30.07.2009
Serge Lama, cuvée 1974
Article de 1974 - Auteur et journal non identifié.
Il a trente et un ans. L'âge des premiers bilans. Côté passif : de rudes épreuves assumées avec une volonté de fer. Côté actif : un vieux rêve devenu réalité, « tête d'affiche » à l'Olympia. Et ce, deux années consécutives.
Pour ce combatif au regard très doux, février, le mois de sa naissance, est décidément un mois fétiche. Déjà, en février 1964, il passait de l'anonymat le plus complet au célèbre cabaret de «L'Ecluse». Et c'est encore en février l'année dernière qu'il était promu vedette de l'Olympia. Il récidive, vous vous en doutez... en février, avec un emploi du temps chargé, puisqu'il assumera, du 5 au 17, les matinées et les soirées de l'Olympia sans même souffler le lundi, jour cependant sacro-saint de relâche.
Des chansons plein la tète et la tète bien faite, Serge Lama n'est. Dieu merci, pas victime de ses succès. C'est ainsi qu'il continuait de se produire il y a peu de temps encore au « Don Camillo » un cabaret de la rive gauche, à la grande surprise du patron, persuadé de ne jamais le revoir après la consécration du grand music-hall : « Je suis un déterminé. Je fais un choix et je m'y tiens. Dans mon travail, comme en amitié. Mes copains sont restés les mêmes : ceux que j'avais avant de chanter, ceux que je me suis fait après ». Et l'amitié pour ce solitaire occupe une place fondamentale bien qu'il consacre les trois quarts de sa vie à son métier.
Actif, déterminé, Serge Lama pourrait donner des leçons de courage s'il n'avait cette modestie des orgueilleux. Quelques jours après son terrible accident en août 1965, le médecin lui dit: «Dans la meilleure hypothèse vous marcherez avec une canne, mais vous ne pourrez pas reprendre votre métier. » La réponse de Serge a claqué comme un fouet entre les murs blancs de sa chambre d'hôpital : « Non seulement je marcherai - et sans canne – mais je reprendrai mon métier et je deviendrai une vedette ».
Quand on exerce un métier, quel qu'il soit, il vient toujours un moment où l'on s'interroge sur le bien-fondé de son choix, où l'on se pose des questions. Serge Lama le tourmenté, Serge Lama le tendre, n'y a pas échappé : « L'accident m'a fait éclater, m'a libéré. J'avais peut-être inconsciemment des doutes. Ils ont été laminés. Plus rien ne pouvait m'arriver de pire. J'étais au bord de la mort. J'ai compris qu'il me fallait prendre mes distances, que je me ramasse en quelque sorte pour mieux sauter. Vous savez, tout se fait par hasard, mais il faut être prêt au moment où il frappe à la porte. Le hasard ne sourit ni aux gens qui dorment ni aux sourds. Il faut savoir passer les caps et se tenir en main. »
On peut lui faire confiance. Toutes ses idées fixes ont abouti : « A l'école, j'avais décidé d'être toujours le premier en français. Cela m'était relativement facile puisque j'adorais ça. J'étais fasciné par les mots, les phrases. Alors je n'ai rien trouvé de mieux que de compliquer les choses pour ajouter à ma gloire, en commençant la rédaction de mes textes bien après le second de la classe... pour finir en même temps que lui, quand ce n'était pas quelques minutes avant! Il fallait voir la tète de mes petits camarades au moment du classement ».
Lucide sur lui-même, sur son métier, face aux événements qui nous concernent tous, il dit : «Je suis vigilant. J'ai simplement décidé d'épouser les événements».
06:45 Publié dans 1974, La presse des années 1970 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : serge, lama
Commentaires
MERCI pascal pour cet article que j'ai eu grand plaisir à lire.Cet article décrit bien cet homme qui est un exemple pour ceux qui on vécut une épreuve identique à la sienne.
Écrit par : jacqueline | 30.07.2006
Je pense qu' il est un exemple pour tous le monde ,pas seulement pour les gens qui ont vecu une epreuve identique a la sienne .
Écrit par : therese | 31.07.2007
serge c'est le meilleur!tout simplement!
Écrit par : virginie | 30.07.2008
Serge est un exemple à suivre pour chacun d'entre nous.
Écrit par : Teresa | 30.07.2008
Les commentaires sont fermés.