14.02.2011
14 Février 2013: TF1 News
La voix est plus hésitante et parfois, il bute sur des mots ou inverse des couplets. Serge Lama à l'Olympia, c'est comme Piaf ou Brel : la chanson populaire dans tous ses états et avec toutes ses lettres de noblesse, mais sans particule ni artifice superficiel. Cinquante ans de carrière et pourtant le sentiment de l'inachevé. Lorsque les soixante-dix ans sonnent au compteur, l'heure du bilan retentit parce que l'heure est déjà celle de l'horizon . Serge Lama (Chauvier de son vrai nom de bordelais) est un homme blessé au propre et au figuré : un accident de voiture dans les années 60 et puis une critique parisienne qui n'a que trop rarement reconnu son immense talent.
Sa rime est parfois dissonante et franchouillarde mais elle peut être d'une richesse subtile . Tel son texte d'hommage à Barbara est sublime, sur fond de l'air de " la chanteuse a vingt ans". Lama c'est le cœur gris comme la pierre d'une caserne et le rire tonitruant du bateleur de régiment !
C'est en réalité le même cri de désespoir car il n'y a pas de différence entre "je suis malade" et " les petites femmes de Pigalle". C'est le même désespoir assis sur le même banc.
Serge Lama est un vrai chanteur populaire qui souffre de ne pas être reconnu comme un auteur et un poète. Alors qu'il est les deux. Lama n'est ni Aznavour ni Brel. Lui qui débuta avec Barbara et George Brassens à l'Ecluse n'est pas encore entré au Panthéon patrimonial de l'inconscient français. Et pourtant ses chansons sont des tubes et des textes ciselés de mots de dentelle depuis un demi siècle.
Il n'appartient pas au passé mais à l'histoire de la Chanson française. De "Toute blanche" au " Quinze juillet à cinq heures", il y a tant de perles et de mots. "L'esclave" est un trésor et "Les glycines" sont un repère légendaire pour tant de Français. Une époque où la France semblait en accord avec elle-même et sûre encore de son destin, peu habité par la mondialisation destructrice.
C'était aussi le " temps béni de la rengaine", le temps tout simplement où les "chanteurs avaient de la voix". L'époque aussi où Serge s'habillait d'un costume blanc à pattes d'éléphant ! Une époque, pour tous., révolue.
Eric REVEL
18:45 Publié dans 2013, La presse des années 2010 | Lien permanent | Commentaires (0)
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