25.07.2009
25 juillet 2002: La dépèche
Lama, prêtre païen d'une ardente chapelle
FESTIVAL DE CARCASSONNE - VARIETES : Religieux recueillement pour un concert intime
Comme on entre dans une église on est entrés dans Serge Lama. Sans frapper ni plus de tapage. Presque recueillis et la certitude en bandoulière, à la seule vision de la scène, que cette soirée serait une messe. Un accordéon, une contrebasse, une guitare et une batterie, disposés en arc de cercle autour de l'autel sur lequel il trônera bientôt, Lama. Les lumières en vitraux aux reflets doux et chauds, et le vent qui s’engouffre, virulent, dans la nef, tout y est.
Serge Lama commence son homélie dans l'ombre et la lumière de vitraux aux reflets doux et chauds d'une chapelle de campagne, d'une église à flanc de butte Montmartre. Un petit truc à l'opposé des grandes cathédrales et des offices en grande pompe. Lui n'est pas archevêque. S'il monte en chaire ce n'est pas pour pontifier, juste pour jeter un regard attendri sur les tourments humains, pour excuser les fautes, pardonner les offenses faites aux femmes.
Mais Serge Lama ne peut se résoudre à n'être qu'un prêtre ordinaire. Sous la soutane noire de l'assagi capable de compassion pour les âmes égarées s'agite le curé de terrain, averti des plaisirs, qui sait qu'on a le droit de contempler le menu même quand on observe un régime. Que le vin de messe reste du vin.
DE LA CHAIRE A LA CHAIR
Et le Lama intime et mélanco se mue en Lama vibrion. De la chapelle de Montmartre descend en toute hâte à la crypte de Pigalle. De la chaire à la chair en un coup de goupillon.
Les fidèles y trouvent leur compte. Enfants de choeurs occasionnels, religieusement concentrés, pieux, attentifs, ils entonnent les chants réarrangés, un rien surpris. Non qu'on ait réécrit les textes sacrés, non... Seulement que le Père Serge en donne une nouvelle lecture.
A la moindre occasion, sur l'ordre du prêtre, éteignant leurs cierges de confirmés, répondent réjouis et béats à cette invitation qu'il lance maintenant à la communion païenne et paillarde.
Lama ne sermonne pas, il sait que pécher est le lot de tous. Alors il donne de la voix, harangue ses ouailles et son petit orchestre se met au diapason. Après l'intimité offerte en prière, le temps de la célébration joyeuse de la vie qui monte en sève dans les cœurs et les veines est venue. Après le corps du triste enveloppé d'un suaire de fatalité, l'esprit sain de la joie souffle dans les travées.
L'office prend du volume avant que Lama ne se confesse. Dévoile une nouvelle fois l'humanité de l'homme. La messe est digne, la messe est dite.
J.-L. D.-C.
18:56 Publié dans 2002, La presse des années 2000 | Lien permanent | Commentaires (0)
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