19.11.2023
19 novembre 2025 : AFP
Serge Lama répond aux questions de Jean-François Guillot de l'AFP avant la sortie de l'album Poètes
«Il a fallu me couper le cœur pour les choisir»
Le chanteur français Serge Lama a fait ses adieux à la scène en 2023, mais il reste actif: l'interprète de «Je suis malade» et autres tubes de la chanson française revient vendredi avec un album récitatif où il convie ses poètes préférés, de Victor Hugo à Arthur Rimbaud.
Avec «Femme, femme, femme», «D'aventures en aventures» et d'autres succès, le chanteur de 82 ans a traversé les décennies mais ne s'était jamais frotté à la poésie. Son nouvel opus, «Poètes», renferme une sélection personnelle des plumes qu'il affectionne depuis longtemps.
Comment est né cet album de poésies ?
«Je nourrissais depuis longtemps l'idée d'un album récitatif autour de la poésie. A chaque fois, le temps me manquait. Tout au long d'une carrière, on rêve à des choses différentes. Cela en faisait partie au plus haut point. Le résultat est un genre d'objet culturel non identifié, une sorte de raz-de-marée de poésie qui parle et qui apaise l'âme. A notre époque, c'est important. Ce sera l'occasion pour le public de retrouver sous une forme nouvelle les poésies que l'on a aimées à l'école.»
Comment avez-vous sélectionné poètes et poésies ?
«Il a fallu me couper le cœur pour les choisir, les arrimer les uns aux autres. Ça a été vraiment un travail très long avec des auteurs et des textes séparés parfois de plusieurs siècles, de François Villon à Victor Hugo, Mallarmé, Rimbaud ou Verlaine. J'ai procédé comme un vitrail pour récréer un nouvel ensemble, une mosaïque inédite confrontant ces poésies sublimées par les magnifiques musiques et arrangements d'Augustin Charnet.»
Que représente la poésie pour vous ?
«Je dois tout à la poésie. Elle m'a sauvé de tout...C'est elle qui m'a incité à devenir auteur de chansons et donc de devenir chanteur dans les pas de mon père chanteur. La poésie m'a forgé et fut le vêtement de toutes mes saisons. C'est la poésie qui m'a donné le goût d'écrire, le goût des mots et de les faire sonner les uns avec les autres. Pour moi, François Villon (1431-1463) est le premier grand poète de tous les temps.»
Il y a deux ans, vous avez fait vos adieux à la scène. Est-ce irrévocable ?
«A 82 ans, je suis un être devenu raisonnable. Physiquement, je ne peux plus chanter debout. Je suis tombé déjà deux ou trois fois sur scène... La voix, ça va, mais le corps ne peut plus. Je ne peux plus arquer comme on disait autrefois. C'est difficile, même dans le quotidien. Je me déplace, mais c'est très, très précautionneux. Je fais très attention... Je suis un jeune vieil homme, mais mon corps ne me suit pas, notamment toujours des suites de mon accident de voiture en 1965.»
Continuez-vous d'écrire ?
«J'ai toujours le bonheur d'écrire. J'entretiens ma plume. J'écris des chansons pour les autres, notamment Julien Clerc avec le titre +En serais-je moins fou de toi+ pour son dernier album en date. J'écris aussi pour la jeune génération.»
Quel regard portez-vous d'ailleurs sur le métier aujourd'hui ?
«Les choses sont devenues plus difficiles, même pour des artistes déjà un peu installés. Ce n'est plus ce que c'était. Les foules se déplacent moins, globalement. Pour les débutants, il n'y a plus de premières parties. Comment se former? J'ai eu la chance de me former dans les tournées d'Alain Barrière ou Enrico Macias. Ça aide.»
17:18 Publié dans 2025, La presse des années 2020 | Lien permanent | Commentaires (0)




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