04.07.2009
4 juillet 1965 : TOP n°346
Le 4 juillet 1965, soit moins de 16 mois après le début de carrière de Serge Lama, et un mois avant son terrible accident, le journal TOP consacrait un article sur Serge Lama.
La chanson ? Dans mon cas particulier, c'est une manie héréditaire ! Mon père était chanteur. Je suis né à Bordeaux dans un univers de si bémol, de livrets d'opérette et de contre-ut...
11 février 1964, date mémorable : mes débuts à «l'Ecluse», petit cabaret de la place Saint-Michel, qui coïncidèrent avec mon anniversaire : j'ai vingt et un ans.
Depuis j'ai enregistré deux disques : « Tes quinze ans » et « Fais ta valise » ont plu au public. Mais ma préférence va au « Fou du roi ».
Je suis allé jusqu'au bac. Ensuite, mon modeste coup de crayon m'entraîna dans une école de dessin publicitaire. Et, j'ai fait mon service militaire tout en écrivant des poèmes et des chansons. J'en ai cent cinquante dans mes tiroirs... que je sortirai plus tard.
J'ai le sentiment profond de n'avoir pas changé depuis l'âge de treize ans. A cette époque il y a eu comme un déclic dû à je ne sais trop quoi, car mon enfance a été sans histoire. Ni les pays, ni la peinture, ni la musique ne m'étonnent. Je me sens imperméable à tout ce que j'ai déjà créé dans mon imagination. J'ai l'impression de ne rien ressentir.
J'ai composé plusieurs mélodies bien que je ne sois pas musi cien. Je suis surtout parolier.
Dans le tour de chant, la compétition me passionne. Régner dix minutes sur une foule, sortir de là vainqueur, imposer sa présence m'exaltent à un très haut point. D'ailleurs, d'une façon générale, j'aime les vainqueurs, les hommes qui ont du courage, de l'esprit de décision, qui réalisent ce qu'ils ont décidé de réussir. Je déteste les mauviettes.
Mon plus mauvais souvenir d'enfance est lié aux vacances. J'habite Paris depuis l'âge de huit ans et mes parents m'envoyaient régulièrement à la campagne. Or, je détestais la campagne. Pour moi, le cauchemar commençait avec les grandes vacances et, chaque fois, je comptais les jours qui me ramèneraient vers la ville. Je m'ennuyais désespérément et pour chasser l'ennui, j'écrivais. C'est resté. J'écris par représailles.
N'allez pas conclure que j'ai beaucoup écrit parce que je me suis beaucoup ennuyé ! Non. Je suis un solitaire mais j'aime les villes, le quartier latin parce que c'est un quartier qui bouge. Chaque fois que je descends le boulevard Saint-Michel, j'ai la sensation de suivre un estuaire qui va déboucher sur un port. Ostende, le plus beau que je connaisse. Les ports, c'est la route ouverte à l'évasion. J'aime mes amis. J'en ai très peu mais je leur consacre beaucoup de temps. Nous dégustons ensemble des gratinées de ma confection. La gratinée, c'est ma spécialité.
Et puis, j'aime le théâtre. Et c'est là mon grand rêve, écrire pour le théâtre.
Si un jour je gagne beaucoup d'argent, je ne sais pas trop ce que j'en ferai car je n'ai aucun besoin personnel en dehors d'un appartement. Peut-être achèterai-je une librairie pour un de mes amis qui rêve d'être libraire ou quelque chose dans ce genre. Oui, rien n'est trop grand pour un ami.
Discographie : « Le Fou du roi », « Tes quinze ans » (Bel air). « Ils viendront », « Clara »,
« Fais ta valise », « le Jugement dernier » (Pathé EGF 819).
06:30 Publié dans 1965, La presse des années 1960 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : serge lama
Commentaires
J'ai toujours du plaisir à relire ces vieux articles : tout est dit dans cet interview, il savait déjà tout, tout ce qu'il allait faire, jusque dans ses projets personnels .. cette lucidité m'impressionne toujours autant !
Écrit par : nicole | 05.07.2009
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