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08.11.2009

8 Novembre 2001:Le parisien

Un autre Serge Lama

Son album « De feuille à feuille », sorti cette semaine, est bel et bien un « nouveau » Lama. Le chanteur à la voix puissante et aux orchestrations nourries revient avec quatorze chansons tout en douceur et en retenue. Il s'explique.

 

A 58 ANS, Serge Lama n'a rien perdu de sa personnalité exubérante. S'il parle toujours aussi fort, de sa voix de stentor, sa façon de chanter, en revanche, a changé. A écouter « De feuille à feuille », son nouvel album sorti cette semaine, on peut découvrir un Lama tout en douceur, un auteur-interprète soucieux de finesse. Entretien avec un grand de la chanson française.

Pourquoi cette façon plus douce de chanter, soudain ?

Serge Lama. En fait, je chante avec plus de retenue depuis quelques années déjà, surtout depuis que j'ai fait de la comédie au théâtre et à la télévision. Lorsqu'on est au service d'un texte et face à d'autres comédiens, il faut se plier aux desiderata du metteur en scène. Je suis alors devenu davantage acteur de mes chansons et je me suis aperçu que certains de mes anciens textes ne demandaient pas d'être porté par cette violence que j'ai en moi. Avec le temps qui passe, on s'aperçoit qu'il n'y a plus de raisons d'asséner les coups que l'on assénait quand on avait 20 ou 30 ans.

Pourquoi tant d'accordéon dans les arrangements ?

Lors de ma dernière tournée, j'ai décidé de remettre à niveau toutes mes chansons importantes. Après m'être produit avec un orchestre symphonique, j'ai eu l'idée de supprimer totalement le piano de mes orchestrations habituelles. Sans piano, je me suis aperçu que ma façon de chanter changeait et que l'accordéon donnait beaucoup de couleurs et davantage d'imaginaire à mes chansons.

On sent, chez vous, un désir d'être reconnu en tant qu'auteur des textes aussi...

Si j'essaie de mettre en avant l'auteur, c'est qu'il y a quelque chose de blessé en moi. Tout le monde sait que Nougaro est auteur, que Cabrel est auteur, et moi, on ne me reconnaît pas cette qualité. Je veux faire sortir cette facette de l'ombre. En même temps, j'ai toujours fait des chansons très écrites mais c'était occulté par ma façon de chanter. Même dans « les P'tites Femmes de Pigalle », les mots sont très choisis et toutes les phrases y ont un sens.

« Tout tourne autour des relations, souvent tragiques, entre les hommes et les femmes » Jamais de lassitude ?

J'ai tellement attendu. Moi, je voulais être chanteur depuis que je suis né. Donc, lorsque j'ai commencé, j'avais déjà vingt ans d'attente. Alors, je m'en suis mis jusque-là, comme un goinfre. Pendant vingt ans, j'ai chanté 250 jours par an. C'était comme une fuite en avant, une fringale énorme.

Votre inspiration, vous la définiriez comment ?

Comme celle d'un réalisto-poétique, un peu fantaisiste. En fait, je me sers d'histoires qu'on me raconte, mais aussi de mes aventures personnelles. Et, bien évidemment, tout tourne autour des relations, souvent tragiques, entre les hommes et les femmes.

Alors que l'on célèbre actuellement la mémoire de Brassens et de Montand, comment vous situez-vous dans la chanson française ?

C'est un peu prétentieux, mais je me situe dans une certaine chanson populaire de qualité. Pour qu'on le reconnaisse vraiment, je sais qu'il faudrait que je réarrange certaines de mes chansons qui peuvent paraître désuètes aujourd'hui, mais mon public ne l'accepterait pas. Après la quarantaine, on est la jeunesse de son public. Ceux qui ont écouté « Je suis malade » à 30 ans ne veulent pas que l'on y touche. Les gens vous figent rapidement, vous savez.

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