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26.12.2009

26 décembre 2008 : Le Parisien

Article publié dans Le Parisien le 26 décembre 2008.

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Serge Lama vieillit bien

 

Le chanteur revient sans détours sur ses blessures dans son nouvel album, « l’Age d’horizons ». A 65 ans, il assume son âge et les difficultés du temps qui passe. Tout en savourant ses années de « bonus » : « J’adore la vie », dit-il.

 

Propos recueillis par Emmanuel Marolle

 

Serge Lama semble loin des refrains enlevés qui ont fait sa gloire dans les années 1970. Il signe un disque intime, élégant, « l’Age d’horizons ». Et s’amuse, l’air de rien, avec « les Hommes et les Femmes », portrait bien senti de deux espèces dont les contraires s’attirent. Il joue même encore les coquins dans « Socrate » ou « Objets hétéroclites » sous-titré « Tu te fais l’amour ». Comme quoi, on ne se refait pas complètement.

« L’Age d’horizons » semble être un album sur le temps.
Serge Lama. Oui, le temps qui passe et est de plus en plus précieux. J’ai 65 ans et j’ai tenu à être celui qui ose le dire. Peu de mes confrères le font, à part Johnny qui commence un peu. Je ne veux pas que les gens de mon âge aient honte de l’avouer. Personnellement, je souffre depuis toujours, avec ce grave accident de voiture que j’ai eu à l’âge de 22 ans.

On vous imagine pourtant toujours débordant d’énergie ?
Je me suis passé de mon corps toute ma vie. Il a été blessé très jeune. Je boite depuis toujours. Du coup, je vis beaucoup avec mon âme. Donc l’énergie, je l’ai toujours eue, en me foutant des coups de pied au cul. Je n’ai pas le choix. Dans ces cas-là, comme sur scène par exemple, la douleur est annihilée.

Ce disque est traversé par une mélancolie loin de vos classiques joyeux…
Mais je n’ai pas tant de chansons marrantes que cela. Il y en a en moyenne trois dans mes albums. Mais ce sont celles que les radios ont passées. Et encore, si on enlève la musique, elles ne sont pas toujours très gaies. Prenez « les P’tites Femmes de Pigalle », le texte n’est pas très drôle.

Et vous, vous êtes d’une nature triste ou joyeuse ?
J’ai une délectation morose. Je ne suis pas malheureux, mais je me régale dans mon gris. L’énergie est un peu une façade. Je peux avoir passé une journée compliquée où je ne vais pas bien. Puis, je vais rejoindre des amis dans un restaurant et, en un quart de seconde, je suis un autre. Ma femme Michelle me dit souvent : « Là, tu as ta tête d’artiste. »

Dans « D’où qu’on parte », vous écrivez : « Au finish, on ne monte qu’en bas. » Vous y pensez ?
Cela ne me fait pas peur. Je suis déjà mort à 22 ans. Après mon accident, j’étais cliniquement mort. J’adore la vie, mais je suis un survivant. Depuis cette date, c’est du bonus.

Cet album vous renvoie à cet événement ?
Oui, j’imagine. Tout est lié, c’est certain. Dans cet accident, j’ai perdu quelqu’un que j’aimais. C’est la première fois que j’aimais. Et tout d’un coup j’étais foudroyé, dans le moment le plus fort. Cela a donné le ton de ce que je suis, de ce que je pense et de mes chansons aussi. Cette femme qui a disparu revient inconsciemment. Parfois, quand je réécoute des choses comme « Claudia », « Toute blanche » ou « D’aventures en aventures », je me dis, là, il y a Liliane.

C’est quoi « l’Age d’horizons » pour vous ?
La liberté. Je n’ai pas à prouver autant qu’avant. Quand j’étais jeune, mon impresario ne voulait pas que j’enregistre des titres trop noirs à 25 ans. Il me disait : « Les gens vont partir »…

Serge Lama, « l'Age d'horizons » *** 1 CD Warner, 22 €.
En concert dans toute la France à partir du 1 e r mars 2009 et les 16 et 17 décembre 2009 à Paris au palais des Congrès.


NOTRE COTE : **** chef-d’oeuvre, *** excellent, ** bon, * moyen, •sans intérêt

 

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