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01.01.2009

Yves Gilbert

Les compositeurs ne se comptent plus, de plus en plus interprètes d’ailleurs, les bons compositeurs sont rares, et tout particulièrement ceux qu’on pourrait appeler les « mélodistes », parce que leurs thèmes se retiennent, se fredonnent, se reprennent. Depuis toujours, on n’en trouve guère qu’une poignée par décennie, au point qu’on pourrait parfois les compter sur les doigts de la main de Django (qui n’en avait que trois, doigts !), même si leurs refrains traversent allègrement le temps et se déclinent finalement sur trois notes ou trois mots, longtemps, longtemps, longtemps après que le poète (air connu)… Il y a eu ainsi les années Scotto, Monnot, Giraud puis, plus récemment, les Papadiamandis, Bourtayre, Bourgeois, Vincent, Revaux, Renard, souvent liés à un interprète ou auteur-interprète avec lequel ils ont cheminé : Sardou, Mitchell, Delpech… Car le secret, c’est bien sûr la rencontre, le syndrome Souchon-Voulzy en quelque sorte. Dans le cas qui nous occupe, Souchon s’appelle Serge Lama et Voulzy Yves Gilbert, si l’on peut dire, et leurs chansons font définitivement partie de nous, chantent en nous sans qu’on y pense, sans même qu’on le sache parfois…. Impossible de raconter l’un sans évoquer l’autre, puisque les raconter, c’est retracer un destin croisé, un auteur-compositeur-interprète à eux deux. Né le jour de la Sainte Cécile, patronne des musiciens, Yves Gilbert fera tout naturellement du piano à 8 ans, mais se retrouvera vite en pension, donc mal. Si la carrière de Serge sera, de son côté, contrariée par sa mère, celle d’Yves sera, elle, freinée par son père, homme de chiffres (il est alors directeur du Casino de Deauville puis président du syndicat des casinos) qui ne veut pas d’un artiste dans la famille : au lieu du conservatoire, il apprend donc en autodidacte, en écoutant Trenet, Piaf, Sablon à la radio, et part à 15/16 ans apprendre l’anglais chez l’habitant pendant l’été. Là, il découvre un Steinway abandonné, et se met à composer une mélodie qu’il montre dès son retour au chef d’orchestre du Casino de son père. Il commence alors à faire des chansons avec une copine de lycée, tout en « apprenant son métier à la radio ». Autant en effet le solfège, les classiques l’ennuient, autant la chanson française le nourrit, l’inspire : « Depuis toujours, tout petit, j’ai eu des musiques, des mélodies qui me trottent dans la tête ». Mais son père veille au grain, et le pousse alors vers l’architecture : beaux arts, école boulevard Raspail, etc. pendant 5 ans. Car, dans sa tête, son choix est fait : il fera « musique », composant en parallèle. Et en 1961, il signe chez Philips en tant qu’« ACI » ! On parle même de nouveau Trenet, car ses chansons sont drôles. Mais, en 1962, il est appelé sous les drapeaux et échappe de justesse à l’Algérie en devenant… chef trompette à l’armée ! C’est l’époque où, l’âge des chanteurs ayant sérieusement diminué, le service militaire fait soudain des ravages dans les hit-parades. Recevant sa feuille de route pour les fameux 27 mois (finalement 18), il doit donc renoncer à son premier disque ! De retour, il épouse une jeune danseuse, Patricia Porrasse, fille de Jean Porrasse, directeur artistique chez Pathé, et future…Guesh Patti ! Bien qu’elle ne veuille pas chanter, le duo (« Yves et Patricia ») enregistrera quatre 45 tours, sous la houlette de Jacques Plait, futur directeur artistique de Joe Dassin, sur des textes de Charles Level, Ralph Bernet, Pierre Saka, puis Kernoa et Pierre Grosz, tous débutants. Et en juin 1965, c’est la rencontre d’une vie, avec Serge Lama. Né à Bordeaux, Serge a entamé depuis quelques années le circuit des cabarets parisiens, passant notamment à l’École Buissonnière, puis à l’Écluse, aux côtés de Barbara, qu’il retrouve à Bobino en première partie de Brassens, enfin à la Tête de l’Art et la Villa d’Este, et gagnant les fameux Relais de la Chanson Française. La chanteuse Renée Lebas, qui l’a remarqué, produira ses sept premiers 45 tours, d’abord sur des musiques de Jackie Bayard, puis Emil Stern. C’est par l’intermédiaire de Régine, que le père d’Yves Gilbert avait engagée à Deauville comme hôtesse, que ce dernier rencontre donc « le » chanteur de sa vie. Au jeune Yves venu lui présenter ses compositions, elle présente en réponse Serge, recommandé par son amie Renée Lebas. Mais entre le jeune homme du peuple et le fils de famille, devenu depuis directeur artistique du Casino, le courant ne passe pas la première fois. C’est seulement un peu plus tard, après l’accident de Serge en août 1965, qu’ils se rencontreront vraiment dans l’appartement de « l’ami, du maître », Marcel Gobineau. C’est là, boulevard de la Tour-Maubourg, que seront écrites « sur le tas » toutes les premières grandes chansons du tandem : en juin 1966 sort le troisième 45 tours du chanteur, avec, pour la première fois, deux musiques du jeune Yves : « Sans toi » et « Madame Poupon ». Une équipe est née. Ce n’est qu’un début. Ainsi un texte, « Les ballons rouges », prévu pour une chanteuse en vue d’un concours, deviendra-t-il un titre de Zizi Jeanmaire, puis le succès que l’on sait, sur un nouveau 45 tours. L’album sortira chez Pathé Marconi en juin 1967, avec notamment « Les roses de Saint-Germain », « Dans les usines », et sera suivi d’un Olympia avec Nana Mouskouri. L’année suivante, il passe chez Philips et signe avec Yves des chansons pour Nana, Zizi, Juliette Gréco, Francis Lemarque, Isabelle Aubret, Corinne Marchand, ou Marie Laforêt (cf. le superbe « Qu’y at-il de changé ? »), Yves collaborant aussi avec Georges Chelon (« De dire en dire »).  

 

Commentaires

merci de remettre à nouveau à l'honneur Yves GILBERT.
Espérons vraiment qu'il va composer la majorité des chansons du prochain album.
Aujourd'hui ( je hais l'expression au jour d'aujourd'hui), il n'a TOUJOURS pas été contacté par Serge pour de futures mélodies.....il me l'a écrit....
ALORS SERGE ???? tu fais quoi là ???

Écrit par : isabelle | 07.02.2006

Eh ben, quelle tranche de vie!!! On peut dire qu'il a donné de sa personne pour réussir! Je trouve ça vraiment nécesaire de montrer aux nouveaux jeunes chanteurs que la réussite ne vient pas en un jour mais qu'il faut bosser, bosser et encore bosser!!!
Je ne connaissais pas Yves Gilbert mais grâce à l'interview d'Isabelle et à tes docs Henrierre, le mal est réparé!!!

Écrit par : Zou | 07.02.2006

Les commentaires sont fermés.