24.08.2023
24 Aout 2024: Paris Match
Pour la troisième fois une chanson de Serge lama est à l honneur dans le Match des tubes sous la plume de Florent Barraco
Adoption et séparation : Serge Lama et Vianney, leur (beau) fils, leur bataille
© Alain ROBERT/SIPA - AFP
LE MATCH DES TUBES (36 / 40) - Des hommes qui s’épanchent sur leur enfant adopté : l’un doit le quitter, l’autre commence à tisser des liens. Deux tubes très émouvants.
La paternité change un homme. Et lorsqu’il s’agit d’endosser le rôle de figure masculine auprès d’un enfant issu d’une précédente union, la responsabilité devient encore plus forte. Si les déclarations d’amour paternel sont nombreuses (la plus célèbre restant « Le petit garçon » de Serge Reggiani), les chansons consacrées aux beaux-pères sont plus rares. Donc plus précieuses. Au menu (enfant) de ce 36e duel, « L’enfant d’un autre » de Serge Lama et « Beau-papa » de Vianney.
Ce titre est adoré des fans de Lama. Niché dans l’excellent album « Je suis malade » (1973), « L’enfant d’un autre » est un bijou de mélancolie. On y entend la détresse d’un beau-père quitté par la mère du petit garçon qu’il avait appris à aimer. Comme souvent avec Lama, la subtilité des mots décuple l’émotion. « C’est elle qui est partie, mais c’est lui qui me manque, ce tout petit garçon qui n’était pas de moi », confie l’artiste. Et de lancer, pathétique : « Les enfants sont le fruit des femmes, pas des hommes. Et quel que soit celui qui fait germer la pomme, le père pour l’enfant c’est celui qui est là. » Lama s’imagine dans vingt ans, lorsque l’enfant devenu adulte ne sera plus qu’un souvenir pour lui. Que reste-t-il de l’éphémère beau-père ? « Rien ne le remplacera […] Je suis démuni comme un père qui vient de perdre son enfant. Et je suis malheureux. » Son (beau) fils sa bataille. La mélodie intimiste d’Alice Dona – guitare lancinante, presque comme une comptine – renforce la gravité du propos. L’album triomphera, dépassant le million d’exemplaires vendus, et le morceau deviendra culte.
La comptine de Vianney
En 2020, Vianney met en musique un moment décisif de sa vie : l’adoption de la fille de sa compagne, la violoncelliste Catherine Robert. Il en fait une chanson, véritable hymne à l’amour filial. « Y’a pas que les gènes qui font les familles. Des humains qui s’aiment suffisent. » Comme Lama, il choisit la forme de la comptine, une mélodie épurée et tendre. Mais son texte prend aussi des accents de manifeste pour le statut de beau-père : « Non je ne volerai jamais la place du premier qui t’a dit je t’aime. Sur ton visage on voit son visage. Et c’est ainsi que tu es belle […] J’attendais pas. J’te laisserai pas. Même sans l’même sang, on s’aimera. » La sincérité du propos et la fragilité de sa voix donnent à ce titre une authenticité qui en a fait très vite un standard de la chanson française, salué par ses pairs.
Deux chansons pour dire la place du beau-père, mais une seule emporte le cœur. Encore une fois, Serge Lama triomphe. Si la chanson de Vianney ne manque ni de tendresse ni de vérité, la plume et l’interprétation de l’un de nos plus grands poètes font de « L’enfant d’un autre » bien plus qu’une chanson : un bouleversant moment d’émotion où chacun peut se reconnaître. Il est malade, complètement malade ! Et nous aussi. Serge Lama, notre ami, notre maître.
08:00 Publié dans 2025, La presse des années 2020 | Lien permanent | Commentaires (0)
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