15.03.2009
15 Mars 2011: L'avenir.net
Le 11 Mars 2011 Serge lama se produisait à tournais. Compte rendu du concert
Serge Lama : «J'arrive à l'heure"
«Voilà ce que c'est d'être une star»,
dit le chanteur en entrant en scène, sous les applaudissements fervents. Murmuré comme une confidence, le texte s'offre en complicité avec ceux qui donneraient des nuits pour que les lueurs existent. Serge Lama est de ceux-là : avec lui, L'Âge d'horizons s'impose comme un manifeste, un testament provisoire.
Les ailes noiresSobrement impérial, l'homme demeure un pilier de la chanson française. Auteur et compositeur, il ne cesse d'émouvoir et de surprendre. «Souvenirs, attention danger !» Des chansons récentes témoignent d'une attention à l'itinéraire qui traverse les grands paysages de tout le monde. La vie, l'amour, la mort, et leurs ombres, leurs phares. «J'arrive à l'heure où le soleil jette son gant.» Entre une page dédiée à un ami très cher et une fantaisie rimée, c'est la passion qui se décline en toutes lettres. Qu'il célèbre sa Marie polonaise ou rappelle de lointaines conquêtes, Serge Lama ne cesse de tarauder le coeur des femmes. Elles le lui rendent bien, en reprenant ses refrains d'antan avec la docilité des armées. «Je t'aime à la folie, la vie...» Dans un halo géomètre ou sous des faisceaux croisés, l'artiste glisse d'une atmosphère feutrée à une romance en couleurs. Les éclairages n'ont rien de tapageur : ils inventent des instants portés par l'accordéoniste Sergio Tomassi et, à toutes les guitares, un certain Philippe Hervouët. Sans doute est-ce avec «Les glycines» que l'on saisit le meilleur d'un renouveau, quand le pathétique puise aux ressources du rock.
Cette force, on la cueille également au coeur du dernier album, des désenchantements de Grosso Modo aux surprises des Objets hétéroclites. Avec aisance, le trio tutoie la mélancolie et la fièvre, l'engagement ou le désamour. «Souvenez-vous à Nanterre/j'étais presque un oiseau/et voyez mon plumage/a séché sur mes os.» Rimbaud et Verlaine n'en croiraient pas leur échappée duelle.
Il affiche un envol français au long cours, avec des ailes napoléoniennes, une gestuelle toujours conquérante. Si bien que le clin d'oeil au Belge Brel, qu'il tente en clôturant le concert, ne passe pas vraiment. On le lui pardonne volontiers, en se demandant quelle tête de pipe il choisira lors de sa tournée proche au Québec. Et s'il a omis de préciser que «Le gibier manque», c'est pour mieux souligner de ses mots un horizon qui file, droit devant. «Je ne pourrai jamais être de ceux qui restent...»
21:24 Publié dans 2011, La presse des années 2010 | Lien permanent | Commentaires (0)
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