DULAC ET LAMA
A la vue de leurs deux noms réunis sur l'affiche de Bobino on s'inquiète, on s'attendrit : lui a été à moitié écrabouillé dans un accident d'automobile, elle, à moitié dévorée par un lion mal nourri. On s'attend à des cicatrices, des béquilles, des attelles, des pansements, mais non, ils ont l'air de se porter comme un charme. C'est à peine si la pâleur de l'un, la maigreur de l'autre, peuvent rappeler, l'espace d'un frisson, ce par quoi ils sont passés.
Jacqueline Dulac se présente avant l'entracte - les dames d'abord - en costume - pantalon argenté. Elle a de jolies manières en scène ; elle va, vient, se promène, et puis s'accroche, plante fragile, au tuteur du micro. Elle a de la voix, de la tête et du cœur et n'hésite pas à emprunter certains de leurs couplets à Jean Ferrat ou Claude Delécluse. Elle estime que " lorsqu'on est heureux on devrait mourir, oublier la vie pour ne pas penser, pour ne pas aimer... " Triste programme ; il comporte peut-être quelques failles : je, le cite de mémoire.
Serge Lama paraît plus nerveux, plus crispé. Il a adopté le complet-veston et la coupe Bonaparte ; il en veut à Simone Berteaut, la demi-sœur de Piaf ; il assure que, " de train en train, de port en port ", jamais, non jamais il n'oubliera celle qu'il adore; il évoque Quarante de façon assez salace et de façon assez défaitiste les premières étreintes entre gens de sexe opposé.
Gros succès. Tous ces refrains sont garantis grand teint et susceptibles de passer sans trop rétrécir à la machine à fredonner.
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