Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10.05.2009

10 mai 2002 : Canoe Tempo

canoe.jpg

Serge Lama en entrevue

Canoë Tempo : Après sept ans d'absence, votre dernier disque remonte à 1994, vous avez décidez de retourner en studio pour enregistrer Feuille à feuille. Pourquoi avoir attendu si longtemps?

1.jpg

Serge Lama : Vous savez, j'avais attendu encore plus longtemps avant. Je suis revenu à la chanson en 1995, ayant fait entre-temps Napoléon, deux pièces de théâtre et un téléfilm. Ceci m'a éloigné des scènes pour chanteurs pendant près de neuf ans. Ceci dit, j'ai passé mon temps entre 1995 et décembre 2000 à reprendre les routes et à revaloriser tout mon ancien catalogue, à remettre en forme tout mon patrimoine de chansons connues. Il fallait réhabituer le public à des arrangements différents. Alors j'ai bossé comme ça pendant 5 ans avec une version symphonique pour ensuite repartir avec une formule minimaliste. Là, j'ai trouvé une formule très intéressante, qui redonne une certaine couleur à mes chansons. L'absence de piano a changé ma façon de chanter. Tout à coup, accordéon, guitare et percussions ont vraiment changé mon espace musical. On a décidé quand on a fait ce disque-là de prendre cette direction, plus rythmique, différente. Il y a un mélange sur ce disque entre le chanteur, le musicien et l'auteur. Je crois que dans cette album, on voit ces dimensions-là.

Canoë Tempo : C'est votre trentième disque en carrière, que vous a-t-il apporté de plus?

Serge Lama : Il m'a apporté un vrai renouveau que je cherche depuis un moment, que j'avais déjà un peu esquissé d'une façon qui n'était pas la bonne dans le dernier. Il faut arriver à ce que l'on fasse quelque chose qui nous plaît et qui soit susceptible de plaire à un public qui vous a déjà défini d'une façon très précise. Il faut concilier les deux parties. Je crois que c'est ce que ce disque a réussi à faire. En France, c'est mon album le plus médiatisé depuis longtemps. Ici, les journaux n'ont publié que des critiques dithyrambiques.

1.jpg

Canoë Tempo : De nouveaux collaborateurs viennent se greffer à votre équipe sur ce nouvel opus…

Serge Lama : En fait, l'arrivée de nouveaux collaborateurs a donné un autre ton au disque. Yves Gilbert est de retour sur cinq titres mais il y a également Sylvain Michel qui en signe deux, Nicolas Montazaud et Christophe Leporatti. Bref, neuf chansons viennent de nouveaux musiciens. Le mot renouveau est souvent utilisé en France.

Canoë Tempo : Beaucoup de vos chansons traitent de la nostalgie. Votre dernier album n'y échappe pas d'ailleurs…

Serge Lama : Je suis né avec la nostalgie. Victor Hugo disait La mélancolie c'est le bonheur d'être triste.

Canoë Tempo : Il y a une chanson sur votre album qui va rejoindre beaucoup les gens du Québec. Pourquoi avoir écrit Les Québécoises?

Serge Lama : Je ne sais pas si ça va rejoindre beaucoup de Québécois, mais j'espère toucher les Québécoises. Il y avait longtemps que j'avais envie d'écrire une chanson sur le Québec où j'ai beaucoup chanté quand même. Je dois beaucoup au Québec, je lui doit d'avoir été vraiment reconnu avant d'être connu en France. Le Québec m'a adopté bien avant la France. Ça fait longtemps que j'avais des textes à ce propos. J'ai trouvé que celui-là était très signifiant de ce que j'ai ressenti après les longs cinq mois d'hiver plus ou moins rigoureux que vous avez. Tout à coup, j'ai remarqué que les hommes et les femmes dans la rue étaient difficilement différentiables tellement que tout le monde est habillé chaudement. Mais une fois les premiers rayons de soleil arrivés, les Québécoises passent carrément des gros manteaux avec presque rien sur le corps. C'est ce que je voulais exprimer avec cette chanson.

Canoë Tempo : C'est également une collaboration avec un compositeur québécois, Sylvain Michel…

Serge Lama : On a tout fait par téléphone et par télécopieur. Je lui ai expliqué ce que je voulais et il a immédiatement été emballé. C'était un travail par correspondance.

Canoë Tempo : Une nouvelle méthode de travail?

Serge Lama : Je l'ai fait pendant tellement longtemps. Dans les années 70, je travaillais 250 jours par an pendant 10 ans! On travaillait en grande partie grâce à la poste. La chanson Algérie a été composée de cette façon.

Canoë Tempo : Est-ce que le disque compact a changé votre façon de travailler?

Serge Lama : Honnêtement, c'est pareil. On regrette le vinyle parce que d'abord on regrette toujours ce qui était avant, c'est la nature humaine. Un album 33 tours donnait cependant l'impression de posséder quelque chose.

Canoë Tempo: Vous avez privilégié la scène pendant plusieurs années, est-ce parce que vous ne pouvez vivre sans elle?

Serge Lama : C'est une nécessité, un besoin et c'est vrai que tant que je pourrais physiquement monter sur une scène, je le ferai. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu faire ce métier. Le seul sport que je fais, c'est la scène. Je reviendrais au Québec l'été prochain pour les FrancoFolies et peut-être même à l'automne prochain pour y donner des concerts à Montréal et Québec.

Canoë Tempo : Qu'est-ce que vous aimeriez souhaiter à votre public pour l'année 2002?

Serge Lama : Cette année c'est facile, ça ne peut pas aller plus mal que ça ne va. J'ai beaucoup d'amis qui sont dans la merde, l'économie roule mal. La dernière année a ébranlé beaucoup de certitude. L'Homme est la grande menace à lui-même. Le capitalisme est le pire des régimes à l'exception de tous les autres. Bref, on doit espérer que tout remonte.

1.jpg

Écrire un commentaire