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04.05.2009

4 mai 2011: Rue Frontenac

Papier publié au lendemain du passage de Serge Lama sur la scène du théatre Saint Denis de Montréal

 

 Serge Lama, comme au grand théâtre

 

 Après une longue résidence de plus d’un mois au Gesù il y a cinq ans, Serge Lama renouait avec le théâtre St-Denis, mardi, pour la première montréalaise de son plus récent disque, L’âge d’horizons. Choix judicieux pour le grand Serge qui nous a déballé le spectacle le plus théâtral qui soit.

 

Il est comme ça, Lama. Avec Brel et Aznavour avant lui, il est l’un des rares chanteurs pour qui l’équation dépasse de loin l’interprétation. Lama chante, bien sûr, et ce, encore avec la puissance de sa voix grave dans les basses, quoiqu’un plus graveleuse que naguère dans le timbre. Mais surtout, il interprète, il habite et il vit ses chansons. C’est un art qui se perd.

Parfois, c’est discret. Comme pour son entrée en scène, quand il chante Star, a cappella. Effet garanti. Souvent, c’est plus marqué. La salle de bain, ludique et musette; Je t’aime, intense; ainsi que J’arrive à l’heure (Le cocotier), amorcée hors scène; ont toutes fait mouche. Et, tantôt, c’est gigantesque, comme lors de cette finale a cappella – mais sans amplification sonore – de Je suis malade, au rappel. Effet monstre.

 Arrangements somptueux

Flanqué de l’incomparable accordéoniste Sergio Tomassi et du guitariste Philippe Hervouet, Lama enrobe avec goût ses nouvelles compositions et ses classiques. Et il est un digne représentant de la chanson française pour qui sa production contemporaine est aussi solide que ses classiques. Est-ce parce que L’Age d’horizons est paru depuis 18 mois au Québec? Toujours est-il que j’avais très hâte d’entendre les «nouvelles» chansons qui étaient déjà familières à mes oreilles.

D’où qu’on parte avait une portée dramatique d’une rare intensité, Les hommes et les femmes était irrésistible avec son swing manouche, la vivifiante Grosso Modo a eu droit à une rime d’ordre politique («Pour Jack Layton, il va y avoir du boulot»), tandis que Alors que l’on s’est tant aimés était aussi touchante sur scène que sur disque.

Impossible de parler de cette performance sans mentionner la qualité du concept d’éclairage : faisceau directement braqué sur Lama pour le poème narratif Toute blanche qui précédait une jolie version D’aventures en aventures déclinée sur deux tempos; éclairages syncopés pour l’une des versions les plus mordantes entendues de Les Glycines; et spots dirigés vers le public pour la finale de Une Ile. Du bonbon.

Comme Lama le dit lui-même : «Je n’ai pas fait ce métier pour faire des disques. J’ai fait ce métier pour faire de la scène.» Cette scène, justement, lui a causé problème, mardi. Ça faisait un moment qu’on se demandait ce qui s’était passé vers le milieu du spectacle, quand il s’est mis à converser à profusion avec les spectateurs – notamment durant une interminable version du nouveau titre, Les objets hétéroclites – alors qu’il avait été plutôt discret durant la première heure.

Le trac, tout bêtement. Même après 47 ans de métier… C’est plaisant de voir que les grands ne sont pas blasés et qu’ils sont sensibles aux réactions de leur public.

Le retour de Napoléon

Ce public, il était bien content que Lama reprenne des titres de sa période Napoléon (Napoleone, Lettre à Joséphine, La crainte et les intérêts, Le Memorial), chansons qui avaient été délaissées par le principal intéressé. Mais enrobées avec les arrangements organiques de Tomassi, elles étaient aussi jolies… et bien moins tonitruantes.

Comme Lama le disait lui-même aux représentants des médias il y a quelques semaines, les séquelles de son terrible accident de jeunesse commencent à être plus présentes à l’approche des 70 berges. Sa démarche était en effet moins fluide que dans le temps, mais afficher une telle forme physique et vocale au point de s’offrir un récital non-stop de 30 chansons d’une durée de deux heures et quart à 68 ans n’est pas donné à tout le monde.

Lama avait d’ailleurs encore assez d’énergie pour boucler son tour de chant théâtral drapé d’une cape rouge – un peu comme il l’avait fait avec le rideau du Gesù il y a cinq ans – , afin d’interpréter sans instrumentation, La Vie simple et tranquille.

Deuxième service, mercredi soir, au même endroit. Et soyez à l’heure (20 heures). Il n’y a pas de première partie, et comme au théâtre, Lama commence tout juste cinq minutes après l’heure officielle affichée sur le billet.

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