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16.11.2015

16 Novembre 2017: La dépèche

Interview de Serge Lama publiée dans le journal La dépèche, l'artiste étant en concert au Zenith de Toulouse

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Serge Lama au Zénith de Toulouse ce soir : «J'écris beaucoup avec les yeux ; je remarque, j'observe»

 

Serge Lama sera en concert, ce soir jeudi, au Zénith de Toulouse. Un moment attendu avec impatience par les fans tant le répertoire est magistral et l'interprète gigantesque.

Un an après la sortie de son dernier disque «Où sont passés nos rêves» (qui vient d'être réédité avec 5 titres supplémentaires et un DVD de performances en public), Serge Lama renoue avec la scène, là où il en impose toujours à bien des jeunots. et sans tout un attirail technologique. Retour sur son superbe répertoire.

Quelle est la part d'autobiographie dans vos chansons ?

L'enfance que je raconte dans «Bordeaux», c'est bien sûr la mienne (avec «ce papa d'opérette/Ce papa musique et velours»). Et l'enfance joue un rôle central dans mon répertoire. Ou plutôt les enfances successives puisqu'aujourd'hui, à 74 ans, mes 50 ans sont aussi une sorte d'enfance. Pour autant, je n'écris pas sur ma vie. J'écoute, je regarde. Des histoires me frappent et je les prends à mon propre compte, y compris dans les chansons d'amour. «Alors que l'on s'est tant aimés» venait de l'observation de couples qui ne se parlaient plus. Idem pour «Je te partage». Un copain m'avait raconté qu'il ne pouvait pas quitter une fille alors qu'il la partageait avec un autre. Son émotion était telle que cette histoire est restée en moi des années avant de ressurgir sous forme de chanson. J'écris beaucoup avec les yeux : je remarque des choses, elles s'inscrivent en moi.

L'écriture est-elle un plaisir ?

Quand on y arrive, c'est un soulagement, une jouissance. On a trouvé les mots justes et on atteint une très grande plénitude. Pour en arriver là il faut beaucoup travailler. Chanteur n'est pas un métier, c'est une discipline.

La chanson serait donc un art ?

Oui, un art populaire, qu'il s'agisse des «Feuilles mortes» ou de «Ah ! Le petit vin blanc», qui est magnifiquement écrit. Pas besoin d'avoir fait de longues études pour comprendre une chanson, même sophistiquée. Gainsbourg l'avait très bien saisi, c'était un malin. J'adore ce qu'il a fait de 1958 à «L'homme à tête de chou». Ensuite, le succès l'a fait perdre les pédales ; il est tombé dans la facilité.

Et Nougaro ?

En devenant proche de Jacques Audiberti, Nougaro a perdu la patte populaire, celle d'«Une petite fille en pleurs» ou d'«Armstrong». J'ai passé des nuits avec lui Chez Denise. Il arrivait vers une heure du matin bien beurré et il répétait : «Pourquoi n'ai-je pas le succès de Johnny Hallyday ?» Je décortiquais ses chansons pour lui expliquer. Il n'arrivait pas à comprendre. Il me disait : «Je veux bien aller dans la voie du peuple mais par la voie royale». Il a renoué avec le succès grâce à «Nougayork» qui n'est vraiment pas sa meilleure chanson.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur des chansons comme «Les p'tites femmes de Pigalle» ?

Elles correspondent à quelque chose que j'ai en moi. J'ai grandi dans l'univers d'Offenbach et de Guitry. J'aime les chansons gaies. Or, les intellectuels haïssent cela. Pour eux, une chanson gaie est forcément mauvaise. Il est vrai qu'à mon âge, j'éprouve moins de plaisir avec les chansons à boire et que mes «P'tites femmes» sont là pour offrir une respiration au public. Je leur préfère «L'Algérie» ou «Le peintre est amoureux», ces chansons crépusculaires, entre deux eaux, que l'on chuchote au lieu de les crier.

Comment vous êtes-vous préparé à cette tournée ?

Je suis au régime depuis deux ans. Je mange peu, je bois beaucoup moins. C'est pénible de vieillir mais ce genre de choses se détachent de vous naturellement. Je n'ai plus envie de me taper un litre de vin lors d'un repas. Pour garder la forme, je marche. J'ai mes bancs préférés dans le quartier !

Et votre voix, comment la travaillez-vous ?

Je la chauffe en montant sur scène et en chantant ! Mon père était fou de rage quand il me voyait me préparer avant un concert. Lui, premier prix de conservatoire à Bordeaux, faisait des vocalises toute la journée avant de chanter «La veuve joyeuse». Moi – et je n'ai rien changé à ma méthode – je me contentais de lancer quelques cris à la Johnny, des «Ah !» et des «Oh !» courts et puissants. Cela m'a toujours suffi.

A la Halle

«J'aimais énormément l'ancienne Halle aux grains, qui pouvait accueillir jusqu'à 2000 spectateurs, explique Serge Lama. Dans les années 70, c'est là, à Toulouse, que j'ai compris la première fois que j'étais une vedette. Mon disque cassait la baraque. Quand je suis rentré dans la Halle, j'ai senti un mur d'applaudissements. Je me suis dit : Cette fois-ci, tu y es ».

 

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