25.09.2009
25 septembre 2006 : Le Nouvelliste
Trois-Rivières
On l’a vu dimanche dernier sur le panel de l’émission Tout le monde en parle, on le verra vendredi sur les planches de la salle J.-Antonio-Thompson de Trois-Rivières et le 28 octobre à Shawinigan. Serge Lama en a pour trois mois à parcourir ainsi le Québec, sur la route de son spectacle Accordéonissi-mots. Il nous arrive avec plus de 300 représentations dans le corps, et il en est le premier surpris. «On était parti pour quatre mois et ça fait quatre ans maintenant. On est toujours surpris par un succès et souvent, on ne peut pas comprendre. Le mystère demeure.»
Comme le nom de son spectacle l’indique, l’accordéon y prend une place de choix en présence du virtuose en la matière, Sergio Tomassi. «L’accordéon me permet beaucoup plus de possibilités sur le plan des orchestrations. J’ai abandonné le piano il y a une dizaine d’années. Il me faisait trop de concurrence», dit-il.
«L’accordéon me permet de moins pousser ma voix, d’être plus peinard sur scène. C’est un instrument de peintre, qui donne des couleurs différentes.»
L’accordéon se colle d’ailleurs aisément aux notes nostalgiques qui peuplent une belle portion de l’univers de Serge Lama. Sauf que depuis peu, c’est un tout autre espace de création qui est devenu son terrain de jeu puisqu’il s’apprête à publier un recueil de poèmes érotico-romantiques, dit-il.
Le chanteur estime que son projet devrait prendre vie l’an prochain. Mais jusque-là, il ne se commettra pas sur scène.
Dans son entourage, on aimerait bien qu’il tente la lecture d’un ou deux poèmes sur scène, mais l’auteur s’y refuse. «On peut dire des mots extrêmement crus par écrit mais oralement, c’est plus difficile. Les mots prennent une autre connotation et ça passe un peu moins bien. Ce sont deux langages bien différents. Je ne veux pas choquer pour choquer.»
Ce projet chemine depuis un bon moment déjà, et s’est révélé davantage par le biais des messages-textes envoyés par téléphone cellulaire, les «textos» comme on les appelle en France. «Il y a beaucoup de chansons où je me suis censuré. Trop ceci, trop cela... Toutes ces choses, je les ai toutes balancées en poèmes. Le «trop», je le balance par écrit.»
C’est donc par «texto» qu’il a écrit des bribes de son nouveau matériel à ses proches, avec des retours rapides et unanimes. «Envoie-moi, envoie-moi, je n’entendais que ça», rigole-t-il. «Alors j’ai tout collecté ce qui était érotico-porno et voilà. Je me demande comment les gens vont prendre cela...»
Au Québec, il connaît son public et estime que la réception pourrait y être plus facile. «Les femmes québécoises sont plus sensibles à la matière érotique», considère-t-il, s’expliquant le tout par un passé judéo-chrétien. «Ce pays a longtemps été enfermé dans des contraintes religieuses. Il y a eu explosion et ça se ressent, même en spectacle», dit-il. D’ailleurs, sur ce, il raconte une fois de plus cette anecdote qu’il trimballe depuis un bon moment dans ses bagages, concernant une admiratrice qui avait soudoyé un employé d’hôtel pour gagner sa chambre. «Au Québec, je retrouvais une femme dans mon lit alors qu’en France il fallait que je quémande lorsque j’étais célibataire...»
Or, il est un autre trait des Québécois qui le rejoint particulièrement., «Au Québec, on aime le langage direct et c’est mon langage», dit-il. Mais ici comme ailleurs, Serge Lama fait le même constat. «On est en train de perdre les mots», observe-t-il. «Chez les jeunes, on apprend de moins en moins la langue, le vocabulaire.»
Tant et si bien d’ailleurs que la perception que les gens ont de lui a changé radicalement au fil des ans, remarque-t-il. «Dans les années 1970, j’étais considéré comme un chanteur populaire et 35 ans plus tard, je suis presque devenu un chanteur littéraire, un intellectuel. C’est que le niveau de culture a baissé. Parce que Internet, parce que le langage est zappé...» Et sur ce, «je ne suis pas optimiste. C’est comme pour la déforestation», dit-il. «Mais en revanche, je crois qu’il y a tout un autre langage qui entre en scène et dans lequel on retrouvera des génies dans le domaine.»
Pour le moment, lui ne s’arrête pas. «J’écris tout le temps, à chaque jour. Je suis malade de la plume. J’écris des trucs en vers, que je perds. J’écris partout, sur des bouts de journaux, que je perds aussi.» Et au-delà de l’égarement, la complexité est doublée par sa rapidité. «J’écris vite, sur l’inspiration, et je ne peux plus me relire par la suite», sourit-il. «C’est l’avantage des textos!»
Il s’y retrouve alors tout en poésie, mais en plus de ce recueil, un autre projet le tenaille, du côté de la comédie musicale, dit-il. Et comme il nous l’avait donné en 1981 avec Napoléon, son intérêt s’est posé encore une fois sur un personnage historique. «Je la traîne depuis 10 ou 15 ans cette idée», laisse-t-il tomber, prudent quant à la concrétisation de ce projet. Car à court-terme, c’est plutôt un 32e album qui lui est réclamé.
À 43 ans de son entrée dans le monde artistique, les projets s’accumulent toujours et, pour lui, le renouvellement se fait de soir en soir, et indépendamment du matériel, dit-il. Le fait de chanter une même chanson depuis 30 ou 40 ans n’y changera rien. «Il n’y a pas de truc. Tous les soirs sont nouveaux. Tous les jours, vous êtes neufs, car dans la tête on n’est jamais le même. Tant qu’on est vivant, on change.».
06:45 Publié dans 2006, La presse des années 2000 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : serge lama
Commentaires
Bel article, il a raison, les gens ne savent plus parler correctement, c'est triste... L'idée de la comédie musicale me plait beaucoup.
Écrit par : Patou | 27.09.2006
Un personnage historique? je verrais bien un spectacle sur vistor HUGO
Écrit par : jacqueline | 03.10.2006
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