suis conscient que ce n'est pas parfait. Un texte n'est jamais parfait. Même dans mes chansons les plus connues, il y a toujours deux ou trois phrases dont je ne suis pas totalement satisfait. Et parfois, je change quelque chose même au bout de plusieurs années." Serge Lama, Sentiment Sexe Solitude, éditions Anne Carrière.
Serge Lama chantera le 8 févrierau Théâtre de Namur, le 9 au Wex de Marche-en-Famenne, le 10 au Théâtre Royal de Mons et le 11 à Remouchamps
Propos recueillis par Eddy Przybylski
"J'écris avec une plume féminine"
BRUXELLES Serge Lama prétend que ce livre met en exergue sa part de féminité dans Sentiment et Sexe, et sa part masculine dans Solitude. Ce qui peut surprendre. Il s'en explique : "Je ressens très profondément la jouissance d'une femme et ce n'est pas un hasard si j'ai toujours eu un public essentiellement féminin. Je pense que j'ai une plume féminine pour écrire mes chansons. Je chante D'aventures en aventures mais c'est une femme qui devrait défendre ce texte. Si Dalida a voulu reprendre Je suis malade, ce n'est pas pour rien. Je suis certain aussi que si une femme chantait Je te partage, elle aurait un grand succès. La solitude, par contre, est un sentiment d'homme. Les femmes se croient seules, les hommes le sont ! Les femmes se disent seules parce qu'elles sont insatisfaites, essentiellement à cause des hommes. Les femmes sont à la recherche de quelque chose qui n'existe pas, elles ont un besoin d'utopie, d'absolu dans l'amour. L''homme, c'est autre chose. La solitude fait partie de sa nature. Et sa solitude le rend créatif ! C'est pour cela qu'il sera inventeur, aventurier, explorateur... Je crois en cette phrase d'Almodovar qui disait que l'homme et la femme sont irréconciliables et, dans mon livre, je fais allusion au Banquet de Platon qui évoque la nostalgie d'un temps où les humains étaient hermaphrodites avant d'être séparés en deux sexes. Depuis cette coupure, on est devenus des étrangers qui se retrouvent dans une relation très difficile à vivre. Les femmes veulent un nid, les hommes veulent un bateau. Et les femmes, pour avoir leur nid, veulent emprisonner les hommes." À la grande question, l'homme et la femme sont-ils ou non monogames : "Les hommes, en tout cas, sont profondément polygames. Depuis le féminisme, ils n'osent plus le dire. Si bien que le féminisme a rendu les hommes plus menteurs qu'ils ne l'étaient. Et ce n'est pas peu dire. Il a aussi dévirilisé les hommes. Le féminisme a permis aux femmes de gagner quelques petites choses mais je suis persuadé qu'il les laisse plus malheureuses qu'avant. Pour moi, la femme idéale est la femme qui ne cherche pas à être un homme."
06:45 Publié dans 2007, La presse des années 2000 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : serge lama
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