L'Olympia fêtait mardi soir ses vingt ans de music-hall sous la direction de Bruno Coquatrix. Rien ne laissait prévoir cette longévité en 1954 quand cet auteur-compositeur prenait possession d'une salle qui depuis 1929 était devenue un cinéma. Prompt à saisir ce qui sera demain dans l'air, jouant à l'occasion le rôle de moteur, pratiquant une politique de têtes d'affiche mais en suivant à la trace les jeunes, celui-ci a su mener à bien le vaisseau du boulevard des Capucines.
L'Olympia de Bruno Coquatrix a son épopée qui commence dès son ouverture avec la découverte de Bécaud, se poursuit avec le brusque triomphe populaire de Bechet, avec Piaf, Aznavour, Brel, Hallyday, la violence gratuite du rock qu'on appelait alors en France le " yé-yé " et la remise à la mode de la rengaine demi-séculaire.
Ce directeur le sait mieux que personne, un chanteur " dure " six ou sept ans et disparaît d'un seul coup ou alors c'est vingt-cinq ans d'affilée. Nouvelle tête d'affiche de l'Olympia, Serge Lama fête les premières dix années d'une carrière où chaque étape a été franchie lentement, imperturbablement. Lama appartient à cette race d'auteurs-interprètes qui aiment chanter pour chanter, qui y prennent un plaisir fou, une véritable jouissance. Tout est prétexte à chanter, à faite une chanson, simplement dix notes soudain rassemblées. Il n'évite ainsi ni les facilités ni les clichés. Mais il y a le tempérament, le punch, il y a l'évidente affirmation d'un talent.