18.01.2015
18 janvier 2017: Le huffington Post
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Le moment que j'ai partagé avec Serge Lama
Nous avons passé un bon moment à évoquer avec une commune passion Baudelaire, Apollinaire, Mallarmé, Aragon, Hugo, Proust, Sartre, Camus ... oubliant pour quelques instants notre chagrin.
D'abord on me fît dire que Serge Lama était souffrant... Aussitôt son plus beau chant (Je suis malade) se mit à pleurer en moi, d'autant que j'étais pareillement dans la douleur d'un deuil. Mais puisque le poète consentit à ouvrir sa porte à une poétesse, nos premières phrases échangées furent pour nos disparus adorés: son épouse (partie en octobre), mon père (est parti en septembre)...
Un peu nostalgique, le nouvel album de Serge Lama lui ressemble et le rassemble en autant de thèmes existentiels qu'il sait traiter avec une sensibilité touchante et vraie, autant dans l'écriture que par l'interprétation: l'amour bien sûr (Je serai là adressée sans doute à la compagne d'une vie et d'autant en plus déchirante qu'il ne savait pas alors qu'elle partirait avant lui, mais aussi Un p'tit cœur qui demande pardon tout en tendresse et délicatesse aux amoureuses d'un soir), la mémoire (Le souvenir à quoi répond en tragique diapason Le clocher d'Elseneur), la politique (Où sont Passés nos rêves sur les révoltes de jeunesse qui résonne avec la litanie des monstres de l'Histoire, "de Neron à Pinochet", dans Lettre à mon fils), et puis la blessure tenace de la pauvreté (Quand on est pauvres) qui nous rappelle par delà les ans Les Ballons rouges de ses débuts de chanteur populaire. Plus loin, après une ode à sa ville natale Bordeaux et une autre à la mythique Casablanca, le dernier titre de l'album Les Adieux des artistes surprend par son humour et son humilité.
Humilité qui surprend aussi quand le grand Serge Lama évoque avec gratitude tous ces "musiciens prestigieux" qui ont accepté de composer sur ses paroles: Adamo et Bruni, Cabrel et Bruel, Le Forestier et Lenorman, Calogero et Obispo, Esposito et Clerc, Benabar et Maé, à côté du fidèle compagnon de route Yves Gilbert. "Je n'osais pas les appeler et leur demander..." avoue-t-il sincèrement, en face à de quoi on ne peut que lui rappeler sa grandeur et la fierté qu'il devait inspirer à tous ces artistes de collaborer avec lui.
Dans cet appartement d'un beau quartier de Paris, tout près de la petite chambre d'hôtel où le petit Serge a grandi dans une famille modeste mais grâce à son père tournée vers la vie d'artiste, les murs regorgent de livres et de tableaux. Et nous passons un bon moment à évoquer avec une commune passion Baudelaire, Apollinaire, Mallarmé, Aragon, Hugo, Proust, Sartre, Camus ... oubliant pour quelques instants notre chagrin.
A la fin du conte, la petite fille qui avait reçu autrefois un disque de Serge Lama de la main de son papa, s'en va avec son recueil de chansons* dédicacé et le secret désir de continuer la conversation avec cet émouvant chanteur français que jamais elle ne pouvait imaginer rencontrer un jour...
01:50 Publié dans 2017, La presse des années 2010 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Super article, pour la chanson je serais là je pense que son épouse aurait pu écrire ce texte pour lui en l'écoutant j'ai inversé les rôles, en tout cas cet album est parfait, maintenant j'ai hâte de l'entendre à L'Olympia donc prenez bien soin de vous mr Lama car nous avons rendez-vous le 11 Février 2018 à 18h bien amicalement
Écrit par : Graham corinne | 20.01.2017
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